Ozempic et Cie: tout savoir sur les médicaments de perte de poids
Ozempic, Wegovy, Mounjaro… Les molécules de ces médicaments ont été initialement créées pour traiter le diabète, mais elles ont aussi un effet amaigrissant. Ces produits sont-ils réellement efficaces pour la perte de poids, et sont-ils accessibles au Québec ?
Les médicaments utilisés pour favoriser la perte de poids ne sont pas nouveaux. Pourtant, l’arrivée de l’Ozempic en 2018 a tout chamboulé. Celui-ci a connu une grande vague de popularité sur les réseaux sociaux en raison de sa capacité à faire perdre du poids rapidement. Si bien qu’une importante pénurie est survenue en 2023.
Composé de la même molécule, mais encore plus efficace, le Wegovy est en vente sur les tablettes des pharmacies du Québec depuis le début du mois de mai 2024. D’autres médicaments arriveront sous peu sur le marché.
Verdict santé s’est tourné vers trois experts pour répondre à vos questions sur ces médicaments.
Comment fonctionne l’Ozempic ?
Approuvé par Santé Canada en 2018, l’Ozempic est un médicament de la compagnie pharmaceutique danoise Novo Nordisk utilisé dans le traitement du diabète de type 2. Il est composé de sémaglutide, un agoniste du récepteur du peptide analogue au glucagon-1 (GLP-1). « Le médicament mime l’action d’une hormone intestinale qui permet au pancréas de sécréter sa propre insuline au bon moment », explique le Dr Rémi Rabasa-Lhoret, endocrinologue et directeur de l’Unité de recherche en maladies métaboliques à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM).
En plus d’améliorer le contrôle de la glycémie, l’Ozempic réduit la sensation de faim et augmente celle de satiété. « On a donc faim moins souvent, et lorsqu’on mange, on est rassasié plus rapidement », résume le médecin. Résultat ? Une perte de poids qui peut être assez importante.
Novo Nordisk a créé une autre version de son médicament dotée d’une dose plus élevée de sémaglutide conçue spécifiquement pour favoriser la perte de poids : le Wegovy. « Grâce à cette nouvelle dose, la perte de poids est encore plus grande qu’avec l’Ozempic, partage le Dr Rabasa-Lhoret. C’est très rare qu’une compagnie pharmaceutique donne deux noms différents à un médicament ayant la même molécule et la même méthode d’administration. Elle l’a fait pour différencier clairement celui destiné à traiter le diabète de celui pour la perte de poids. »
Santé Canada a homologué le Wegovy en 2021. Toutefois, il n’est offert dans les pharmacies québécoises que depuis mai 2024 en raison de retards d’approvisionnement, précise le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), Jean-François Desgagné.
Les deux médicaments se présentent sous la forme d’un stylo injectable, et les patients doivent se l’administrer eux-mêmes une fois par semaine.
Qu’en est-il des médicaments oraux ?
Novo Nordisk a aussi créé un comprimé de sémaglutide (sous le nom de Rybelsus plutôt que sous celui d’Ozempic) à prendre une fois par jour. Au Canada, il est seulement indiqué dans le traitement du diabète de type 2. « La dose utilisée pour le diabète a un effet minime sur le poids. Celle pour la perte de poids est plus élevée, mais elle n’est pas encore disponible », précise la Dre Marie-Philippe Morin, spécialiste en médecine interne et bariatrique, et chercheuse à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec – Université Laval.
Le sémaglutide est-il efficace ?
Son efficacité est bien documentée. La perte de poids associée au Wegovy est en moyenne de 15 % de la masse totale après 68 semaines d’utilisation. Ainsi, une personne de 100 kg perdrait en moyenne 15 kg en moins d’une année et demie. Le Dr Rabasa-Lhoret ajoute qu’avec l’Ozempic, cette perte se situe autour de 6 % en un peu plus d’un an chez les patients atteints de diabète de type 2.
La perte pondérale n’est pas le seul avantage de ces médicaments. Ils réduisent également de 20 % le risque d’accident vasculaire cérébral, de crise cardiaque ou de décès dû à une maladie cardiovasculaire dans une population en surpoids non atteinte du diabète de type 2. Des études ont aussi établi que la perte de poids causée par la molécule permet d’avoir un effet bénéfique sur d’autres problèmes de santé comme l’insuffisance rénale et l’apnée du sommeil.
