Attention

Votre navigateur n'est plus à jour et il se peut que notre site ne s'affiche pas correctement sur celui-ci.

Pour une meilleure expérience web, nous vous invitons à mettre à jour votre navigateur.

Colorants: le rouge n° 3 interdit aux États-Unis, mais pas ici

Par Florence Dujoux
Colorants: le rouge n° 3 interdit aux États-Unis, mais pas ici Love Employee/Shutterstock.com

Les Américains viennent de bannir l’érythrosine (ou rouge no 3) des aliments et des médicaments. Pourtant, ce colorant artificiel reste autorisé au Canada. Faut-il s’en inquiéter ?

Le 15 janvier 2025, l’agence règlementaire américaine Food and Drug Administration (FDA) a interdit l’érythrosine (FD&C Red No. 3) dans les aliments et les médicaments à ingérer vendus aux États-Unis. L’ingrédient y était déjà prohibé dans les cosmétiques et les médicaments à appliquer sur la peau depuis 1990 en raison de risques de réactions allergiques et de perturbations de la thyroïde. Les fabricants disposent respectivement d’un délai de deux et de trois ans pour se conformer à la nouvelle règlementation.

Le rouge no 3 est un additif alimentaire qui appartient à la famille des colorants. Dérivé du pétrole, il donne une teinte rouge cerise à plusieurs produits de consommation courante. Santé Canada autorise son utilisation entre autres dans les jus de fruits, les laits aromatisés, les confitures, les marinades (ketchup), les produits de la mer (crevettes), les crèmes glacées, les produits de glaçage et les bonbons. La Liste des colorants alimentaires autorisés règlemente strictement les concentrations permises.

Avant la décision américaine, l’usage de l’érythrosine était déjà restreint dans plusieurs pays, dont l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Union européenne (UE). Celle-ci l’autorise exclusivement dans les cerises confites, en plus de certains médicaments. Toutefois, Santé Canada juge que ce colorant artificiel, dans les quantités permises, ne présente pas de risque pour la santé, et indique attendre des données scientifiques probantes pour envisager son interdiction. L'érythrosine est classée à éviter dans notre évaluation des additifs alimentaires, élaborée en collaboration avec nos confrères français d’UFC-Que Choisir.

Pas de risque prouvé pour la santé

Si la FDA a interdit l’érythrosine, c’est à cause d’une disposition légale, appelée la clause Delaney. Celle-ci l’oblige à prohiber tout additif alimentaire susceptible de provoquer le cancer chez l’humain ou l’animal. Or, deux études ont lié une exposition élevée au rouge no 3 à des cancers chez les rats mâles. Interpelée par des associations de consommateurs, l’instance règlementaire a interdit l’ingrédient, même si le mécanisme hormonal en cause est spécifique au rat et n’existe pas chez l’humain.

« Les affirmations selon lesquelles l’utilisation de ce colorant dans les aliments met la santé humaine en danger ne sont pas étayées par les preuves scientifiques disponibles », nous a écrit le service de relations avec les médias de Santé Canada. Cette position s’appuie sur la réévaluation de la sécurité du rouge no 3 en tant qu’additif alimentaire effectuée en 2018 par un comité mixte d’experts de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Un colorant pas indispensable

Selon Marie-Pascale Gagné, professionnelle de recherche au Service de soutien à l’innovation de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF), « comme tous les colorants, l’érythrosine favorise l’appétence pour les aliments, mais elle n’a ni d’autre rôle technologique ni de valeur nutritionnelle associée ». Même si « nous mangeons beaucoup avec les yeux », l’additif n’est pas indispensable.

D’autant que les fabricants peuvent le remplacer par un colorant naturel, comme les anthocyanes (pigments issus de nombreux végétaux), la carotte noire ou le concentré de betterave. « Selon l’acidité du produit, la couleur va varier, et elle ne sera pas aussi vibrante que celle d’un colorant artificiel », soulève Marie-Pascale Gagné. Sans compter des couts plus élevés ! Malgré tout, des multinationales reformulent avec succès leurs recettes. Ainsi, les Smarties de Nestlé et les Froot Loops de Kellogg’s vendus au Canada contiennent des colorants naturels.

Comment éviter le rouge no 3

Depuis 2016, les fabricants sont tenus d’énumérer l’intégralité des colorants présents dans leurs produits. Si, par principe de précaution, vous préférez éviter cet additif alimentaire controversé, il vous suffit de vous reporter à la liste d’ingrédients, et de chercher les appellations « érythrosine » ou « rouge no 3 ». Il figure sous les dénominations « FD&C Red No. 3 » ou « Red Dye No. 3 » aux États-Unis et « E127 » en Europe.

« Il faut aussi vous questionner sur la quantité de produits ultratransformés que vous consommez », mentionne Marie-Pascale Gagné. Même si ces aliments sont pratiques, conviviaux et assortis de longues durées de conservation, ce sont aussi eux qui contiennent le plus d’additifs, et qui affichent des taux de sucre, de gras saturés et de sodium souvent trop élevés. Les colorants artificiels suscitent régulièrement de l’inquiétude, comme on l’a vu avec l’interdiction du dioxyde de titane par l’Union européenne en 2022.

  Ajouter un commentaire

L'envoi de commentaires est un privilège réservé à nos abonnés.

Il n'y a pas de commentaires, soyez le premier à commenter.