Ce que vous pouvez faire contre l'herbe à poux

Particulièrement répandue dans la vallée du Saint-Laurent, cette plante envahissante et allergène colonise les sites désherbés aux sols arides et peu riches en nutriments, comme les chantiers de construction, les sites industriels, les terrains vagues et certains parcs.

« Elle prolifère beaucoup à cause du déglaçage des rues, durant l’hiver. L’emploi de sel de voirie vient altérer la bande de verdure en bordure des routes et la rend plus aride », dit Stéphane Lebel, technologue forestier et directeur de projet au Groupe Arbo-Ressources Inc.

On voit l’herbe à poux apparaitre dès la fin du mois de juin, et ce jusqu’en septembre. Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, l’herbe à poux « constitue la plus importante cause de rhinite allergique saisonnière dans tout le nord-est de l’Amérique du Nord et serait responsable d’environ 75 % des allergies aux pollens, affectant environ un Québécois sur dix ». 

Comment la reconnaitre?

« Un plant peut mesurer quelques centimètres et aller jusqu’à plus d’un mètre de haut. Il a la forme d’un bosquet avec beaucoup de branches et de feuillage », décrit Stéphane Lebel. L’herbe à poux présente une tige poilue et des feuilles dentelées qui ressemblent à celles des carottes. On peut également la reconnaitre grâce à ses épis de fleurs mâles allongés qui produisent le pollen.

Ne vous méprenez pas : les différences sont nombreuses entre l’herbe à poux et l’herbe à la puce. Cette dernière sécrète une sève toxique qui cause des dermatites et se distingue par ses feuilles lustrées et trifoliées. L’herbe à poux, quant à elle, n’entraine pas de réaction à son contact ; seul son pollen dans l’air cause des allergies saisonnières.

Voici ci-dessous deux photos pour bien les différencier : 

- Herbe à poux 

- Herbe à puce

Comment se soigner en cas de crise? 

Les personnes allergiques au pollen de cette plante ressentent généralement les symptômes typiques d’une allergie : écoulement nasal, congestion, problèmes de respiration comme la toux et l’asthme, éternuements ou encore yeux rouges et larmoyants. Et la période où elles sont atteintes semble s’étirer : les changements climatiques font en sorte que la saison des allergies s’allonge au Québec et que la sévérité des symptômes augmente. 

Pour limiter les impacts, pensez à fermer vos fenêtres, à faire sécher vos vêtements et draps à l’intérieur et à vous doucher avant d’aller au lit. Vous pouvez essayer de réduire vos activités à l’extérieur durant la journée et privilégier les sorties en soirée. Vous pouvez aussi installer un purificateur d’air dans votre salon ou votre chambre pour atténuer la présence de contaminants. 

Enfin, de nombreux médicaments en vente libre aident à soulager les allergies liées à l’herbe à poux, dont des antihistaminiques classiques comme Reactine ou Claritin, ou encore des gouttes ophtalmiques.

Faites œuvre utile : arrachez l’herbe à poux

Si vous êtes aux prises avec cette espèce indésirable sur votre terrain, vous devriez l’éradiquer assez facilement. Il suffit de s’armer de gants de jardin et d’un couteau à désherber efficace, une fois que vous avez repéré l’ennemi des allergiques dans votre cour. « L’herbe à poux dispose d’un système racinaire pivotant, donc on doit juste tirer pour l’extirper du sol », résume l’expert.

Par la suite, assurez-vous qu’elle ne repousse pas, en maintenant la qualité de votre parterre riche, que ce soit à l’aide d’un terreau ou d’un engrais, ou encore en ajoutant du paillis ou d’autres plantes sur les secteurs sans pelouse.

Venir à bout de cette plante tenace

Très résistante, l’espèce s’adapte à son environnement. Le technologue forestier explique que, si vous la coupez à quelques centimètres au-dessus du sol lors de la tonte du gazon, plutôt que de continuer de pousser en hauteur, elle va s’étendre en largeur. Bien que ce soit l’option qui demande le moins d’efforts pour empêcher la floraison, la coupe sera à recommencer plusieurs fois par année !

Il est donc essentiel de s’attaquer aux racines pour éliminer cette plante, puisque, peu importe sa forme, l’herbe à poux libère des semences (le pollen) qui vont retomber dans la terre. « Le but, quand on la traite, c’est de faire baisser le risque d’avoir des semences dans le sol, parce qu’avec l’herbe à poux, il peut y avoir facilement de 20 à 25 ans de réserve de semences dans le sol », mentionne M. Lebel.

« Autrement dit, même si on enlève complètement l’herbe à poux de sa cour cette année, on peut en avoir pour 25 ans de traitement, poursuit le spécialiste. Comme c’est une plante annuelle, ce ne sont pas toutes les semences qui vont fleurir dans la même année. »

Pour ce qui est des grandes superficies, l’enjeu est plus complexe. « Il y a beaucoup de campagnes d’arrachage. C’est bon de sensibiliser la population, mais c’est utopique de croire qu’on va réussir à enrayer l’herbe à poux de cette manière, parce que le travail est titanesque », croit Stéphane Lebel. Pour bien traiter les espaces plus vastes — ou si vous ne souhaitez simplement pas vous salir les mains —, il suggère de faire appel à un professionnel. Le Groupe Arbo-Ressources, par exemple, intervient en pulvérisant un sel homologué sur les plants dans les terrains des particuliers ou les aires publiques.