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Piles au lithium-ion : les incendies ont triplé en deux ans à Montréal

Par Laurent Fontaine
Piles au lithium-ion : les incendies ont triplé en deux ans à Montréal Mino Surkala/Shutterstock.com

Les incendies provoqués par des piles au lithium-ion ont bondi de 195 % en deux ans dans la région de Montréal. Une quinzaine de services sécurité incendie du Québec mettent la population en garde contre les risques que présentent ces piles, particulièrement avec les trottinettes et les vélos électriques. Voici les recommandations des pompiers pour limiter les risques.

En deux ans seulement, le nombre d’interventions d’urgence que les pompiers de Montréal ont dû assurer pour maîtriser un feu provoqué par une pile lithium-ion a grimpé de manière exponentielle : de 24 incendies en 2022, on est passé à 71 incendies en 2024.

Avec le Service sécurité incendie de Montréal (SIM), une quinzaine de villes et municipalités mènent une campagne commune de sensibilisation aux risques associés à ces piles, à l’occasion de la Semaine de prévention des incendies.

Des batteries électriques devenues omniprésentes

« Ces feux de batterie se produisent surtout dans des petits véhicules, comme des trottinettes ou des vélos électriques, ou encore des triporteurs ou quadriporteurs », explique Chantal Bibeau, directrice adjointe au SIM.

Mais les piles lithium-ion peuvent aussi surchauffer dans de plus petits appareils, comme des tondeuses, des outils de bricolage (perceuses, scies, etc.), des téléphones cellulaires, des tablettes, des ordinateurs portables, etc.

« Heureusement, nous n’avons pas eu de situations dramatiques, pas de blessés ni de décès », précise la responsable. Dans les deux dernières années, le nombre d’incidents similaires a bondi de 163 % à Toronto ; et à New York, une centaine d’incendies liés aux piles lithium-ion ont été constatés, causant la mort de 13 personnes. « Nous devons prendre tous les moyens pour éviter que des incendies aussi graves ne se produisent au Québec », insiste Chantal Bibeau.

Des incendies rapides et puissants

Les appareils à batteries rechargeables au lithium-ion sont entrés rapidement dans nos vies et offrent de nombreux avantages. « Mais, comme l’essence et l’éthanol, ces technologies viennent avec des risques », dit la directrice adjointe.

Chantal Bibeau compare un feu de pile lithium-ion à ce qui se passe dans un autocuiseur dont on relâcherait soudainement le couvercle : quand la batterie surchauffe, « on assiste à un emballement thermique avec un risque d’explosion ». Des vidéos montrant des trottinettes ou des cellulaires qui s’embrasent ne laissent aucun doute sur le danger : en quelques secondes à peine, le feu se déclenche avec une chaleur extrêmement intense. « Les gens rentrent chez eux avec leur trottinette, ou bien ils placent leur triporteur juste à l’entrée de leur maison. Mais si un incendie se déclenche, mentionne Mme Bibeau, l’engin devant la porte bloque leur chemin d’évacuation. »

Que faire si une pile se met à fumer ou à prendre feu ?

Si un appareil devient brûlant, débranchez-le immédiatement.

S’il dégage de la fumée :

  • éloignez-vous très rapidement de l’objet et faites sortir les personnes présentes ;
  • appelez le 911.

N’intervenez pas vous-même, car les fumées peuvent s’avérer toxiques, le feu peut être vif et se déclencher très rapidement. « Les risques de blessures sont importants », prévient Mme Bibeau.

Comment éviter la surchauffe de piles lithium-ion

À l’achat d’un appareil, vérifiez la présence des sigles ou logos d’homologation – Toutes les piles et tous les appareils électriques vendus au Canada doivent être homologués. Repérez les sigles ou logos suivants sur les batteries, les chargeurs ou leurs emballages : ils attestent que l’appareil est conforme aux normes canadiennes, américaines ou européennes.

Les deux plus courants sont :

  • UL ou ULC (Underwriters Laboratories of Canada)
  • CSA (Canadian Standards Association)

On trouve également les sigles et logos :

  • ETL ou ETL Intertek (Intertek Testing Services)
  • CE (Conformité Européenne)
  • FCC (Federal Communications Commission), sigle américain
  • ANSI (American National Standards Institute)
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Source : Service sécurité incendie de Montréal

Lisez les manuels d’instructions et d’entretien de vos appareils - Combien de temps maximum la batterie doit-elle rester branchée ? Jusqu’à quel pourcentage le manufacturier recommande-t-il de charger la pile ? « Beaucoup de consommateurs laissent les piles se recharger plusieurs jours durant, [ce qui accroît] les risques de surchauffe », raconte Chantal Bibeau.

Plusieurs omettent aussi d’entretenir leurs appareils : le boitier métallique d’une pile de vélo électrique, par exemple, peut se corroder à cause de la pluie ou du calcium sur les routes en hiver, et perdre ainsi son étanchéité.

Utilisez du matériel d’origine et suivez les instructions du fabricant – Changer de pile peut coûter cher, et il est tentant d’acheter sur Internet des produits génériques moins coûteux, venant d’un autre fabricant, mais dont la qualité semble douteuse.

Rechargez les appareils dans un environnement sécuritaire – Les pompiers recommandent de placer les appareils en recharge sur des surfaces incombustibles (par exemple, une surface en béton, en marbre ou en métal) et d’éloigner tout matériel qui pourrait servir de combustible en cas de surchauffe.

Ne placez pas le téléphone dans votre lit – Beaucoup d’utilisateurs ont pris l’habitude de recharger leur téléphone la nuit à côté du lit, ou même de le placer dans le lit, sous l’oreiller. « Ces appareils peuvent surchauffer et mettre le feu aux draps », rappelle Chantale Bibeau, qui recommande plutôt de poser son cellulaire sur une surface incombustible, et bien dégagée.

Et n’oubliez pas de vérifier vos détecteurs de fumée!

À lire aussi : Batteries lithium-ion : des risques d’incendie

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