Les sachets de nicotine désormais moins visibles

Au Québec, ces produits aux arômes fruités de marque Zonnic n’étaient vendus qu’en pharmacie, mais pouvaient se retrouver en vente libre dans les allées. Dans la plupart des provinces, les sachets de nicotine pouvaient se retrouver dans les rayons des dépanneurs et des stations-services près des friandises et des tablettes de chocolat.

Mis en marché par les cigarettiers en 2023 pour aider à la cessation tabagique, les sachets de nicotine entrainent un autre problème, estime Santé Canada. « On craint de plus en plus que la popularité de nouvelles thérapies de remplacement de la nicotine (TNR) ne conduise à une utilisation récréative par des personnes qui ne fument pas, particulièrement par des jeunes de moins de 18 ans », indique l’organisme de règlementation fédérale. 

Cette crainte est partagée par plusieurs organisations, dont la Société canadienne du cancer : « Avec l’arrivée sur le marché des sachets nicotiniques aromatisés l’an dernier, les jeunes risquent de nouveau de devenir dépendants de ces nouveaux produits de l’industrie du tabac », écrit-elle.

Plusieurs mesures restrictives

C’est pourquoi le ministre de la Santé, Mark Holland, a instauré plusieurs mesures qui visent à : 

• Exiger que les thérapies de remplacement de la nicotine (TRN) dans les nouveaux formats tels que les sachets de nicotine ne soient vendues que par un pharmacien ou une personne travaillant sous supervision dans une pharmacie, et que ces produits soient conservés derrière le comptoir d’ordonnances. 
• Interdire la vente de sachets de nicotine ayant des arômes autres que la menthe ou le menthol.
• Interdire la publicité ou la promotion de ces produits – y compris sur l’étiquette et l’emballage –, susceptibles d’attirer les jeunes. Il y aura une période de transition de six mois pour appliquer les dispositions relatives à la publicité et à l’étiquetage.
• Exiger des fabricants qu’ils soumettent des maquettes d’étiquettes et d’emballages pour l’obtention de toutes les licences de TRN nouvelles ou modifiées afin de s’assurer que l’apparence des produits ne présente pas d’attrait pour les jeunes

Ces nouvelles restrictions nationales sont entrées en vigueur le mercredi 28 août. Pour les dispositions relatives à la publicité et à l'étiquetage, il y aura cependant une période de transition de six mois.

La nicotine en sachets accessible aux adultes

Santé Canada précise que les adultes qui fument et tentent d’arrêter pourront toujours se procurer dans plusieurs points de vente des aides au sevrage tabagique – tels que les gommes, les pastilles, les vaporisateurs et les inhalateurs à la nicotine –, dotés d’une variété d’arômes. L’efficacité de leur utilisation appropriée est avérée.

« Les mesures prises par notre gouvernement permettront aux adultes qui en ont besoin pour arrêter de fumer d’avoir accès à ces produits, tout en veillant à ce [que ceux-ci] ne tombent pas entre les mains des jeunes pour un usage récréatif », indique le ministre Mark Holland. 

Une bonne décision, selon l’Ordre des pharmaciens du Québec

L’automne dernier, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) a été une des premières organisations au pays à lancer un avertissement en ce qui concerne la distribution en vente libre de ces produits aux saveurs attrayantes pour les jeunes. 

« L’approche marketing risque de détourner l’usage pour lequel ces sachets de nicotine sont prévus. Par exemple, des personnes qui ne sont pas fumeuses pourraient se mettre à en utiliser dans une optique récréative », affirmait Julie Villeneuve, directrice principale aux communications de l’organisme, dans une entrevue réalisée en décembre dernier par Verdict santé.

Au cours des derniers mois, l’OPQ a invité à quelques reprises les pharmaciens à ranger ces produits derrière le comptoir. « Ceci peut sembler simple, mais il s’agissait d’une décision courageuse. En effet, ce n’est pas tous les jours que nous vous recommandons de contrôler un produit plus étroitement que ce qui est prescrit par la loi », a souligné le président de l’Ordre, Jean-François Desgagné, dans un message destiné aux pharmaciens.

Contrôler la vente illicite

Chef de file des produits de tabac et de nicotine au pays, Imperial Tobacco Canada déplore cette décision du ministre de la Santé et craint que le marché des sachets de nicotine soit repris par les vendeurs de produits illicites, qui sont déjà nombreux, souligne l’entreprise.

« Il existe déjà de nombreuses boutiques en ligne et spécialisées qui vendent des sachets de nicotine. Ces boutiques ne disparaitront pas avec l’arrêté ministériel. En fait, ces ventes illicites continueront d’augmenter », prédit Éric Gagnon, vice-président, affaires corporatives et règlementaires d’Imperial Tobacco Canada.

De son côté, Jean-François Desgagné, de l’OPQ, souhaite que des efforts soient rapidement déployés par le gouvernement fédéral pour freiner l’importation illégale des pochettes non homologuées. « Maintenant que les pochettes homologuées doivent être gardées derrière le comptoir dans toutes les pharmacies du pays, on ne pourra plus plaider la confusion », souligne-t-il.

Des conséquences importantes 

La vente illicite chez les jeunes doit être freinée, car la nicotine est une substance qui crée une forte dépendance. Les jeunes sont particulièrement vulnérables à ses effets négatifs, notamment sur la partie du cerveau qui contrôle l’humeur, l’apprentissage et l’attention.

Les effets secondaires les plus courants sont la constipation, la sècheresse de la bouche, la nervosité, les maux de tête, l’indigestion et les troubles du sommeil.

Une surdose de nicotine peut entrainer des nausées, des vomissements, des troubles gastriques, de la fatigue, des maux de tête intenses, des étourdissements, une vision trouble, des évanouissements et de l’arythmie cardiaque, entre autres.

Pire encore : la consommation d’une quantité excessive de nicotine peut mener à une intoxication aigüe, entrainant des problèmes respiratoires graves, et dans les cas les plus graves, la mort.