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Comment réduire la quantité de plastique à la maison

Par Marie-Eve Shaffer
jenny on the moon/Shutterstock.com

Emballages, accessoires de cuisine, vêtements, matelas, produits hygiéniques… le plastique est partout, à tel point que vous ne pouvez pas l’éliminer complètement. Vous voulez freiner la pollution? Misez sur la réduction et le réemploi.

Des impacts à cerner
Opération zéro plastique (ou presque)
Les solutions « sans plastique » : dans la cuisine
Les solutions « sans plastique » : dans la cuisine
Les solutions « sans plastique » : dans la salle de bain
Les solutions « sans plastique » : dans la chambre à coucher
Compostable, biodégradable ou oxodégradable?

« C’est presque impossible d’éviter le plastique dans nos achats », constate Sarah King, responsable de la campagne Océans et plastique de Greenpeace Canada. Elle mentionne les emballages de nourriture, les produits ménagers, les vêtements, les meubles, les jouets d’enfant… alouette!

En 2019, l’humanité a généré pas moins de 353 millions de tonnes de déchets de plastique. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit que ce volume atteindra un milliard de tonnes en 2060.

À l’échelle mondiale, environ 10 % de ces rebuts sont recyclés. Ce pourcentage se situe à 21 % dans le secteur municipal québécois, notamment en raison du mauvais tri. Des tonnes de plastique sont ainsi abandonnées dans la nature ou jetées dans des dépotoirs. La majorité se décompose en microplastiques (taille de moins de 5 mm) et en nanoplastiques, qui ne peuvent être vus à l’œil nu. Ces particules se retrouvent dans l’air, dans l’eau et dans le sol.

Pendant que des scientifiques tentent de cerner les impacts de cette omniprésence sur l’environnement comme sur l’être humain, des initiatives sont lancées pour « déplastifier » la planète. Par exemple, des organisations non gouvernementales poursuivent Danone pour forcer la multinationale à adopter un plan de réduction de ses emballages en plastique. L’Organisation des Nations unies (ONU) souhaite aussi convenir d’un accord « juridiquement contraignant » d’ici 2024 pour freiner la pollution plastique.

Vous voulez faire votre part? De nos jours, éliminer le plastique relève de l’utopie, selon les experts interrogés. Vous pouvez quand même restreindre la présence de cette matière autour de vous et utiliser ce qui est incontournable de façon responsable.

Des impacts à cerner

La majorité des plastiques – polychlorure de vinyle (PVC), polystyrène, polyester, nylon, acrylique, etc. – sont conçus de polymères qui sont issus de combustibles fossiles. Des additifs sont ajoutés à ces matières pour les rendre plus solides, plus légères, plus flexibles ou même colorées. Le Canada encadre l’utilisation de certains d’entre eux, notamment le bisphénol A et les phtalates, qui dérèglent les systèmes hormonal et reproducteur et qui sont potentiellement cancérigènes.

La communauté scientifique demeure malgré tout prudente quand il est question des effets des plastiques — en format macro, micro ou nano – ou de leurs additifs sur la santé humaine. « C’est encore à documenter », indique Daniel G. Cyr, professeur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

D’une part, les études sont plus souvent réalisées avec des animaux en laboratoire qu’avec des humains. « Et il pourrait y avoir des différences de sensibilité entre les deux », explique le chercheur. D’autre part, le corps humain ne réagit pas de la même façon s’il ingère des additifs ou le polymère. « Les additifs plastifiants sont métabolisés très rapidement; à l’intérieur de 24 heures pour les phtalates. Les microplastiques et les nanoplastiques ont plutôt tendance à s’accumuler dans les organes. Le risque de toxicité est alors plus élevé », précise Daniel G. Cyr.

Les effets sur la biodiversité sont plus évidents, surtout avec ces immenses étendues de plastique qui flottent sur tous les océans. L’ONU rapporte qu’un million d’oiseaux et plus de 100 000 mammifères périssent chaque année en raison de la pollution par le plastique. Des sacs, des emballages, des ballons et des débris de pêche, entre autres, sont ingérés par des baleines, des tortues, des dauphins, des phoques et des goélands, qui s’étouffent et en meurent. Néanmoins, il reste quand même des impacts à étudier, notamment ceux des additifs sur la faune et la flore.

Opération zéro plastique (ou presque)

Si vous décidez de limiter la quantité de plastique dans votre maison, gardez en tête que vous ne pourrez pas vous débarrasser de tout. « Il ne faut pas virer fou. Le mot-clé, c’est la réduction », insiste Laure Mabileau, cofondatrice de l’Association québécoise Zéro Déchet.

