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Cancer de la prostate: quand se faire dépister ?

Par Mathieu Ste-Marie
Cancer de la prostate: quand se faire dépister ? fizkes/Shutterstock.com

Les hommes doivent-ils absolument se faire dépister pour le cancer de la prostate ? Les spécialistes apportent plusieurs nuances, et la question suscite des préoccupations chez les hommes qui arrivent au milieu de leur vie, à cause des risques de surdiagnostic et des effets secondaires potentiels des interventions.

Au Québec, environ un homme sur huit développera un cancer de la prostate au cours de sa vie. Parmi les personnes atteintes, une sur 30 en mourra. Certains décès, comme celui de Karl Tremblay des Cowboys Fringants à l’âge de 47 ans, marquent les esprits, et laissent croire qu’il faudrait procéder très tôt à un dépistage systématique, un peu comme on songe à le faire pour le cancer du sein chez les femmes de 40 à 49 ans (actuellement le dépistage systématique commence à 50 ans).

Mais qu’en est-il vraiment des risques et des avantages de ces tests, au vu des connaissances médicales actuelles ?

Le dépistage systématique du cancer de la prostate n’est pas recommandé

Même si ce cancer est le plus fréquent et le troisième plus meurtrier chez les hommes, le dépistage systématique n’est pas recommandé par les organisations d’experts.

Selon l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), le test de l’antigène prostatique spécifique (APS) doit être réservé aux hommes symptomatiques qui en font la demande s’ils satisfont aux trois conditions suivantes : 

– Être âgés de 55 à 69 ans ;

– Avoir une espérance de vie de plus de 10 ans ;

– Maintenir le désir de subir le test après avoir reçu l’information sur ses avantages et ses risques.

« Les décisions de procéder au dépistage devraient être fondées sur une prise de décision conjointe, en reconnaissant que chaque patient a une perspective différente en ce qui concerne les avantages potentiels et les risques du dépistage et du traitement du cancer de la prostate », recommandait l’Association des urologues du Canada en 2022.

C'est que le test de l'APS, qui consiste à mesurer la concentration d'une protéine produite par la prostate dans un échantillon sanguin, a ses limites. Un taux élevé peut indiquer la présence d'un cancer, mais tous les cancers ne font pas grimper le taux de protéine APS. Ainsi, le test ne détecte pas environ 15 % des cancers de la prostate. Et parfois, il en détecte trop (faux positifs). Environ un résultat anormal sur quatre est réellement un cancer.

Laurent Proulx, président-directeur général de PROCURE, un organisme de soutien aux hommes atteints du cancer de la prostate, abonde dans le même sens : « Le recours au test de l’APS doit être discuté en fonction de nombreux facteurs individuels, tels que l’âge, les antécédents familiaux et l’appartenance à certains groupes ethniques à risque, afin de minimiser les risques de surdiagnostic ou d’anxiété inutile », écrit-il dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien La Presse le 11 novembre dernier.

Des risques de surdiagnostic

Le surdiagnostic est le principal risque d’un dépistage systématique. 

À la suite d’un test de l’APS, un seul résultat anormal sur quatre est réellement un cancer, selon la Société canadienne du cancer. Quant aux autres, il s’agit de faux positifs pouvant mener à des examens non nécessaires, comme des biopsies.

Une étude européenne réalisée sur 1 000 hommes en 2018 estime notamment que 100 hommes recevront un diagnostic de cancer de la prostate à la suite du dépistage. Sur ces derniers, 95 ne décèderont pas du cancer de la prostate et 40 obtiendront un surdiagnostic, ce qui peut entrainer des traitements inutiles. Or à la suite de ces traitements, des patients pourraient subir des effets indésirables, comme de l’anxiété, du dysfonctionnement érectile ou de l’incontinence.

Un tiers de biopsies en moins grâce à la résonance magnétique

Depuis environ cinq ans, les cas de surdiagnostic sont toutefois moins fréquents, nuance l’urologue Yves Fradet, chercheur en oncologie et professeur titulaire au Département de chirurgie de l’Université Laval. « Lorsque nous avons commencé à utiliser l’APS, dans les années 1980, chaque personne ayant un résultat anormal avait une biopsie. Maintenant, nous ne traitons plus les foyers de cancer à faible malignité », explique-t-il.

De plus, l’emploi de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) a permis de réduire considérablement les traitements inutiles, en plus d’accroitre la probabilité que les patients qui reçoivent une biopsie en aient vraiment besoin. « La résonance magnétique permet de détecter efficacement les lésions dans la prostate. Cela permet de diminuer du tiers le nombre de biopsies sur les hommes qui ont un APS élevé », indique le Dr Fradet.

En 2021, l’INESSS a reconnu la pertinence de l’utilisation de l’IRM dans l’évaluation diagnostique du cancer de la prostate et a recommandé l’introduction de cet équipement dans la trajectoire de soins. Seul problème : l’accès à des tests de résonance magnétique au Québec demeure limité. 

Quels sont les avantages du dépistage ?

Le test de dépistage permet de détecter un cancer à un stade précoce, ce qui signifie que les traitements seront plus efficaces et que le cancer ne sera pas devenu trop gros.

« Des études ont démontré des avantages dans la réduction de la mortalité par cancer de la prostate », affirme le Dr Yves Fradet. C’est le cas de l’étude européenne citée plus haut. Toutefois, il faut préciser que sur 1 000 hommes ayant subi le test par dosage de l’APS, un seul a pu éviter la mort par cancer de la prostate grâce à ce dépistage.

Dans quels cas faut-il se faire dépister avant 50 ans ? 

Selon les experts, le risque de devenir atteint d’un cancer de la prostate augmente à partir de 50 ans. Toutefois, certaines personnes auraient intérêt à discuter du dépistage avec leur médecin dès leurs 45 ans.

C’est le cas des hommes d’origine africaine. « Les hommes noirs d’ascendance africaine ou caribéenne présentent presque deux fois plus de risques de développer un cancer de la prostate que les hommes non noirs », indique la Société canadienne du cancer

Les hommes qui ont des antécédents familiaux de cancer de la prostate devraient aussi parler de dépistage avec leur médecin : « Les personnes dont le père ou le frère ont eu ce cancer risquent deux fois plus de l’avoir que ceux qui n’ont pas d’antécédents familiaux », explique l’urologue, qui tient toutefois à rappeler que de 90 à 95 % des hommes atteints d’un cancer de la prostate n’ont pas d’antécédents familiaux.

 

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  • Par Eco-Gestenv Inc
    14 novembre 2024

    Article complet et rassurant sur certains aspects des résultats des tests APS