Des sachets de nicotine trop accessibles
Les sachets de nicotine ont l’air de friandises, et pourtant, ils sont loin d’être inoffensifs. La mise en marché de ces nouveaux produits mis de l’avant par les cigarettiers pour aider à la cessation tabagique inquiète de nombreux organismes, dont l’Ordre des pharmaciens du Québec.
Les arômes sont à peine interdits dans les vapoteuses qu’un nouveau produit aromatisé apparait sur les tablettes. Le 18 juillet dernier, Santé Canada a autorisé Imperial Tobacco Canada à vendre son sachet de nicotine Zonnic, qui se dissout entre la lèvre et la gencive pour permettre une absorption quasi immédiate de la substance.
Ces sachets visent officiellement la cessation tabagique, comme c’est le cas des pastilles et des timbres de nicotine vendus en pharmacie dans un cadre thérapeutique. À ce titre, ils sont homologués comme produits de santé naturels (PSN), ce qui signifie qu’il n’y a pas d’âge minimal de vente, même si l’autorisation touchant les sachets de nicotine Zonnic stipule qu’ils ne doivent pas être utilisés par des personnes de moins de 18 ans. Ils se distinguent ainsi des vapoteuses, qui sont considérées comme des produits du tabac et donc interdites de vente aux moins de 18 ans.
Plusieurs groupes canadiens antitabacs sonnent l’alarme contre la vente de sachets de nicotine aux jeunes mineurs. Bien qu’elles ne comprennent pas de tabac, les pochettes d’Imperial Tobacco contiennent 4 mg de nicotine, une substance toxique qui crée rapidement une dépendance et peut occasionner différents troubles, dont une insuffisance respiratoire. Selon Santé Canada, en consommant plus de cinq sachets quotidiennement, vous dépassez la dose contenue dans un timbre de nicotine.
Approche promotionnelle : qui vise-t-on ?
Le danger est donc bien réel, surtout pour les jeunes, indique Rob Cunningham, analyste principal des politiques à la Société canadienne du cancer. « En offrant ces produits dans des saveurs attrayantes comme brise tropicale, menthe fraiche et baies givrées, le tout dans de petits emballages colorés, [on fait en sorte] que les jeunes voudront s’en procurer. »
L’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) constate également que la promotion semble s’adresser aux jeunes. « Le produit existe dans plusieurs saveurs, et son emballage est très attrayant, contrairement à celui des gommes à nicotine, note Julie Villeneuve, directrice principale aux communications de l’organisme. L’approche marketing risque de détourner l’usage pour lequel ces sachets de nicotine sont prévus. Par exemple, des personnes qui ne sont pas fumeuses pourraient se mettre à en utiliser dans une optique récréative. »
Des sachets facilement accessibles
Ces craintes sont alimentées par l’accessibilité des produits. Dans plusieurs provinces canadiennes, les sachets sont vendus sans restriction dans divers commerces comme les dépanneurs, les épiceries, les stations-service et les pharmacies.
Au Québec, on ne peut les trouver que dans les pharmacies. Il revient toutefois aux pharmaciens propriétaires de décider s’ils souhaitent en vendre. « On les invite à réfléchir à la pertinence d’offrir ces produits-là, indique Julie Villeneuve. La règlementation n’oblige pas à ce qu’ils soient rangés derrière le comptoir, mais chaque pharmacien peut choisir de les y placer, afin de vérifier auprès du client qui en fait la demande qu’il en cherche bien dans l’optique d’arrêter de fumer. »
Ce serait, estime-t-elle, la façon d’avoir un minimum de contrôle sur la distribution de ce produit auprès du public.
Les groupes antitabacs demandent pour leur part à Ottawa de suspendre la vente de ces produits jusqu’à ce qu’ils soient encadrés adéquatement. Dans l’immédiat, ils proposent de rendre la nicotine accessible uniquement sous ordonnance médicale.
Des intoxications en France
Leurs inquiétudes font écho à celles que l’on entend en Europe, où ces sachets de nicotine sont déjà distribués. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire, ces nouveaux produits sont à l’origine de multiples empoisonnements chez des enfants et des adolescents.
Le nombre d’intoxications a bondi en deux ans, et celles-ci se manifestent par :
- des vomissements prolongés associés à un risque de déshydratation;
- des convulsions;
- des troubles de la conscience;
- des chutes de tension nécessitant une intervention médicale.
Santé Canada recommande pour sa part aux personnes qui n’ont jamais fumé ou qui ne fument qu’à l’occasion, aux personnes de moins de 18 ans, enceintes ou qui allaitent ainsi qu’à celles qui ont souffert récemment de problèmes cardiaques ou d’un accident vasculaire cérébral de ne pas utiliser ces sachets de nicotine.

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