Avant tout, servez-vous de vos objets de plastique tant qu’ils peuvent être utiles. Misez sur le réemploi si vous le pouvez. Un exemple : un vieux pot de yogourt peut contenir des crayons, des vis ou même des petites pièces de jeux. Cependant, si vos objets de plastique sont décolorés, altérés, fissurés ou brisés, débarrassez-vous-en, dans le bac de recyclage ou la poubelle, selon l’endroit où ils sont acceptés. Concentrez également vos efforts à l’élimination des plastiques à usage unique, comme les bouteilles d’eau.

Notez que si les solutions sans plastique semblent a priori plus écologiques, ce n’est pas toujours le cas. À titre d’exemple, le sac d’épicerie en coton organique devrait être réutilisé 2 375 fois pour que son impact environnemental soit aussi faible qu’un sac en plastique fait de polyéthylène à basse densité (plastique no 4), selon une étude de l’agence de la protection de l’environnement du Danemark. Ainsi, mieux vaut vous renseigner avant de modifier vos choix de consommation.

Les solutions « sans plastique »

Vous devez remplacer certains objets dans votre maison et vous souhaitez en trouver de nouveaux sans plastique? Vous pouvez en dénicher un peu partout, notamment dans les magasins qui vendent des produits naturels ou des aliments en vrac. Des boutiques écologiques en ligne en proposent également.

Toutefois, attendez-vous à payer plus cher. En contrepartie, votre démarche sera accompagnée d’une réflexion sur vos choix de consommation. Laurence Pechadre, une experte de la transition écologique dans le milieu des affaires, en a fait l’expérience. Tout en diminuant le plastique dans sa maison, elle a limité ses achats. « Vivre plus légèrement et plus sainement, c’est bon pour le portefeuille », soulève-t-elle.

Dans la cuisine 

La cuisine représente le plus grand défi dans votre maison, de l’avis de Chantal Plamondon, entrepreneuse et coauteure du livre Vivre sans plastique. Vous trouverez du plastique à la fois dans les emballages des aliments et dans vos accessoires de cuisine, que ce soient vos contenants, vos ustensiles, vos poêles antiadhésives, votre cafetière… Lorsqu’un remplacement s’impose, vous pouvez opter pour des outils ou des appareils faits de matériaux écologiques (par exemple des plats en verre ou une planche à découper en bois).

« Pensez à la fin de vie de vos instruments, conseille Laure Mabileau, de l’Association québécoise Zéro Déchet. Une spatule en bois, je peux la mettre dans mon compost, mais la spatule en plastique, elle, se terminera en particules de plastique. »

Par ailleurs, faire l’épicerie en choisissant des aliments qui ne sont pas emballés dans du plastique, ce n’est pas une mince tâche! Vous aurez plus de chance si vous privilégiez les produits peu ou pas transformés, comme les œufs, la farine, les fruits et légumes, ou si vous allez dans les commerces qui proposent des produits en vrac. Il faut souligner que certains emballages en plastique permettent de conserver plus longtemps certains aliments. Les concombres anglais, par exemple, demeurent frais pendant 14 jours plutôt que 3 grâce à la pellicule de plastique qui les recouvre, selon Éco Entreprises.

Soit, à l’impossible, nul n’est tenu; Laurence Pechadre vous suggère donc de vous fixer une limite d’emballage en plastique, et également de choisir de gros formats pour en réduire la quantité. « Au lieu d’acheter un petit sac de carottes, j’en achète un gros, et la semaine suivante, je n’en achète pas », illustre la spécialiste de la transition écologique.

À l’épicerie, vous pouvez également apporter vos contenants réutilisables. De grandes enseignes les acceptent sous certaines conditions, notamment au comptoir des viandes et à celui des mets préparés. Les producteurs locaux de votre région acceptent plus facilement de remplir vos plats avec leurs aliments, d’après Laure Mabileau.

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L’auteure Chantal Plamondon éprouve de la difficulté à trouver une solution de remplacement aux sacs en plastique conçus pour la congélation. Elle a fait des essais avec des sacs en cire d’abeille, mais ces derniers ne sont pas transparents et hermétiques comme les sacs en plastique. Sarah King, de Greenpeace Canada, constate pour sa part qu’elle ne trouve pas de préparations pour nourrisson dont l’emballage est totalement exempt de plastique.

Dans la salle de bain

Chantal Plamondon avoue qu’elle a fait beaucoup d’essais et d’erreurs avant de tomber sur des produits sans plastique qui lui conviennent. « J’ai testé plusieurs shampoings en barre. Ils ne moussaient pas et me donnaient les cheveux gras, jusqu’à ce que je trouve le bon et que je l’aime mieux que tous les autres shampoings, même ceux en format liquide », raconte-t-elle.

