Piétons, attention au changement d’heure !
L’obscurité qui tombe plus tôt après le changement d’heure automnal n’est pas sans risque pour les usagers de la route, particulièrement pour les piétons: ils sont de beaucoup (près de 75 % ) plus à risque d’être victimes d’un accident dans le mois qui suit le recul des horloges que dans le mois qui le précède!
L’obscurité qui tombe plus tôt après le changement d’heure automnal n’est pas sans risque pour les usagers de la route, particulièrement pour les piétons : ils sont 73,6 % plus à risque d’être victimes d’un accident dans le mois qui suit le recul des horloges que dans le mois qui le précède.
Selon les statistiques fournies par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), novembre est le mois où survient le plus grand nombre d’accidents routiers impliquant un piéton entre 17 et 20 h, la « période maudite ». Déjà considérés comme les usagers les plus vulnérables du réseau, les piétons sont de loin plus à risque d’être victimes d’une collision automobile pendant cette période de la journée dans le mois suivant le changement d’heure automnal qu’ils ne l’étaient dans le mois précédant ledit changement.
En recensant le nombre de collisions impliquant au moins un piéton entre 2018 et 2022, la SAAQ rapporte une augmentation phénoménale de ce type d’accidents dans les 30 jours après le recul d’une heure (95 accidents) par rapport aux 30 jours d’avant (95 accidents).
Nombre moyen d’accidents impliquant au moins un piéton 2018-2022
Source : Direction de la recherche en sécurité routière, 2023-11-01
Et le fait qu’il fasse clair une heure plus tôt en matinée ne vient pas équilibrer les choses. De 2018 à 2022, le nombre moyen de collisions impliquant au moins un piéton sur l’ensemble de la journée est en hausse de 13,9 % au cours du mois suivant le changement automnal, soit 283 accidents après, contre 249 accidents avant.
La SAAQ précise également que si « le changement d’heure est possiblement en lien avec les données fournies », d’autres facteurs peuvent être en cause, « notamment les conditions climatiques changeantes à cette période », dit le porte-parole Mario Vaillancourt.. En effet, la date moyenne pour la première tempête de neige de la saison sur Montréal et ses régions est le 28 octobre, selon Météo Média, bien que notre code de la sécurité routière n’oblige les pneus d’hiver qu’à partir du 1er décembre.
Pas juste les piétons en danger
Les piétons ne sont pas les seuls que le retour à l’heure normale met à risque. Pour l’ensemble des usagers de la route, le nombre moyen de collisions automobiles avec « dommages corporels » augmente de près du quart (22 %) entre 17 et 20 h au cours du mois qui suit le passage à l’heure d’hiver.
Avec une moyenne annuelle de 463 accidents avec dommages corporels en « période maudite », novembre rafle la malheureuse mention du mois le plus accidentogène de l’année, en plus d’être le seul mois de l’année à enregistrer plus de 450 collisions de ce type pour la même période de la journée.
Novembre bat même les (plus longs) mois d'été de juillet et d'août, avec leur moyenne respective de 430 et 392 accidents routiers entraînant des dommages corporels.
À l’opposé, le nombre d’accidents chute quand les journées rallongent et qu’on retourne à l’heure avancée. Les mois de mars et d’avril enregistrent les plus faibles moyennes de toute l’année, avec respectivement 230 et 206 accidents avec dommages corporels en fin d’après-midi. Ces deux mois sont d’ailleurs les seuls de l’année à s’installer sous la barre des 250 collisions du genre.
Source : Direction de la recherche en sécurité routière, 2023-11-01
Et au printemps, avec une heure de moins à dormir ?
Une étude de l’américaine AAA Fondation for Traffic Safety (Acute Sleep Deprivation and Risk of Motor Vehicle Crash Involvement) révélait, en 2016, que les conducteurs en manque d’une heure de repos (la nuit « normale » étant de sept heures) étaient 1,3 fois plus à risque de provoquer un accident.
On pourrait donc s’attendre à une autre hausse des collisions après le changement d’heure printanier, puisque le fait d’avancer nos horloges nous prive d’une heure de sommeil.
Eh bien, non ! Toujours selon la SAAQ, de 2018 à 2022, le nombre d’accidents avec dommages corporels est en diminution de 23,7 % dans les 30 jours suivant le passage à l’heure d’été, par rapport aux 30 jours le précédant. Et en diminution de 33 % uniquement pour la période de 17 à 20 h.
Nombre moyen d’accidents corporels 2018-2022 (toutes catégories d'usagés confondues)
Source : Direction de la recherche en sécurité routière, 2023-11-01
La situation est aussi flagrante pour les piétons, avec une chute drastique de 48,2 % du nombre moyen d’accidents les impliquant entre 17 et 20 h (et de 15,5 % pour l’ensemble de la journée) au cours du mois qui suit le passage à l’heure avancée, versus le mois qui précède.
Un portrait qui ne change pas
Depuis 2010, le portrait est pratiquement identique d’une période de référence à l’autre. Pourtant, ni le Québec ni le Canada ne se disent en mesure d’estimer combien de vies humaines sont réellement perdues ou gâchées sur nos routes en raison du changement d’heure automnal.
D’autres ont osé le calcul, dont l’association britannique pour la sécurité routière GEM Motorist Assist, qui affirme qu’abolir le « clocks fall back » épargnerait chaque année quelque 80 vies et 200 blessés graves pour l’ensemble du réseau routier du Royaume-Uni.
À la… lumière de ces possibles effets pervers sur la sécurité routière, peut-être faudrait-il remettre à l’ordre du jour une discussion au sujet de cette pratique que le Québec, l’Ontario (qui souffre sensiblement des mêmes statistiques que celles démontrées par la SAAQ), ainsi que bon nombre de juridictions nord-américaines et européennes ont adoptée il y a plus d’un siècle déjà.
Quelques trucs pour y voir (plus) clair
– Piétons et cyclistes, portez des vêtements clairs et/ou avec des bandes réfléchissantes. Traversez aux passages qui vous sont réservés – pas entre deux intersections où vous risquez de « disparaître » dans la pénombre. Si possible, partez plus tôt du bureau, idéalement quand il fait encore clair.
– Automobilistes, adaptez votre conduite à la (nouvelle) obscurité. Ralentissez et soyez plus que jamais attentifs aux piétons, aux cyclistes, aux écoliers, aux aînés… Propriétaires de VUS, faites particulièrement attention à vos angles morts, rendus plus larges par les piliers A (pare-brise) renforcés de vos véhicules.
– Dans l’habitacle automobile, réduisez l’éclairage de votre instrumentation et, s’il y a lieu, retirez de la planche de bord les objets qui, en se reflétant dans le pare-brise, pourraient nuire à votre vision. Parlant de pare-brise : nettoyez-le bien, dedans comme dehors, ainsi que vos rétroviseurs.
– Si vos phares n’éclairent plus comme dans leur jeune temps, faites-les polir par un professionnel ; des phares usés et/ou abîmés retranchent jusqu’à 60 mètres de visibilité, indique CAA-Québec.
– Pour rehausser votre visibilité, faites enduire votre pare-brise d’une cire, comme l’Aquapel, qui aide à repousser la neige et la pluie. Les experts recommandent de remplacer ses essuie-glaces au moins une fois par année. L’automne est une excellente occasion de le faire.
À lire aussi : Comment conduire l’hiver en toute sécurité
Ce texte est une version actualisée d'une première version publiée le 4 novembre 2021
L'envoi de commentaires est un privilège réservé à nos abonnés.
Déjà abonné? Connectez-vous
Il n'y a pas de commentaires, soyez le premier à commenter.