Dégénérescence maculaire et cataracte: êtes-vous à risque?

Bien que ces maladies n’affectent pas les yeux de la même manière, elles peuvent toutes les deux altérer la vision de ceux qui en sont atteints, explique le D^r Dan Samaha, optométriste et professeur agrégé à l’Université de Montréal.

Qu’est-ce que la cataracte ?

Dans les deux cas, la maladie peut apparaitre avec l’âge. En effet, la cataracte fait partie du vieillissement naturel de l’œil, indique l’optométriste. « À partir d’environ 60 à 65 ans, presque tout le monde aura des signes de cataracte. Ça ne veut pas dire que la vision sera nécessairement affectée à ce moment », précise-t-il.

En vieillissant, le cristallin perd de sa transparence, et c’est ce phénomène qui est appelé « cataracte ». Celle-ci continuera de progresser, rapidement ou lentement, selon les individus. L’impact sur la vision varie aussi d’une personne à l’autre.

« Comme le cristallin devient plus opaque, moins de lumière entre dans l’œil. Les patients peuvent avoir une vision un peu plus floue, plus sombre, et constater qu’elle perd un peu en contraste », explique le D^r Samaha. Par exemple, certaines personnes pourraient avoir l’impression de regarder à travers une fenêtre pleine de givre en hiver.

Un seul traitement : la chirurgie

Le traitement de la cataracte est plutôt simple et très commun. « Le seul moyen qui est reconnu pour traiter la cataracte de manière définitive est la chirurgie », explique l’optométriste.

Selon l’Association canadienne des optométristes, l’opération de la cataracte est l’une des interventions chirurgicales les plus courantes au pays. Si cette maladie affecte votre vision, votre optométriste vous dirigera vers un ophtalmologiste afin que ce dernier procède à la chirurgie et remplace le cristallin de l’œil par un implant clair.

C’est une chirurgie qui est d’ordinaire bien tolérée, et le patient peut rapidement retourner à ses occupations, rassure le D^r Samaha. Habituellement, il vous faudra éviter les activités intenses, comme porter des charges lourdes. Vous devrez aussi éviter tout contact avec des substances irritantes comme de la poussière ou de l’eau de piscine pour au moins une semaine. Lors de la période de guérison, votre ophtalmologiste vous recommandera également d’utiliser une protection oculaire la nuit et de porter des lunettes de soleil à l’extérieur ou si vous êtes en contact avec des lumières vives.

« Même si la cataracte est avancée, la chirurgie n’est pas plus compliquée et demeure efficace, mais le temps de récupération peut être un peu plus long », précise l’optométriste.

Qu’est-ce que la DMLA ?

La dégénérescence maculaire liée à l’âge est une maladie évolutive qui affecte la vision centrale de l’œil. Dans certains cas, elle peut causer des dommages irréversibles. Selon l’Association canadienne des optométristes, elle est la principale cause de cécité chez les adultes nord-américains de plus de 50 ans.

La DMLA est l’accumulation de déchets dans la macula, la région centrale de la rétine, qui est située au fond de l’œil. « Avec l’âge, l’activé métabolique de la rétine est moins efficace, et c’est à ce moment que les déchets s’accumulent », précise l’optométriste.

Il existe deux types de DMLA : sèche et humide. La première est la plus commune et la moins grave. Elle entraine une dégénérescence graduelle des tissus du centre de la rétine, et sa progression peut être lente et n’occasionner aucun symptôme.

Elle peut toutefois se transformer en DMLA humide. « Plus les déchets s’accumulent à l’arrière de l’œil, plus la rétine va manquer d’oxygène. De petits vaisseaux sanguins anormaux vont y apparaitre pour pallier ce manque, mais ils sont faibles et finissent par se rompre », explique le D^r Samaha. Cette rupture provoque de petites accumulations de sang, d’où le nom de DMLA humide. « La perte de vision peut survenir rapidement et sérieusement », ajoute l’optométriste.

Les troubles visuels de la DMLA sont souvent rapportés comme étant une déformation des lignes et une difficulté à voir les petits détails. Éventuellement, elle peut entrainer une perte totale de la vision centrale détaillée.

Comment se traite la DMLA

Les deux types de DMLA sont traités différemment. Dans le cas de la forme sèche, il n’existe pas de traitement à proprement parler. Les optométristes prescrivent toutefois aux patients des suppléments de vitamines et de minéraux. Offerts en vente libre sous les noms de Vitalux et de PreserVision, ces mélanges de vitamines ont démontré une efficacité en étude clinique pour ralentir la progression de la maladie lorsque celle-ci est à un stade modéré. Ces vitamines n’ont toutefois aucun effet préventif chez les patients qui n’ont pas de DMLA, précise le D^r Samaha.

La DMLA humide, quant à elle, se traite au moyen d’injections intravitréennes, qui bloquent la formation de nouveaux vaisseaux sanguins fragiles dans la rétine. Le traitement varie selon la progression de la maladie, mais les injections sont généralement nécessaires chaque mois. Après un certain temps, l’optométriste indique qu’il est cependant possible de les espacer dans certains cas. Le traitement doit néanmoins être fait à vie.

Comment prévenir ces maladies ?

En plus de l’âge, certains facteurs de risque peuvent favoriser l’apparition ou l’évolution de la cataracte et de la DMLA.

Parmi eux figure l’exposition au soleil, qui peut être très nuisible à la santé oculaire. C’est pourquoi, l’optométriste conseille de porter des lunettes dotées d’une protection UV400 à l’extérieur, soit un filtre qui protège des rayons UVA, UVB et UVC. « Nul besoin de porter des verres fumés super foncés. Il est même possible d’ajouter un filtre UV400 sur des lunettes de vue », précise-t-il.

D’autres facteurs de risque peuvent contribuer à l’évolution de ces maladies. C’est le cas notamment de l’obésité, de l’hypertension artérielle, du tabagisme et du diabète. L’optométriste recommande donc d’avoir une bonne hygiène de vie.

Le diagnostic de la cataracte et de la DMLA peut se faire dans un cabinet d’optométrie. Le D^r Samaha rappelle que lorsque vous avancez en âge, il devient important de passer un examen de la vue annuellement, même si vous n’avez pas de troubles visuels.

Par ailleurs, au Québec, les examens de la vue annuels sont remboursés par le régime public d’assurance maladie (RAMQ) chez les adultes de plus de 65 ans.