IRM du corps entier: attention aux fausses promesses
Des cliniques privées au Canada et aux États-Unis assurent pouvoir détecter des maladies, dont le cancer, en effectuant une imagerie par résonance magnétique de tout le corps. Les résultats de cet examen génèrent beaucoup trop de faux négatifs, d’investigations inutiles et d’inquiétude.
2 499 $. C’est le prix à payer chez Prenuvo si vous souhaitez passer une imagerie par résonance magnétique (IRM) de votre corps entier pour savoir si vous êtes atteint d’un cancer ou d’une autre pathologie. Cette entreprise canadienne, implantée à Vancouver et bientôt à Toronto, assure que cet examen permet de détecter les problèmes avant qu’ils ne se transforment en crises.
D’autres entreprises offrent déjà un service similaire. C’est le cas d’Ezra, qui possède 20 succursales aux États-Unis, et qui s’apprête à en ouvrir 10 autres, dont certaines au Royaume-Uni.
L’IRM est un examen médical qui utilise un champ magnétique et des radiofréquences pour créer une image 2D ou 3D des structures internes. Cette technique permet d’observer les organes et les tissus à l’intérieur du corps humain.
Un examen non homologué vanté par des influenceurs
Cet examen du corps entier, vanté par des influenceurs sur les réseaux sociaux, n’est pas homologué par Santé Canada, mais il est offert dans plusieurs États américains et dans l’Ouest canadien.
« À notre connaissance, l’IRM pancorporelle de dépistage n’est pas disponible au Québec, informe le Dr Grégoire Bernèche, président de l’Association des radiologistes du Québec. Ici, l’IRM de dépistage est utilisée dans des contextes très précis de cancers (myélomes) et aussi pour des dépistages très ciblés de pathologies déjà connues chez certains patients. L’IRM pancorporelle est faite pour dépister absolument tout, dont divers types de cancers, mais aussi des lésions bénignes qu’on ne voudrait pas dépister. »
Trop de résultats sans intérêt avec l’IRM pancorporelle
L’IRM de tout le corps permettrait de trouver chez de nombreuses personnes des fortuitomes, ou incidentalomes, c’est-à-dire des anomalies découvertes accidentellement. « L’intérêt de cet examen-là, pour le patient, c’est de pouvoir dépister un cancer qui serait totalement fortuit. Par exemple, une personne de 35 ans qui n’a aucun symptôme, mais qui souhaite savoir si quelque chose se développe dans son cerveau, son pancréas ou autre, poursuit le Dr Bernèche. Cette IRM pancorporelle va permettre de dépister la plupart des tumeurs solides du corps et de recommander à la personne d’aller faire davantage d’examens au besoin. »
L’examen n’est pas dangereux pour la santé directe parce qu’il n’y a pas de radiation, précise le radiologiste. Le danger réside plutôt dans la surinvestigation : « Au moins 25 % des patients asymptomatiques vont avoir des trouvailles fortuites (fortuitomes ou lésions bénignes fortuites), dit-il. Toutes ces petites lésions ne devraient pas être trouvées en tant que telles, car elles n’auront aucun impact sur le devenir du patient. Mais quand le radiologiste les trouve, il n’a pas le choix de les décrire et de les examiner davantage. » Le Dr Bernèche remarque que le problème se présente souvent à la glande surrénale quand un adénome est trouvé. « C’est tout à fait bénin, dit-il, mais on va souvent faire un scan qui, lui, va donner de l’irradiation, puis des suivis de résonance magnétique pendant un à cinq ans. Il y aura peut-être aussi des biopsies relativement dangereuses pour finalement confirmer des années plus tard que c’est une trouvaille bénigne. La personne aura alors vécu de l’anxiété pendant longtemps pour rien. »
Au Québec, des programmes publics de dépistage
Le Québec a mis sur pied des programmes de dépistage des cancers du côlon, du sein et du poumon qui visent spécifiquement des populations à risque. « Ces programmes offrent d’énormes bénéfices », dit le radiologiste. À son avis, les patients qui risquent de contracter un cancer sur lequel il faudrait agir représentent moins de 1 % des personnes qui ne figurent pas dans les populations visées par ces programmes de dépistage.
Il ajoute que d’un point de vue populationnel, le dépistage par IRM du corps entier dans ces cliniques privées risque d’ajouter des pressions sur le système de santé public, car les patients vont vouloir obtenir un suivi de ces trouvailles fortuites, ce qui pourrait alourdir encore les listes d’attente.

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