Les savons en barre représentent une option sans plastique; vous pouvez les liquéfier à la maison si vous préférez ce format. Les déodorants enveloppés dans du carton, le dentifrice solide et le maquillage certifié biologique méritent aussi d’être considérés.

Attention : a priori, la brosse à dents en bambou peut sembler intéressante du point de vue environnemental. Une étude publiée en 2020 dans le British Dental Journal démontre que ses impacts — de la production jusqu’à la gestion des matières résiduelles — sont moins importants que ceux qui sont générés par la traditionnelle brosse à dents en plastique ou même celle qui est électrique. Cependant, les auteurs notent que la culture de plantes de bambou pour la production manufacturière nuit à la biodiversité et empêche la plantation d’arbres pour la captation du carbone.

Optez également pour des produits réutilisables, notamment pour ce qui est des serviettes hygiéniques, des rasoirs, des épilateurs et même des cure-oreilles, dont certains sont faits en tout (ou en partie) en bois.

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Jay Sinha peine à trouver une bonne crème hydratante pour le corps dont l’emballage n’est pas en plastique. Il lui arrive donc d’en acheter dans des contenants en plastique en pharmacie, surtout pendant les grands froids hivernaux.

Dans la chambre à coucher

Votre chambre à coucher regorge également de plastique, qui se trouve dans votre matelas ainsi que dans vos rideaux et votre tapis. Vos meubles en contiennent peut-être aussi, surtout s’ils sont fabriqués en mélamine. C’est sans compter vos vêtements et vos souliers.

Encore là, conservez vos biens jusqu’à la fin de leur durée de vie utile, après quoi vous pouvez opter pour des rideaux en lin ou un tapis en laine.

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Mission impossible 3
Vous n’arriverez pas à « déplastifier » votre garde-robe, qui déborde de polyester, de nylon, d’élasthane, etc. « C’est difficile de trouver un vêtement pur », avoue l’auteure Chantal Plamondon. L’experte de la transition écologique Laurence Pechadre achète pour sa part des vêtements d’occasion, pour éviter d’encourager l’industrie de la mode, qui a recours aux matières plastiques.

Faites-vous entendre!

Pour trouver davantage de biens de consommation sans plastique, les spécialistes interrogés vous suggèrent de faire entendre votre voix. Vous pouvez poser des questions aux fabricants sur les ingrédients qu’ils utilisent dans leurs produits et même leur demander de remplacer les emballages par des solutions sans plastique. « En tant qu’individu, si on change ses habitudes, on n’aura pas un gros impact sur les plastiques dans l’océan. Il faut vraiment que les entreprises modifient la manière dont elles emballent leurs produits. Elles ne subissent pas assez de pression de la part des consommateurs », affirme Chantal Plamondon.

Compostable, biodégradable ou oxodégradable?

Voici un petit lexique pour vous y retrouver dans le langage du plastique.

Plastique conventionnel : matière synthétique fabriquée à partir d’un combustible fossile (pétrole en grande partie).

Bioplastique : plastique biosourcé ou plastique biodégradable. Des organisations environnementales contestent l’utilisation de ce mot en raison de la confusion qu’il entraîne.

Plastique biosourcé : matière fabriquée à partie de la biomasse (blé, sucre, maïs, amidon, etc.). Elle est biodégradable ou non.

Plastique dégradable : matière qui perd ses propriétés ou qui se fragmente pendant une période allant jusqu’à 1 000 ans. Elle peut être biodégradable, oxodégradable ou compostable.

Plastique biodégradable : matière qui se décompose complètement après un certain temps par des organismes vivants dans des conditions où la température, l’humidité et l’oxygénation sont contrôlées.

Plastique oxodégradable : matière qui se fragmente sous l’effet du soleil, de la chaleur ou d’un stress mécanique en raison des additifs ajoutés.

Plastique compostable : matière qui se décompose en présence de microorganismes et qui produit du dioxyde de carbone (CO2), de l’eau, des composés inorganiques et de la biomasse dans un environnement contrôlé. Les centres de compostage municipaux ne traitent pas tous le plastique compostable. Consultez l’application de RECYC-QUÉBEC Ça va où pour avoir l’heure juste.

Sources : Éco Entreprises Québec et RECYC-QUÉBEC.

À lire aussi : Comment s’habiller de façon plus écoresponsable?

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  • Par Lyne Lessard
    19 Juillet 2023

    Bonjour, pour ce qui est de la crème pour la peau, j'ai recours aux produits Attitude. J'ai récemment acheté une huile sèche qui vient sous forme de bâton en carton. Aucun plastique, produit très hydratant et en plus, c'est une compagnie québécoise, donc peu d'émission de gaz à effets de serre pour le transport. Génial!