Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a annoncé le 5 février qu’il est désormais possible de se procurer gratuitement une trousse de dépistage du cancer colorectal sans passer par un médecin.

Toutes les personnes de 50 à 74 ans inscrites à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) pourront faire le test.

Par contre, il ne sera pas accessible aux personnes ayant déjà reçu un diagnostic de cancer colorectal, ni à celles ayant obtenu un résultat pour un test immunochimique de recherche de sang occulte dans les selles (RSOSi) au cours des deux dernières années.

Depuis 2007, ce dépistage était proposé partout Canada, à l’exception du Québec et du Yukon.

Comment se procurer la trousse de dépistage ?

Pour vous procurer cette trousse, vous devez vous connecter à Clic Santé. Cliquez ensuite sur la catégorie « Prise de sang, dépistage et prélèvements », et choisissez « Dépistage du cancer colorectal » pour prendre un rendez-vous.

Attention ! Il s’agit d’un rendez-vous téléphonique pour lequel vous n’aurez pas besoin de vous déplacer. Une infirmière vous appellera à l’heure sélectionnée pour vérifier votre admissibilité et déterminer le test de dépistage approprié. Elle vous indiquera ensuite dans quel point de service vous procurer la trousse. On vous la remettra sur place avec la marche à suivre pour réaliser le prélèvement à la maison et le retourner pour analyse.

Si le résultat est négatif, vous en serez informé par courrier, et on vous suggèrera de refaire le test deux années plus tard. S’il est positif, il sera envoyé à votre médecin de famille (ou au médecin volontaire de votre localité si vous n’en avez pas) et vous serez contacté pour passer une coloscopie.

Un gain de temps

Le D^r Moustapha Tehfe, hémato-oncologue du CHUM, se dit très satisfait de cette décision. « C’est un grand pas en avant, et on était plusieurs à faire partie d’une table de discussion avec le Ministère pour faire avancer le dépistage du cancer du côlon et du rectum », dit-il. Des discussions ont eu lieu sur la manière de procéder : devait-on envoyer des lettres aux Québécois à leur date anniversaire de 50 ans pour leur rappeler l’importance du dépistage ? Ou offrir dans les CLSC des trousses de dépistage du sang dans les selles ? « L’option qui a été choisie est excellente, parce qu’on n’a pas besoin de passer par un professionnel de la santé », ajoute-t-il.

Qu’est-ce qui est testé ?

Le test consiste à déceler du sang dans les selles pour détecter un risque de cancer. « Il se peut qu’il ne donne pas un bon diagnostic dans un tiers des cas, poursuit le D^r Tehfe. Mais ça reste quand même un examen important, car les gens qui auront un résultat positif à ce stade pourront déjà passer une coloscopie, qui permettra de vérifier si ce sang provient d’un polype bénin ou s’il s’agit vraiment d’un cancer. Le but est de détecter le plus possible de cancers à un stade précoce et, s’il y a des polypes susceptibles d’évoluer au cours des années suivantes vers un cancer, de pouvoir les enlever. »

Pourquoi des restrictions d’âge ?

L’hémato-oncologue explique que le risque de cancer colorectal augmente à partir de l’âge de 50 ans, même si depuis quelques années, on constate que de plus en plus de personnes dans la quarantaine présentent ce type de cancer. Aux États-Unis, l’âge pour passer des tests de dépistage a d’ailleurs été abaissé à 45 ans.

Après 74 ans, on considère que le risque d’être atteint ou de décéder d’autres maladies devient plus important et plus présent que celui de succomber au cancer colorectal. « À cet âge, on se demande si intervenir d’une façon agressive va nécessairement améliorer la survie du patient », dit le D^r Tehfe. En traitant les personnes de plus de 74 ans, on peut améliorer leurs chances de survie sans cancer, mais pas nécessairement leur survie globale, explique-t-il.

Si vous avez plus de 74 ans ou moins de 50 ans et que vous avez des doutes ou des symptômes liés au cancer colorectal, vous pouvez toujours voir un médecin, qui vous prescrira des tests ou une coloscopie s’il l’estime nécessaire.

Des symptômes alarmants

Plusieurs symptômes peuvent indiquer la présence d’un cancer colorectal :

– Présence récurrente de sang rouge dans les selles;

– Changement de consistance des selles sans raison (diarrhées, puis quelques jours après, constipation, en alternance) se produisant assez fréquemment;

– Changement du calibre des selles, qui deviennent de plus en plus fines ou qui font des petits morceaux;

– Changements dans la constitution des selles alors qu’elles étaient de constitution régulière;

– Si on présente une fatigue soudaine et inexpliquée, une perte de poids alors qu’on mange normalement, un teint pâle, des douleurs abdominales, il est important de voir un médecin. « Ça ne veut pas nécessairement dire qu’il y a un cancer, mais ce sont des signes alarmants, et il vaut mieux consulter si les symptômes durent un certain temps (pas seulement deux ou trois jours) sans s’améliorer », conseille le D^r Tehfe.

Sachez aussi qu’on peut avoir un cancer colorectal sans ressentir aucun symptôme, d’où l’importance de se faire dépister.

Des données encourageantes

Le cancer colorectal est le quatrième type de cancer le plus fréquent au pays, indique la Société canadienne du cancer. C’est la deuxième principale cause de décès par cancer chez les hommes et la troisième chez les femmes, mais les données sont encourageantes, car les décès liés à ce type de cancer semblent baisser légèrement tant chez les hommes que chez les femmes.