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Asthme: attention aux effets secondaires du Montélukast (Singulair)

Par Florence Dujoux
Asthme: attention aux effets secondaires du Montélukast (Singulair) Sonis Photography/Shutterstock.com

De plus en plus de voix s’élèvent pour mettre en garde les patients contre ce médicament pourtant prescrit contre l’asthme et les allergies depuis 25 ans. Informez-vous avant d’entamer un traitement pour vous-même ou votre enfant.

En 2020, l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) a émis son plus haut niveau d’avertissement (black box warning) sur le Singulair, aussi connu sous le nom du générique Montélukast, pour alerter les utilisateurs du risque de graves effets potentiels sur la santé mentale, dont le suicide. Quelques mois plus tard, Santé Canada lui a emboité le pas en mettant à jour la monographie du produit pour inclure les risques neuropsychiatriques graves. 

Le médicament demeure cependant répandu, y compris au Québec. Selon des chiffres fournis par la Régie de l’assurance maladie (RAMQ), le total des patients sous Singulair ou Montélukast assurés par le régime public est passé de 35 000 en 2019 à 38 000 en 2023. Le nombre de moins de 20 ans prenant le traitement a, lui, reculé de 11 % sur la même période. 

Surveillez l’apparition d’éventuels effets secondaires

« Les parents doivent être au courant de la possibilité des effets secondaires associés au Montélukast », affirme le Dr Larry Lands, directeur de la division de médecine respiratoire à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Généralement, ces effets apparaissent dans les deux semaines suivant le début du traitement et disparaissent deux ou trois jours après son arrêt. 

Selon une étude réalisée en 2017 par la Dre Francine Ducharme, pédiatre et épidémiologiste clinique au CHU Sainte-Justine, environ 16 % des enfants asthmatiques ont cessé la prise du médicament à cause d’effets secondaires neuropsychiatriques importants, qui se manifestent notamment par de l’irritabilité, de l’agressivité et des troubles du sommeil. 

Les adultes sont eux aussi concernés. Une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association en 2022 portant sur plus de 150 000 patients montre que le Montélukast augmente la probabilité des troubles neuropsychiatriques, notamment l’anxiété, chez les asthmatiques ainsi que les troubles du sommeil chez les personnes souffrant de rhinite allergique. 

En date du 8 avril 2024, Santé Canada avait reçu 4 063 rapports d’effets indésirables en lien avec le Montélukast dans le cadre de son Programme Canada Vigilance. Plus des trois quarts (77 %) d’entre eux étaient considérés comme sérieux. 

Les patients qui prennent déjà ce médicament et qui n’ont pas de nouveaux problèmes de santé n’ont aucune raison de cesser de l’utiliser, tempère le Dr Simon Couillard, pneumologue spécialisé en asthme et chercheur titulaire de la chaire en santé respiratoire de l’Association pulmonaire du Québec, même si les nouvelles au sujet du Montélukast peuvent les inquiéter. 

Cependant, si vous observez des changements de comportement, vous devriez en parler avec votre médecin sans tarder. 

Des bénéfices non négligeables

Si le Montélukast est si populaire, c’est qu’il permet de maitriser certains types d’asthme, une maladie qui affecte environ 10 % de la population. Il permet également de soulager les symptômes des allergies saisonnières (aussi appelées rhinite allergique ou encore « rhume des foins »), qui en touchent environ 20 %. 

« Il y a trois sortes d’asthme pour lesquelles on utilise davantage le Montélukast : l’asthme allergique, l’asthme intolérant ou sensible à l’aspirine et l’asthme à l’effort », énumère le Dr Simon Couillard. De plus, selon le Dr Larry Lands, ce médicament permet aussi de traiter l’apnée du sommeil chez les enfants. 

L’autre avantage du Montélukast a trait à son mode d’administration. « C’est l’un des seuls médicaments en comprimés oraux utilisés pour l’asthme », poursuit le Dr Simon Couillard. Les autres traitements reposent plutôt sur l’usage d’inhalateurs (aussi appelés « pompes ») ou de produits injectables.

Enfin, les patients doivent avoir essayé le Montélukast avant de pouvoir être admissibles au remboursement par la RAMQ des « traitements biologiques ». Ceux-ci sont des médicaments injectables indiqués dans les cas d’asthme sévère. 

Pas un médicament indispensable

Le Montélukast n’est pas un médicament qu’un médecin va proposer en premier lieu. « Ce n’est pas une pilule nécessaire à la survie », affirme le Dr Simon Couillard. Mais il arrive assez vite « dans l’escalier thérapeutique » : chez bien des gens, il vient en deuxième ou troisième étape, s’il faut intensifier le traitement.

« L’important, c’est d’avoir des corticostéroïdes inhalés (CSI) », insiste le pneumologue. Ceux-ci réduisent l’inflammation à la source de l’asthme. Le programme Global initiative for Asthma (GINA) recommandent désormais les CSI (vendus sous des marques comme Alvesco, Pulmicort et Flovent) comme première solution chez tous les asthmatiques diagnostiqués, et ce, dès l’âge de six ans. 

Or, nombreux sont les patients qui disposent uniquement d’une « pompe » de Ventolin (Salbutamol), un médicament de secours à utiliser en cas de crises, sans aucun traitement de fond pour prévenir celles-ci. 

Si tel est votre cas, prenez rendez-vous avec votre médecin pour qu’il vous aide à mieux contrôler votre asthme. « La prise du Ventolin seul, sans recours à des médicaments anti-inflammatoires, a mené à plus de décès que le Montélukast », avertit le Dr Simon Couillard.

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  • Par Georges Gosselin
    05 mai 2024

    J'ai 71 ans, je prends Montelekast depuis octobre 2019, suite a une hospitalisation bronchique. Dans la derniere année, je ne me sentais pas bien: irratibilite, impatience, (meche courte), tout ou presque me tombait sur les nerfs, grosse difficulté a demeurer concentrer sur travail, autant intellectuel que physique...bref, apres discussion avec ma pneumologue, le mois dernier, arret du medicament, changement de pompe, je me sens plus calme, raisonnée, moins rédactionnelle, etc.