Des solutions pour ralentir la myopie chez les enfants

Les symptômes de la myopie sont difficiles à détecter chez l’enfant. « Il faut que les parents se préoccupent du problème, car les signes avant-coureurs sont généralement absents. Souvent, les enfants présentent un certain nombre de symptômes, mais ils ne se plaignent pas nécessairement », explique le D^r Langis Michaud, professeur titulaire à l’École d’optométrie de l’Université de Montréal. On suggère qu’ils passent un examen à l’âge de six mois et, s’il n’y a rien d’anormal, un autre à trois ans. Ensuite, on se fie aux recommandations du professionnel de la vue, qui peut proposer un contrôle chaque année si tout va bien, ou plus souvent s’il le juge nécessaire.

Myopes de plus en plus jeunes

Actuellement, on remarque que la myopie apparait chez les enfants de 8 à 11 ans parce qu’ils voient mal au tableau en classe, dans leur environnement ou qu’ils éprouvent de la difficulté à pratiquer certains sports, par exemple parce qu’ils ne perçoivent pas bien l’autre bout du terrain ou de la patinoire. « C’est beaucoup plus tôt que ce que l’on constatait il y a quelques années. Il y a 30 ans, les cas de myopie apparaissaient après la poussée de croissance, donc entre 13 et 15 ans, alors que maintenant, il y a des myopies bien installées dès 8 ans », poursuit le D^r Michaud. Près de 30 % sont dues à la génétique (un ou deux parents myopes), mais la majorité s’explique par l’environnement, c’est-à-dire un usage trop long des outils électroniques et une exposition insuffisante à la lumière du jour, qui est bénéfique pour limiter la myopie.

Ralentir la progression de la myopie

« Si la myopie est installée, il existe maintenant des moyens de ralentir sa progression. C’est important parce qu’elle va évoluer très rapidement, puisqu’un enfant de moins de 12 ans peut perdre un degré et demi par année de dioptries, ce qui risque d’atteindre des niveaux stratosphériques », s’inquiète le spécialiste. Il explique que c’est un peu comme garder la même chemise quand on prend du poids : les boutons et les coutures vont finir par lâcher. Plus on est myope, plus l’œil s’étire et plus les structures à l’intérieur deviennent fragiles. De surcroit, plus la myopie apparait tôt, plus elle augmente vite. On risque à long terme de se retrouver avec des problèmes de déchirure de la rétine, de glaucome et de cataracte importants, ce qui est très difficile à corriger.

L'orthokératologie pour maîtriser la myopie

Pour ralentir la progression de la myopie, on utilise des verres spéciaux (lunettes et verres de contact) qui permettent d’enlever le signal d’élongation de l’œil. Une solution qui s’avère très efficace. L’enfant va demeurer myope, mais l’évolution sera maitrisée, et on évitera les pathologies plus tard. On laisse aussi la porte ouverte à d’autres moyens de correction de la vision quand la myopie va être stabilisée à l’âge adulte, généralement au début de la vingtaine, comme la correction au laser.

Ces verres novateurs sont équipés de microlentilles qui visent à corriger l’hypermétropie périphérique, caractéristique de l’œil myope, et ainsi à ralentir l’évolution de la myopie. Pour qu’ils soient efficaces, l’enfant doit les porter au moins 10 heures par jour. Il faut aussi que la monture soit adéquatement choisie pour qu’elle reste stable sur le nez de l’enfant afin que l’œil regarde bien au centre du verre.

À partir de sept ou huit ans, selon la maturité de l’enfant, on va souvent privilégier des verres de contact spécialisés, donc des lentilles souples que l’on porte durant la journée et que l’on jette le soir. Il existe également des lentilles rigides faites sur mesure qui se portent la nuit pour remodeler la surface de l’œil. Cette technique, appelée orthokératologie, permet de très bien maitriser la myopie.

Si jamais l’optométriste s’aperçoit que la myopie de l’enfant ne ralentit pas suffisamment malgré le port de ces nouveaux verres ou lentilles, il peut prescrire de l’atropine à faible dose qui, combinée aux verres, renforcera le mécanisme de protection « On utilise ce traitement chez à peu près 30 % des enfants. »

L’importance d’agir tôt

Le D^r Michaud souligne que le Canada est l’un des seuls pays au monde qui a accès à peu près à tout ce qui a été approuvé scientifiquement pour maitriser la myopie.

Selon une étude publiée dans la revue Ophtalmology, d’ici 2050, 50 % de la population mondiale sera myope, et 10 % souffrira de forte myopie accompagnée de pathologies graves pouvant aller jusqu’à la cécité. « Il faut donc agir dès maintenant, en commençant par changer nos habitudes de vie, entre autres en passant du temps dehors pour profiter des bénéfices de la lumière du jour. »

Il est à noter que les examens de la vue sont couverts par le régime d’assurance maladie du Québec jusqu’à l’âge de 18 ans.

Comment prévenir la myopie chez votre enfant

Voici ce que le D^r Michaud recommande pour prévenir la myopie :

• Ne jamais exposer un enfant de moins de deux ans à un écran, même quelques secondes.
   
• De 2 à 10 ans : pas plus d’une heure d’écran par jour pour les loisirs, en faisant une pause d’au moins deux minutes après un maximum de 30 minutes. Pendant la pause, demandez à l’enfant de regarder au loin, à plus de sept mètres de distance.
   
• Après 10 ans : pas plus de deux heures par jour devant un écran pour des loisirs, en faisant une pause d’au moins deux minutes toutes les 30 minutes maximum (on regarde au loin, à plus de sept mètres).
   
• Cesser d’utiliser un appareil électronique au moins une heure avant le coucher.
   
• Sortir pour s’exposer à la lumière extérieure au minimum une heure par jour, idéalement deux heures.