Et vous, est-ce que vous déjeunez?

Un sondage réalisé par la firme Caddle s’est intéressé aux habitudes alimentaires des Canadiens pour leur déjeuner. L’enquête a été menée auprès de 9 165 répondants en mars dernier pour le compte du Laboratoire d’analyse agroalimentaire de l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse.

La génération Z boude le déjeuner

Les résultats montrent que les personnes nées entre 1997 et 2005 – qu’on inclut dans la génération Z – sont celles qui boudent le plus le déjeuner. Près d’une sur dix (9 %) indique ne jamais prendre ce repas, et seulement la moitié (48,8 %) de cette génération dit en prendre un tous les jours. À titre de comparaison, les deux tiers des babyboumeurs mangent un déjeuner chaque jour; seuls 4,1 % d’entre eux s’en passent systématiquement. Tous âges confondus, 5,1 % des adultes Québécois affirment sauter ce repas.

Que veut vraiment dire « déjeuner » ?

Ces résultats sont toutefois à prendre avec un grain de sel, estime Annie Ferland, nutritionniste et docteure en pharmacie. Car que veut dire déjeuner ? La définition de ce repas tend à changer dans la documentation scientifique.

Auparavant, explique-t-elle, le « déjeuner » était considéré comme le repas pris à l’intérieur des 30 minutes suivant le réveil. Cette image demeure celle qui prévaut dans le langage populaire. C’est donc souvent sur ce concept que se basent les personnes qui répondent à la question « Déjeunez-vous ? ».

« Physiologiquement parlant, déjeuner est l’action de briser le jeûne de la nuit. Les scientifiques considèrent de plus en plus que le déjeuner est avant tout le premier repas pris après le lever, lorsque l’on a faim », ajoute Annie Ferland. 

Au réveil, le corps fonctionne sur ses réserves énergétiques. « Il va finir par envoyer des signaux de faim, explique M^me Ferland : une baisse d’énergie, une diminution de la concentration ou un mal de tête. On sentira alors qu’il faut manger. C’est ça, déjeuner. » Pour elle, celui ou celle qui n’a pas faim lorsqu’il s’éveille, mais qui a l’habitude de manger deux heures plus tard, déjeune bel et bien. 

D’après le sondage, parmi les Canadiens qui ne prennent pas de déjeuner au sens traditionnel :

• 37,1 % s’abstiennent parce qu’ils n’ont pas faim le matin;
• 20,3 % disent qu’ils n’ont pas assez de temps pour manger; 
• 19 % préfèrent prendre un repas plus tard dans la journée.

Des habitudes alimentaires et des horaires qui changent

La nutritionniste ne veut pas trop rapidement sauter aux conclusions et dire que les jeunes générations boudent réellement le déjeuner. Les habitudes alimentaires changent effectivement d’un âge à l’autre, convient-elle, et il existe une grande diversité dans la manière de se nourrir lors de ce premier repas. « Auparavant, le déjeuner typique consistait en des rôties au beurre d’arachide ou en des œufs et du bacon. Aujourd’hui, les jeunes adultes préfèrent prendre un bol de smoothie et des gruaux sans cuisson », dit-elle. 

Les horaires sont également de plus en plus atypiques, ce qui change aussi les habitudes alimentaires des nouvelles générations. « Si on est en télétravail, il est tout à fait correct de commencer sa journée et de manger un peu plus tard, lorsque le corps manifeste la faim, plutôt que de manger systématiquement à 6 h le matin avant de partir travailler », illustre la nutritionniste.

Le café sucré est-il un déjeuner ?

Un déjeuner équilibré comprend des fruits ou des légumes, des grains entiers, comme du pain ou du gruau, et une protéine, par exemple des œufs ou des noix, précise l’experte. « Il n’y a pas de formule stricte à suivre pour bien déjeuner. Si vous préférez réchauffer le restant de votre souper de la veille, parce que c’est plus facile pour vous, pourquoi pas ! » dit-elle.

Les cafés sucrés ou aromatisés hautement caloriques sont populaires chez les jeunes générations. Mais ce n’est évidemment pas une option nutritive équilibrée, note Annie Ferland. « Les cafés desserts avec de la crème fouettée et du sucre peuvent créer un sentiment de satiété pour quelques minutes, mais la faim finira par vous rattraper », prévient-elle.

Un repas sur le pouce

Aux personnes qui n’ont pas faim au réveil et qui doivent se rendre au travail ou à l’école, Annie Ferland suggère de trainer avec elles de quoi manger le matin, comme on le ferait pour le repas du midi. « De cette façon, vous aurez accès à de la nourriture lorsque vous aurez faim et pourrez déjeuner au bon moment », dit-elle.

Vous pourriez aussi privilégier des aliments faciles à transporter, comme des noix, du fromage, des fruits, des œufs cuits durs, des frappés, du gruau ou du yogourt au granola. Vous pourriez également opter pour des recettes simples à préparer. « On en trouve une tonne sur Internet aujourd’hui », mentionne la nutritionniste. 

Le repas le plus important : mythe ou réalité ?

« Le déjeuner est important, mais tous les repas de la journée le sont tout autant, conclut Annie Ferland. La clé est de répondre au signal que notre corps nous envoie lorsqu’il a faim, et d’arrêter de manger lorsqu’il nous dit qu’il n’a plus faim. »

Bon appétit !

Annie Ferland est nutritionniste et docteure en pharmacie