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Des polluants cancérogènes dans les lentilles de contact

Par Emmanuelle Mozayan-Verschaeve
Des polluants cancérogènes dans les lentilles de contact Maria Shipakina/Shutterstock.com

Selon une étude américaine rapportée par The Guardian, 18 références de verres de contact souples contiendraient des PFAS, des polluants dits « éternels ». Quels sont les risques réels ? Analyse et conseils d’un ophtalmologiste spécialiste de la cornée.

Découvrir que 100 % des verres de contact souples contiennent de ces agents cancérogènes, comme le rapporte The Guardian surprend le Dr Samir Jabbour, ophtalmologiste spécialiste de la cornée au Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) et professeur adjoint de clinique à l’Université de Montréal, d’autant que les taux sont très élevés pour certaines marques (un peu moins élevés pour d’autres).

« Ces verres de contact souples sont très utilisés par un grand nombre de consommateurs au Québec, mais également partout dans le monde, et ce sont des informations plus ou moins inquiétantes, remarque-t-il. En fait, même nous qui travaillons dans le domaine de la santé oculaire, nous n’étions pas au courant de ce taux important de polluants ‟éternels”, appelés ainsi parce qu’ils ne sont pas éliminés par le système. »

Les PFAS présents dans les lentilles permettent une meilleure oxygénation de la cornée, limitent les infections et rendent les lentilles plus lisses et confortables. Le problème, c’est qu’on ignore leurs effets sur la santé oculaire.

Des substances préoccupantes

Les PFAS sont présents sur plusieurs produits d’utilisation courante comme les papiers de toilette, les crèmes, les shampoings, et même l’eau potable. Ils attirent de plus en plus l’attention en raison des effets à long terme qu’ils peuvent avoir sur la santé en général, la fertilité des femmes, le taux de développement de nouveaux cancers, le système immunitaire ainsi que sur les maladies chroniques, telles les maladies du rein et du foie.

Des effets à démontrer

« Toutefois, je pense qu’il est important de prendre ça avec un peu de souplesse, parce qu’on ne sait pas exactement si c’est un polluant spécifique qui se trouve dans les verres de contact et peut causer ce genre de maladie à long terme, ou si ce sont tous les polluants. C’est un domaine en émergence, alors on découvre de plus en plus les effets de ces polluants-là », souligne le Dr Jabbour.

Autre question pour laquelle il faut explorer, selon l’ophtalmologiste : les PFAS présents dans les verres de contact sont absorbés par le corps, mais se propagent-ils au niveau des larmes lorsqu’on les porte quotidiennement ? Il reste plusieurs questions à élucider avant de pouvoir comprendre les effets sur la santé des utilisateurs de verres de contact.

Limiter son exposition aux PFAS

Le Dr Jabbour recommande d’éviter le port des verres de contact tous les jours et de privilégier plutôt les lunettes ou, si c’est possible, d’envisager une chirurgie pour la correction de la vue dans le but de limiter l’exposition aux PFAS.

Si vous souhaitez tout de même porter des lentilles, demandez à votre optométriste de choisir une marque qui contient le moins de PFAS possible et suivez les recommandations du spécialiste :

  1. Optez pour des verres de contact jetables à port quotidien pour éviter les problèmes de contamination et d’infection, car il y a toujours une part de risque avec les autres types de lentilles à port prolongé, même si vous suivez scrupuleusement les règles d’hygiène.
     
  2. Ne dormez jamais avec vos verres de contact, car le risque d’infections au niveau de la cornée peut augmenter significativement pendant que vous dormez.
     
  3. Ne vous baignez pas et ne prenez jamais de douche en gardant vos lentilles. Les risques d’infection sont alors très accrus et seront très difficiles à traiter, à tel point que vous pourriez perdre la vue.
     
  4. Portez vos lentilles au maximum six heures par jour, parce qu’à long terme, la cornée va souffrir d’hypoxie (manque d’oxygène), ce qui va créer de la sécheresse et de l’inconfort. Des cellules souches limbiques essentielles au maintien d’une surface oculaire en santé pourraient aussi être endommagées définitivement.
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