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Le congé de maternité atténue l’anxiété de séparation

Par Emmanuelle Mozayan-Verschaeve
Le congé de maternité atténue l’anxiété de séparation Kseniya Maruk/Shutterstock.com

La précarité financière pendant la première année de vie de votre enfant vaut-elle mieux que le retour rapide au travail après sa naissance pour atténuer son anxiété ? Une récente étude répond à la question.

La baisse de revenus pendant le congé de maternité incite certaines mères à reprendre le boulot dans les cinq mois suivant la naissance de leur bébé. Mais qu’est-ce qui vaut le mieux pour l’enfant : que sa mère s’occupe de lui, même si sa situation financière est précaire, ou qu’elle retourne au travail ? Gabrielle Garon-Carrier, professeure au département de psychoéducation à l’Université de Sherbrooke, répond à cette question dans une récente étude publiée dans la revue américaine Health Education & Behavior.

Congé et situation financière

Trois grands groupes ont été sondés lors de cette recherche à laquelle plus de 1 295 familles québécoises ont participé, à savoir des mères qui, cinq mois après la naissance de leur enfant, étaient soit :

  1. en congé de maternité sans problèmes financiers;
  2. en congé de maternité et en situation financière précaire;
  3. retournées au travail.

L’anxiété de séparation a été mesurée à six reprises chez les enfants : à un an et demi, à deux ans et demi, à trois ans et demi, à quatre ans, à cinq ans et à six ans. Plusieurs raisons expliquent ces intervalles de mesure. « Ce sont les données que nous avions de disponibles sur l’anxiété de séparation des enfants. Sur le plan diagnostique, lorsque les symptômes sont persistants et très élevés, et qu’ils apparaissent avant l’âge de six ans, on parle d’anxiété de séparation à début précoce », indique la Pre Garon-Carrier.

Comment l’anxiété des enfants a-t-elle été mesurée ?

Trois questions ont été posées aux mères participant à l’étude : votre enfant réagit-il mal lorsqu’un parent est absent ? Refuse-t-il de dormir seul ? S’accroche-t-il aux adultes et se montre-t-il trop dépendant ? Des réponses affirmatives à une ou plusieurs de ces questions démontrent des comportements correspondant étroitement aux manifestations de l’anxiété de séparation, c’est-à-dire la détresse liée à la séparation, la réticence à dormir sans une figure d’attachement majeure et la peur d’être seul.

Des résultats surprenants

L’étude conclut que la prise d’un congé de maternité atténuerait de manière significative le risque que l’enfant souffre d’un problème d’anxiété de séparation pendant les premières années de sa vie. À l’inverse, les enfants dont les mères sont retournées au travail dans les cinq mois suivant l’accouchement présenteraient un niveau d’anxiété de séparation plus élevé.

Entre l’âge de 17 mois et celui de 6 ans, les enfants des mères qui étaient en congé de maternité lorsqu’ils étaient âgés de 5 mois étaient moins anxieux lors des séparations que ceux des mères qui étaient retournées sur le marché du travail, et ce, même si la famille éprouvait temporairement des difficultés financières en raison de l’absence d’un plein salaire.

L’auteure de l’étude s’est dite très étonnée – et agréablement surprise – de constater que dans le cas des familles en situation de précarité financière, le congé de maternité était plus bénéfique pour le bien-être et la santé mentale de l’enfant que le retour de la mère sur le marché du travail. Elle pensait plutôt que le stress lié aux difficultés financières des parents serait associé à un niveau d’anxiété de séparation plus élevé chez l’enfant.

Cela dit, son hypothèse n’était pas complètement fausse, puisque les résultats ont démontré que la prise d’un congé de maternité est favorable si les difficultés financières sont temporaires, mais pas si elles sont chroniques. Quant aux enfants des mères ayant poursuivi leur congé de maternité dont la famille ne connaissait pas de problèmes d’argent, ils présentaient le plus bas niveau d’anxiété de séparation pendant la petite enfance.

Et les papas ?

Si cette étude concerne seulement les mères, Gabrielle Garon-Carrier ne manquera pas de se pencher sur l’effet du congé de paternité dans ses prochaines recherches. « Au moment où l’étude a été menée, le congé de paternité n’existait pas encore au Québec. L’étude longitudinale sur laquelle s’appuient les résultats a débuté avant son implantation, en 2006 », explique-t-elle, en soulignant que ce ne sont pas tous les pays qui assurent une compensation financière aux parents comme le fait le régime québécois d’assurance parentale. Elle cite en exemple les États-Unis, qui octroient un congé parental de 12 semaines, mais sans aucune rémunération.

Qu’est-ce que l’anxiété de séparation ?

Si votre enfant a peur d’être séparé de vous, c’est tout à fait normal. En effet, les symptômes d’anxiété de séparation sont naturels dans son développement, puisqu’il a créé un attachement sécurisant envers vous. Cet attachement se manifeste souvent entre 6 et 12 mois, et culmine à 3 ans. S’il persiste à six ans, il peut devenir pathologique. L’anxiété de séparation serait le trouble anxieux le plus fréquemment diagnostiqué chez les enfants de moins de 12 ans.

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