Écrans à l’école : des effets néfastes sur l’apprentissage
Que leur usage à l’école soit personnel ou pédagogique, les cellulaires ou les tablettes électroniques, au mieux, n’apportent rien, au pire, nuisent à l’apprentissage des élèves et des étudiants. « Le multitâche numérique en classe nuit à l’apprentissage », conclut un récent rapport de l’Institut national de Santé publique du Québec (INSPQ).
La synthèse des connaissances sur les effets des appareils numériques individuels en contexte scolaire sur la cognition des moins de 25 ans, publiée par l’INSPQ, soulève deux questions :
- En classe, quels effets sur les capacités cognitives des élèves et des étudiants ont ces appareils utilisés à des fins personnelles, comparativement à des situations d’apprentissage où ces « distractions numériques » sont absentes ?
- Du côté de la lecture et de l’écriture, quels effets sur les capacités d’apprentissage ont ces appareils employés dans un cadre pédagogique, si on les compare avec les méthodes classiques des bons vieux papier et crayon ?
Dans les deux cas, il apparait que le téléphone cellulaire, la tablette et l’ordinateur portable « au mieux, n’apportent aucun bénéfice à l’apprentissage, et au pire, entrainent un effet négatif sur la cognition des jeunes », conclut le rapport L’utilisation des écrans en contexte scolaire et la santé des jeunes de moins de 25 ans : effets sur la cognition.
« L’INSPQ a décidé de s’intéresser à ces questions parce que des enseignants soulignaient ces enjeux en classe », dit Tania Tremblay, conseillère scientifique spécialisée à la direction du développement des individus et des communautés de l’INSPQ et auteure de l’étude.
Pour analyser les risques posés par la distraction numérique, l’INSPQ s’est appuyé sur des résultats d’études originales menées avec des étudiants postsecondaires. Pour le reste, le document présente une méta-analyse qui englobe les résultats de nombreuses études sur le sujet auprès d’élèves du primaire, du secondaire et du postsecondaire n’ayant pas de troubles d’apprentissage.
Cellulaire : un perturbateur sournois
Du côté de la distraction numérique, l’INSPQ conclut que naviguer sur Internet, texter, ou tout simplement recevoir un texto ou une notification en classe (même sans y répondre) nuit à l’apprentissage des jeunes.
L’effet est marquant : le seul fait que le téléphone cellulaire soit proche de l’élève ou de l’étudiant en classe affecte et perturbe sa mémoire de travail et son apprentissage, même si l’appareil est éteint et tourné face contre le bureau !
Lecture à l’écran : une compréhension altérée
Toutes les études recensées montrent que la lecture à l’écran entraine une baisse de la compréhension d’un texte, comparativement à celle du même document sur papier, indique la synthèse de l’INSPQ.
« Dans la lecture à l’écran, notre cerveau utilise une stratégie superficielle, explique Tania Tremblay. On va lire en diagonale sur le cellulaire ou la tablette, sauter de mot-clé en mot-clé. La lecture sur papier encourage une stratégie linéaire, donc sans sauter de mots, et plus en profondeur. »
S’y retrouver dans un texte à l’écran demande aussi plus d’efforts au lecteur parce qu’il n’a pas de repères fixes, explique la conseillère scientifique. Sur du papier, les quatre coins de la page aident notre cerveau à s’orienter, des repères absents sur des outils numériques.
Les recherches se sont aussi intéressées à l’aspect du toucher. « Avec un livre ou un document physique, on touche le papier et on tourne les pages, dit-elle. Cette stimulation sensorielle contribue déjà à l’apprentissage. »
Enfin, les écrans provoquent plus rapidement une fatigue oculaire, moins présente dans la lecture sur papier. Or, qui dit fatigue oculaire dit aussi fatigue cognitive.
Prise de notes : manuscrite ou numérique ?
En ce qui concerne la prise de notes numérique versus la méthode manuscrite, l’auteure du rapport constate que les études ne s’entendent pas. Ce qui, selon elle, peut permettre de conclure que l’usage d’outils numériques ne présente pas d’inconvénients, mais pas d’avantages non plus, par rapport à la prise de notes à la main.
Trouver un équilibre
« Le multitâche numérique en classe nuit à l’apprentissage », conclut l’INSPQ dans sa synthèse des connaissances. L’Institut souligne également l’importance de trouver un équilibre quant à l’usage des appareils numériques individuels en classe pour diminuer les risques sur la cognition. « Lire une nouvelle de trois lignes en diagonale sur un support électronique n’empêche pas la compréhension, conclut Mme Tremblay. Mais quand il s’agit de parcourir un texte long, il faudrait encourager une lecture sur papier. »
Rappelons que depuis le début de 2024, l’usage du cellulaire est interdit dans les classes du primaire et du secondaire des écoles publiques au Québec. La directive du ministre de l’Éducation laisse toutefois la possibilité aux enseignants d’utiliser ces appareils pour des raisons pédagogiques, s’ils le souhaitent.

Le 2 novembre prochain, les résidents de 21 municipalités régionales de...

L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS...

Une étude dévoile les constructeurs qui réussissent à conserver la loyau...

Près du quart du gaspillage alimentaire est causé par une mauvaise compr...
L'envoi de commentaires est un privilège réservé à nos abonnés.
Déjà abonné? Connectez-vous
Il n'y a pas de commentaires, soyez le premier à commenter.