L’Ozempic n’est pas une diète miracle
Le nom de ce médicament contre le diabète circule allègrement sur les réseaux sociaux comme traitement pouvant entraîner une importante perte de poids. Pourtant, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous et les effets secondaires peuvent être sévères. Décryptage.
Plusieurs groupes Facebook sont dédiés aux personnes qui utilisent l’Ozempic pour la perte de poids. Marie Normandin est la première à témoigner de son expérience : après environ trois mois de traitement, elle se déplace sans canne, alors qu’elle n’était plus capable de marcher. Elle a déjà perdu 28 livres et ne compte pas s’arrêter là.
Même son de cloche de la part de Vincent Doyon, qui a lui-même parlé à son médecin de l’Ozempic. Après avoir pris beaucoup de poids pendant la pandémie, il disait être parvenu à un point de rupture. Jusqu’à présent, les résultats dépassent ses espérances, avec 40 livres perdues en six semaines.
Au milieu des témoignages positifs, une utilisatrice indique avoir quitté le groupe, car elle abandonnait le traitement. D’autres s’interrogent sur son efficacité. Miracle, vous avez dit ?
L’Ozempic, c’est quoi ?
Nous avons posé la question à Santé Canada : l’Ozempic est un médicament autorisé chez les patients adultes atteints de diabète de type 2, en association avec d’autres mesures visant à maîtriser la glycémie, comme un régime alimentaire ou de l’exercice.
Son ingrédient actif, la sémaglutide, régule la glycémie, tout en réduisant l’appétit. La dose de départ est généralement de 0,25 mg pour quatre semaines, le temps que le corps s’habitue au traitement, puis elle augmente par paliers.
Bien qu’il soit très demandé pour la perte de poids, l’Ozempic n’est pas homologué pour cet usage au Canada. Son fabricant, Novo Nordisk, a toutefois fait approuver un autre médicament spécialement conçu pour la perte de poids, le Wegovy. Il contient le même principe actif que l’Ozempic, à dose plus élevée. Il est cependant impossible de se le procurer au pays actuellement.
Un traitement lourd
L’Ozempic n’est pas commercialisé sous forme de pilule. Présenté comme un stylo injectable prérempli, le traitement nécessite de se faire une injection hebdomadaire. Et il n’est pas exempt d’effets secondaires. Selon le site du fabricant, les plus courants sont d’ordre gastro-intestinal (constipation, ballonnements, nausées, diarrhée), ainsi que les maux de tête et la fatigue. Ces effets s’atténuent habituellement avec le temps. Mais ils peuvent être si intenses (reflux gastriques, vomissements continus, baisse de moral) chez certains utilisateurs que ceux-ci décident d’arrêter le traitement.
Pour être efficace, le traitement avec Ozempic doit être suivi pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Marie Normandin s’est donné un délai d’un an avant de le réévaluer, tandis que Vincent Doyon envisage d’emblée de le prendre pendant deux ans.
Pas de garantie
Selon une étude publiée dans The New England Journal of Medicine, l’Ozempic permettrait à l’utilisateur de perdre environ 15 % de son poids après 68 semaines de traitement. Mais attention, il ne fonctionne pas à tous les coups. Nathalie Savoie, qui dit avoir 100 livres de trop, n’a rien perdu depuis qu’elle a commencé ce traitement, malgré son suivi rapproché avec une nutritionniste et une infirmière.
Autre constat : « On se rend compte que, chez plusieurs patients qui cessent de prendre le médicament, le poids réaugmente », affirme le Dr Sylvain Dion, vice-président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et médecin de famille à Lac-Etchemin.
Des coûts élevés
Lorsqu’il est prescrit pour perdre du poids, l’Ozempic n’est pas couvert par la RAMQ. Il est remboursé par certaines assurances privées, mais pas toutes. Vérifiez bien votre contrat !
Si vous devez payer de votre poche, il vous en coûtera environ 250 $ par boîte (c’est au Costco qu’elles sont les moins chères). Au début du traitement, chacune dure six semaines. Mais attendez-vous à ce que le coût augmente avec la dose, jusqu’à atteindre 700 $ par mois !
Un outil de plus contre l’obésité
« L’utilisation d’un produit de santé pour un usage autre que celui indiqué sur l’étiquette fait partie de l’exercice de la médecine», mentionne par écrit Santé Canada. Ainsi, le Dr Sylvain Dion estime qu’un médecin peut prescrire de l’Ozempic pour perdre du poids, de façon exceptionnelle. « Il faut réserver ce médicament à des patients aux prises avec une obésité importante, qui entraîne des conséquences graves sur leur état de santé », affirme le praticien.
Yann Gosselin-Gaudreault, pharmacien propriétaire, voit beaucoup de patients qui prennent de l’Ozempic. « L’avantage avec ce médicament-là, c’est de permettre à une personne de changer ses habitudes de vie en réduisant ses accès de fringale et de maintenir la perte de poids à long terme », pointe-t-il. « Il est plus facile de changer ses habitudes quand on a moins d’appétit et de recommencer à s’entraîner quand on perd un peu de poids », abonde dans le même sens Vincent Doyon.
Et qu’en est-il pour ceux qui souhaitent en prendre pour perdre quelques livres ? « Ce ne sont pas des gens qui souffrent d’obésité génétique, mais qui ont de mauvaises habitudes de vie », répond le Dr Dion. Mieux vaut plutôt travailler sur votre alimentation et votre activité physique, et en retirer des bienfaits tant pour la perte de poids que pour la santé cardiovasculaire. « L’Ozempic, ce n’est pas du bonbon! », conclut Sylvain Dion.

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