Herbe à puce: quoi faire si vous en touchez et comment l’éradiquer

« Souvent, les gens ne sont pas capables de reconnaitre l’herbe à puce parce que c’est une plante qui se camoufle très bien dans son milieu », prévient Stéphane Labelle, technologue forestier et directeur de projet au Groupe Arbo-Ressources. Cette plante, qu’on appelle aussi herbe à la puce, pousse dans toutes les régions du Québec et dans des écosystèmes variés. En forêt ou en plein champ, à l’ombre ou au soleil, dans des sols secs ou humides : rien n’arrête l’herbe à puce. Soyez particulièrement vigilant près des cours d’eau, indique Stéphane Labelle.

Mais alors, comment l’identifier ? « On voit trois variétés d’herbe à puce, dit le spécialiste : une herbacée, qui va être très proche du sol ; une arbustive, un peu plus haute ; et une grimpante. » Elle peut donc mesurer de 20 centimètres à un mètre de haut. Ses feuilles lustrées et trilobées constituent le meilleur indicateur pour la reconnaitre. Leur bord peut être lisse ou denté, et leur teinte passe de rougeâtre au printemps à verte en été, puis au jaune orangé l’automne. 

Un indice : ses feuilles se présentent par groupes de trois, et le pétiole de la feuille centrale (la partie qui unit celle-ci à la tige) est plus long que celui des deux autres feuilles (voir les photos à la fin de l'article).

En aout, les plantes sont en période de fructification. On peut donc aussi apercevoir des petits fruits blancs.

La sève provoque des dermatites aigües

La sève de l’herbe à puce, qui est présente sur les feuilles et les tiges, contient de l’urushiol, « un enduit huileux qui va s’agglutiner sur les chaussures, les pantalons ou la peau et qui va provoquer une dermatite aigüe », explique M. Labelle.

En plus d’être affectée de fortes démangeaisons et de rougeurs, la peau sera souvent irritée, enflée, et des cloques peuvent s’y former, puis éclater et couler. Les personnes touchées peuvent aussi faire de la fièvre. Les endroits du corps où l’épiderme est le plus mince, comme le visage ou les parties génitales, sont les plus à risque.

Environ 9 individus sur 10 seraient sensibles à l’urushiol, selon le gouvernement du Québec, et chacun y réagit différemment. « Je connais des personnes dans mon équipe à qui ça prend deux ou trois jours après le contact pour voir les symptômes, remarque le technologue forestier. Moi, ça peut prendre jusqu’à une semaine et demie. » Généralement, la dermatite dure de 7 à 10 jours, mais elle peut persister jusqu’à trois semaines lors de réactions plus graves.

Quoi faire après un contact avec l’herbe à puce

« Première des choses : on ne s’approche jamais de toute colonie d’herbe à puce sans être habillé de vêtements longs. Quand nous faisons de l’arrachage, nous avons l’air de cosmonautes, et il nous arrive pourtant de nous contaminer », illustre M. Labelle. Si vous êtes conscient d’avoir été en contact avec la plante, lavez-vous à l’aide d’un savon à vaisselle dégraissant dès votre retour à la maison.

Pour soulager les symptômes, vous pouvez appliquer des compresses froides ou de la calamine sur la région touchée pendant 15 à 30 minutes plusieurs fois par jour, et prendre des bains tièdes avec du bicarbonate de soude et de la poudre d’avoine colloïdale. Évitez l’eau chaude, qui peut faire augmenter la rougeur, les démangeaisons et l’enflure. Stéphane Labelle recommande d’appliquer une crème à base de cortisone ou encore de l’argile verte.

N'hésitez pas à aller à l’hôpital et à consulter votre pharmacien si les symptômes sont graves et qu’ils vous inquiètent.

Tournez-vous immédiatement vers un médecin si vous avez avalé de la sève ou respiré de la fumée provenant de plants d’herbe à puce brulés. Inhaler cette fumée peut provoquer des problèmes respiratoires et une infection des poumons graves entrainant parfois la mort.

Éliminer l’herbe à puce de votre environnement

« Un autre facteur très important, ce sont les animaux de compagnie, souligne l’expert. Ils ne font pas de réaction lorsqu’ils touchent à l’herbe à puce, mais la sève s’agglutine sur leur poil et peut vous contaminer quand vous les flattez. » 

Il est donc important d’éliminer la mauvaise herbe de votre environnement ou, du moins, de délimiter les zones où elle sévit à l’aide de panneaux clairs.

Cette plante vivace possède des racines et des tiges souterraines très coriaces qui descendent jusqu’à 15 centimètres dans le sol. Il est nécessaire de les arracher aussi pour éradiquer la plante. « Nous sommes une des rares compagnies qui effectuent de l’arrachage, et la moitié seulement de mon personnel est prête à en faire, parce que les risques d’infection sont élevés », dit Stéphane Labelle, qui conseille de recourir à un professionnel.

Si vous tentez l’aventure par vous-même, vous devez absolument prendre certaines précautions :

• D’abord, protégez-vous ! En portant des manches et des pantalons longs, des gants jetables en latex ou en nitrile et des chaussures fermées. 
• Procédez à l’arrachage au printemps ; il sera plus efficace. Arrachez les plants, et éliminez racines et rhizomes (tiges souterraines) à l’aide d’une bêche ou d’une pelle. Surveillez les repousses et enlevez-les régulièrement.
• Recouvrez les nouvelles pousses d’un paillis ou d’un plastique.
• Jetez les plants morts dans un sac bien fermé et identifié avec les ordures ménagères.
• Évitez d’utiliser des herbicides et ne brulez jamais les plants.
• Mettez à part les vêtements, les chaussures et les objets contaminés et lavez-les plusieurs fois à l'eau chaude savonneuse. Portez des gants imperméables et résistants lors des manipulations de nettoyage.

Autre ressource utile.

Herbe à puce, herbe à poux : comment les distinguer ?

Même si leurs appellations sont similaires, l’herbe à puce et l’herbe à poux sont deux plantes totalement distinctes. On reconnait la seconde à ses feuilles semblables à celles d’une carotte. 

Dans le cas de l’herbe à poux, c’est le pollen et non un ingrédient de la sève qui provoque une réaction allergique. Et celle-ci touche le système respiratoire, pas la peau.

Mais dans les deux cas… prudence !

- L’herbe à puce est constituée de tiges dotées de trois petites feuilles pointues (à bords dentés ou lisses).

- Son pétiole central (partie qui unit la feuille à la tige) est plus long que les deux autres.

- La forme rampante est la plus commune: ses tiges mesurent entre 10 et 80 cm (entre 4 et 32 po) de hauteur.

- La forme grimpante peut atteindre une hauteur de 6 à 10 m (de 20 à 32 pi).

- La couleur des feuilles varie: rougeâtre (printemps), vert (été), jaune, orange, rouge ou bronze (automne).

- Les fruits apparaissent en septembre. Ils se déclinent dans des teintes de vert et de jaune.

- L’herbe à puce contient une sève vénéneuse qui provoque une inflammation de la peau.