Pourquoi votre enfant devrait apprendre à nager
La capacité des enfants du primaire à se débrouiller seuls en eau profonde a fortement chuté depuis la pandémie. Les cours de natation ont repris l’automne dernier : il manque de places, mais cela vaut la peine d’inscrire votre enfant sur une liste d’attente. Et d’inciter vos ados à devenir moniteurs de natation ou sauveteurs.
Piscines fermées, manque d’animateurs, listes d’attente interminables… Les parents le savent : inscrire ses enfants à des cours de natation depuis le début de la pandémie n’est pas de tout repos. Cependant, la situation revient progressivement à la normale, selon Éric Hervieux, président de l’Association des responsables aquatiques du Québec (ARAQ).
Y a-t-il assez de cours ?
Les piscines ont fermé en mars 2020, et ce n’est que l’automne dernier que les cours de natation ont repris de façon régulière. « L’an dernier, l’offre de cours avait baissé de près de 40 % par rapport à l’avant-pandémie. Aujourd’hui, il manque encore de 10 à 15 % pour revenir à la normale », dit Éric Hervieux. Selon lui, la situation sera rétablie d’ici fin 2023.
À titre d’exemple, Québec Natation, la plus grande école de natation à Québec, aurait pu donner des cours de natation à 4 500 élèves pour la session de ce printemps, mais elle n’a pu offrir que 2 800 places par manque de personnel, rapporte Richard Bernier, propriétaire de l’entreprise.
Une des raisons du manque de cours vient… des parents eux-mêmes ! Plusieurs inscrivent leurs enfants dans différentes écoles de natation pour être sûrs de trouver une place. « En agissant ainsi, ils bloquent les places pour d’autres enfants, avertit Richard Bernier. Avertir l’école que l’enfant ne viendra pas, car il a un cours ailleurs, permettrait d’offrir la place à une autre personne. » Québec Natation a actuellement 6 000 jeunes inscrits sur sa liste d’attente, faute de places disponibles !
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Moniteurs et sauveteurs : formations gratuites et jobs d’été
La principale raison du ralentissement des cours demeure toutefois le manque de personnel. En effet, la pandémie a freiné la formation de sauveteurs et de moniteurs. La plupart d’entre eux commencent à travailler vers l’âge de 16 ans, mais ils changent souvent d’emploi vers 19 ou 20 ans, au moment d’entrer à l’université. « Avec la pandémie, nous avons perdu les deux tiers de nos employés sans pouvoir renouveler le bassin de travailleurs », mentionne Éric Hervieux.
Pour pallier cette pénurie, le gouvernement du Québec a octroyé l’été dernier un financement de 21,5 millions de dollars pour rendre gratuite la formation de sauveteurs et de moniteurs, et encourager de jeunes nageurs à se former dans les centres aquatiques agréés.
La situation est donc en train de s’améliorer. Avant la pandémie, selon ce qu’indique la Société de sauvetage du Québec, plus de 5 000 jeunes suivaient la formation de sauveteur, chaque année. En 2020, ce nombre avait dégringolé à 2 500. En 2021, 4 500 personnes ont repris la formation.
Devenir moniteur ou sauveteur pourrait d’ailleurs intéresser des adolescents à la recherche d’un emploi : les centres aquatiques sont toujours à la recherche d’employés. « Un jeune qui entame sa formation est sûr d’avoir du travail », affirme Éric Hervieux.
Où inscrire son enfant pour un cours de natation ?
Depuis janvier 2023, ce n’est plus la Croix-Rouge qui s’occupe des programmes de cours de natation des enfants, mais la Société de sauvetage du Québec (avant, celle-ci s’occupait uniquement des cours destinés aux sauveteurs et moniteurs de la province).
La Société de sauvetage du Québec propose le programme Nager pour la vie, offert partout au Québec dans près de 200 centres aquatiques différents.
À noter : le nom des cours a changé. Il est conseillé de consulter le document d’équivalence des différents niveaux, disponible sur la page Internet de la Société de sauvetage.
Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage du Québec, suggère d’inscrire son enfant le plus tôt possible. « La plupart des installations favorisent actuellement les réinscriptions, déclare-t-il, et priorisent les personnes qui étaient inscrites à la session précédente. »
Éric Hervieux incite aussi les parents à procéder à l’inscription malgré les listes d’attente. « Certains gestionnaires de centres aquatiques peuvent ouvrir davantage de cours s’il y a beaucoup de demandes », précise le président de l’ARAQ.
Richard Bernier, de Québec Natation, ajoute que les sessions d’été sont habituellement plus tranquilles dans les centres aquatiques : davantage de places seront disponibles dans quelques mois. Il est également possible de regarder du côté de l'Association des camps du Québec (ACQ) qui offrent parfois des camps aquatiques.
Si un cours n’est pas disponible pour la session souhaitée, Raynald Hawkins suggère aux parents d’inscrire leur enfant à d’autres sports aquatiques, comme le plongeon, la nage synchronisée ou le water-polo, pour qu’il soit davantage à l’aise dans l’eau.
Dans tous les cas, le directeur général de la Société de sauvetage du Québec appelle à la prudence : « Lorsqu’un enfant commence à marcher, les parents lui apprennent à tenir systématiquement la main d’un adulte pour traverser la rue, dit-il. On doit faire la même chose avec l’eau : il ne faut pas laisser un enfant se baigner sans surveillance. Dans un cas de noyade sur deux, la personne était seule au moment de l’accident. »
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Des chiffres alarmants
Raynald Hawkins craint l’impact de l’absence, même temporaire, des cours de natation sur la capacité des jeunes à nager. Il en prend pour preuve les derniers résultats du programme Nager pour survivre. Mis sur pied en 2016, ce programme permet d’évaluer l’habileté d’élèves du primaire de huit ans et plus à survivre à une chute inattendue en eau profonde grâce à de bons réflexes. Ce programme se donne actuellement de façon volontaire sous forme de sortie scolaire pour les écoles primaires qui choisissent d’y participer.
Or, selon des données publiées par le Réseau aquatique Drummondville (RAD), le taux de réussite du programme est passé de 58 % en 2019 à 34 % en 2022.
« Il y a une différence entre se baigner et savoir nager, explique Raynald Hawkins. Ma plus grande peur est de voir augmenter le nombre de noyades dans les années à venir. »
Éric Hervieux, de son côté, remarque également que les jeunes sont moins à l’aise dans l’eau. « Lorsqu’on a repris les cours, beaucoup d’enfants ont dû recommencer deux fois le même niveau, dit-il. Il y a un rattrapage à faire, une mise à niveau, mais c’est assez normal. »
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