Médicaments et chirurgies pour traiter l’obésité infantile

Les nouvelles lignes directrices sur la façon de traiter les enfants et les adolescents atteints d’obésité ont été publiées cette semaine dans le Journal de l’Association médicale canadienne. Le guide destiné aux familles et aux cliniciens préconise une intervention précoce et des soins individuels. Il propose aussi une approche centrée sur la famille plutôt qu’une intervention ciblant le changement de comportement individuel de l’enfant.

Les interventions personnalisées et une approche comportementale touchant l’activité physique, la nutrition et le soutien psychologique sont à privilégier dans le traitement de l’obésité pédiatrique. Cinq des dix recommandations vont dans ce sens. Ces approches comportementales et psychologiques pourraient toutefois être jumelées à des interventions chirurgicales ou à la prescription de médicaments.

Médicaments et chirurgie font désormais partie du traitement

La chirurgie pourrait être envisagée chez les jeunes âgés de 13 ans et plus. S’appuyant sur les plus récentes études sur le sujet, le guide suggère deux opérations : la gastrectomie en manchon, qui consiste à retirer jusqu’à 85 % de l’estomac par laparoscopie, et la dérivation gastrique de Roux-en-Y, qui dévie l’intestin pour diminuer l’absorption des aliments.

Le guide recommande aussi de recourir aux médicaments amaigrissants composés de sémaglutide, comme le Wegovy, ou de metformine chez les jeunes âgés de 12 ans et plus. Ces produits sont cependant peu accessibles en raison de leur prix élevé et de leur exclusion du programme de remboursement de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Les médicaments à base de sémaglutide sont couverts uniquement pour traiter les patients souffrant du diabète de type 2.

Les médicaments et la chirurgie doivent cependant être complémentaires aux interventions comportementales et psychologiques. Et ne sont pas à envisager qu’en cas d’échec de celles-ci. Le guide souligne d’ailleurs « qu’aucune donnée probante ne justifie une approche progressive selon laquelle les interventions pharmacologiques et chirurgicales ne devraient être proposées que si les interventions comportementales et psychologiques s’avèrent inefficaces. »

Le problème, c’est que le Québec compte peu de programmes de prise en charge de l’obésité chez les enfants à l’aide d’équipes multidisciplinaires.

L’obésité comme maladie chronique

La publication du guide survient peu après qu’un groupe d’experts a proposé, en janvier, une nouvelle définition de l’obésité. Le rapport distingue deux catégories en matière de diagnostic : l’obésité préclinique et l’obésité clinique. La première est définie comme « un état d’excès de poids sans impact significatif sur la santé, mais avec un risque accru de développer des complications à long terme », alors que la seconde est décrite comme « une maladie chronique caractérisée par des symptômes ou des dysfonctions d’organes causés directement par l’excès de graisse ».

L’obésité est désormais considérée comme une maladie chronique par l’Organisation mondiale de la Santé et plusieurs organisations du Canada, dont l’Association médicale canadienne. Par contre, elle n’est pas reconnue comme telle par le gouvernement fédéral ni par Québec. Les médicaments pour la traiter ne sont donc pas remboursés par les régimes publics d’assurance comme la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).

Selon Obésité Canada, environ 80 % des adolescents obèses le resteront jusqu’à l’âge adulte, ce qui accroît le risque de plus de 200 problèmes de santé. L’obésité peut aussi, par exemple, engendrer de la stigmatisation à l’école.

Les lignes directrices ont été établies en partenariat avec Obésité Canada. Des enfants obèses, leur famille et leurs professionnels de la santé ont participé à leur élaboration afin d’en optimiser la pertinence et l’applicabilité.