À qui sont destinés ces médicaments ?
L’Ozempic et sa forme orale, le Rybelsus, sont indiqués pour traiter le diabète de type 2.
Le Wegovy est approuvé au Canada pour traiter les patients ayant un indice de masse corporelle (IMC) de plus de 27 et des comorbidités associées à l’obésité, comme l’hypertension, la dyslipidémie ou l’apnée obstructive du sommeil, et ceux ayant un IMC de 30, mais ne présentant pas de comorbidités. Il doit aussi être prescrit en complémentarité avec un régime hypocalorique et une activité physique accrue.
« Ces médicaments ont été étudiés dans ces cas précis. Ils ne devraient pas être utilisés simplement pour perdre un peu de poids avant des vacances à la plage sans suivi médical et sans changement des habitudes de vie », prévient la Dre Morin.
Les chercheurs mettent cependant en garde contre l’utilisation de ces produits chez les enfants et les adolescents, en raison des éventuels effets sur la croissance et le développement. De plus, des personnes qui souffrent d’un trouble alimentaire peuvent utiliser ces médicaments pour se couper l’appétit, compenser des crises de boulimie ou gérer la peur de prendre du poids. Les professionnels de la santé insistent sur l’importance de suivre les indications de prescription.
Ces médicaments sont-ils remboursés par la RAMQ ?
La Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) rembourse le sémaglutide uniquement pour traiter le diabète. En effet, le gouvernement exclut certains médicaments de la couverture publique, comme ceux pour traiter l’obésité, la perte de cheveux et le dysfonctionnement érectile. Et il ne semble pas vouloir changer de position, selon les Drs Rabasa-Lhoret et Morin, qui militent pour l’obtention d’une meilleure couverture des médicaments contre l’obésité.
Comment se procurer les médicaments de perte de poids ?
Vous devez obtenir une prescription d’un médecin qui juge que ces médicaments sont indiqués pour vous. Certains assureurs privés remboursent les traitements de l’obésité, mais ils sont peu nombreux. Selon la Dre Morin, environ 20 % le font au Québec. Dans le cas d’une assurance collective, votre employeur doit avoir choisi d’inclure la couverture des traitements de l’obésité au plan offert aux employés pour qu’ils soient remboursés.
Sans assurance, vous pouvez vous procurer ces médicaments à la pharmacie, mais il faudra les payer de votre poche, et le cout peut monter rapidement. « On parle d’environ 300 $ par mois pour l’Ozempic et de 400 $ par mois pour le Wegovy », partage la spécialiste en médecine interne.
Acheter ces produits sur le Web est-il une bonne idée ?
« Absolument pas », clame Jean-François Desgagné, qui dénonce fortement certaines publicités faisant la promotion de sites Web où on peut se procurer du sémaglutide. Il vous suffit d’y remplir un formulaire renfermant quelques questions, et un professionnel de la santé, souvent d’une autre province, vous rédigera une ordonnance de sémaglutide, que vous recevrez par la poste… Le tout, sans jamais parler à personne. « C’est scandaleux. C’est une molécule sous ordonnance qui nécessite une évaluation et un suivi », soutient le président de l’OPQ. Les pharmaciens veillent non seulement à prendre en charge les effets indésirables du médicament, mais aussi à s’assurer que les patients s’injectent celui-ci de la bonne façon.
Le Dr Rabasa-Lhoret met en garde contre l’Ozempic trouvé sur Internet : « On voit apparaitre un marché noir, comme avec les drogues dures. » Certains vendent de l’Ozempic falsifié. Le médecin donne comme exemple certains cas rapportés aux États-Unis, où des personnes mal intentionnées ont vendu des stylos de sémaglutide sur le Web. Le hic ? Les stylos injectables avaient déjà été utilisés ; ils comportaient ainsi des aiguilles souillées, donc non stériles, et le médicament avait été remplacé par de l’eau.
Quels sont les effets indésirables de ces médicaments ?
Les effets indésirables les plus communs du sémaglutide sont de nature gastro-intestinale, comme des vomissements, des nausées ou de la diarrhée. « Environ 15 % des patients auront des nausées importantes dans la première semaine de traitement », explique le Dr Rabasa-Lhoret.
Pour limiter ces effets, il faut d’abord prendre le sémaglutide à petite dose, et celle-ci doit être augmentée graduellement par le professionnel de la santé, indique Jean-François Desgagné. Malgré tout, « de 3 à 5 % des patients ne tolèreront simplement pas le médicament et ne pourront pas poursuivre [le traitement] », remarque le Dr Rabasa-Lhoret.
Qu’est-ce que le phénomène des « bébés Ozempic » ?
Depuis quelques mois, des femmes devenues enceintes après la prise de sémaglutide alors qu’elles se croyaient infertiles partagent des témoignages sur les réseaux sociaux. Le mouvement a été qualifié de « bébés Ozempic » sur Internet.
L’explication est assez simple. « L’obésité est l’une des principales causes de l’infertilité. Il est donc possible que la fertilité revienne après une perte de poids engendrée par le médicament », indique la Dre Morin.
Y a-t-il des risques pour le fœtus ?
Peu de données existent quant à l’innocuité de cette molécule pour le fœtus. « On recommande donc aux femmes en âge de procréer qui prennent du sémaglutide d’utiliser un moyen de contraception efficace et de cesser [de prendre] le médicament, avec l’avis d’un professionnel de la santé, au moins deux mois avant la grossesse », précise Jean-François Desgagné.
Que se passe-t-il après l’arrêt de ces médicaments ?
Le poids perdu risque de revenir. Une étude démontre qu’un an après l’arrêt du sémaglutide, les personnes tendent à en reprendre les deux tiers.
La Dre Morin rappelle que l’obésité est multifactorielle et qu’elle comporte une composante biologique. « Lorsqu’on arrête un traitement contre l’obésité, le corps tente de reprendre le poids perdu par divers moyens, dont un ralentissement du métabolisme. Ce n’est pas seulement la faute des mauvaises habitudes de vie. » Elle ajoute que l’obésité est une maladie chronique comme l’hypertension et le diabète, et qu’elle nécessite un accompagnement professionnel à long terme.
D’autres molécules sont annoncées. Seront-elles plus efficaces ?
Le tirzépatide (un agoniste des récepteurs du polypeptide insulinotrope dépendant du glucose [GIP] et du peptide-1 apparenté au glucagon [GLP-1]), administré par injection, est commercialisé sous le nom de Mounjaro par la compagnie pharmaceutique Eli Lilly. Cette molécule mime l’action de deux hormones intestinales, contrairement au sémaglutide, qui en imite une.
Santé Canada a déjà approuvé le médicament pour traiter le diabète de type 2. L’indication pour traiter l’obésité devrait être approuvée d’ici un an, estime la Dre Morin. Cette molécule est encore plus efficace que le sémaglutide, puisqu’elle entraine une perte de poids moyenne de 20 % en 72 semaines. « Ces résultats s’apparentent à l’efficacité d’une chirurgie bariatrique », relate la médecin.
Des médicaments composés d’autres hormones sont présentement étudiés dans des essais cliniques. C’est le cas de deux produits injectables. Le premier, CagriSema, est mis au point par Novo Nordisk et contient du sémaglutide, comme l’Ozempic, combiné à du cagrilintide. Ce dernier imite l’action de l’amyline, une hormone produite par le pancréas qui provoque un sentiment de satiété.
Le deuxième, la rétatrutide, conçu par Eli Lilly, est un triple agoniste des récepteurs du GIP, du GLP-1 et du glucagon GCG, trois hormones régulant la faim. Elle entrainerait une perte pondérale moyenne de 24,2 % en près d’une année. Selon le Dr Rabasa-Lhoret, ces trois médicaments détrôneront le sémaglutide.
Les experts voient d’un bon œil les avancées sur le plan des traitements médicamenteux de l’obésité et souhaitent que ceux-ci soient plus facilement accessibles au Québec. « Ils n’agissent pas comme une baguette magique, mais ce sont des outils qui s’ajoutent à notre arsenal thérapeutique, en complémentarité avec la chirurgie bariatrique et la promotion de saines habitudes de vie », conclut la Dre Morin.

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