Bidet ou papier de toilette : lequel est le plus écologique?
Au printemps dernier, la pandémie de COVID-19 a poussé certaines personnes à faire de grandes provisions de papier hygiénique ou, à l’opposé, à se tourner vers le bidet.
D’après Brondell et Tushy, deux fabricants américains, les ventes de bidets étaient alors 10 fois plus élevées qu’avant l’arrivée du coronavirus.
Selon les deux entreprises, ces ventes étaient en croissance soutenue depuis quelques années déjà.
Il s’agit là d’un signe que les consommateurs semblent apprécier l’aspect hygiénique, mais aussi économique et écologique d’un tel appareil sanitaire, qui permet de se passer de papier de toilette ou, du moins, d’en diminuer grandement l’utilisation.
Des milliards de rouleaux aux égouts
Selon ICI Radio-Canada et le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), chaque Canadien utilise en moyenne deux rouleaux de papier hygiénique par semaine.
À 37 millions de personnes au pays, près de 4 milliards de rouleaux seraient donc envoyés aux égouts chaque année.
« Le papier hygiénique en soi est biodégradable, mais il ne peut pas être composté, parce qu’il est contaminé par plein de choses, notamment du plastique », explique Louise Hénault-Ethier, chef de projets scientifiques à la Fondation David Suzuki.
Après les égouts, c’est plutôt dans les sites d’enfouissement que ce papier termine son parcours.
Selon elle, l’impact environnemental du papier hygiénique est encore plus grand en amont.
En effet, fabriquer ce type de papier, en particulier à partir de fibres vierges, demande bien des ressources. Il faut transporter et transformer la matière première – c’est-à-dire les résidus de la coupe du bois − pour en faire du papier hygiénique, un processus qui demande beaucoup d’eau et d’énergie.
Néanmoins, le bidet est-il vraiment plus écologique ? Voyons voir.
Passer du jetable au réutilisable
Pour Louise Hénault-Ethier, il est clair que le bidet représente un meilleur choix que le papier hygiénique, puisqu’il permet de remplacer un produit jetable par un autre qui est réutilisable.
Compte tenu de l’absence d’étude sur l’impact du cycle de vie des bidets à ce jour, il est toutefois impossible de trancher cette question de façon définitive.
Or, une chose est sûre : le papier hygiénique fait à partir de fibres recyclées est un bon compromis en raison de son poids environnemental de 30 à 60 % plus faible que celui du papier fait de fibres vierges.
Quel bidet choisir ?
Les modèles les plus abordables sont des modules qui s’installent entre le siège et la cuvette d’une toilette ordinaire, et qui se détaillent à partir d’environ 60 $.
On trouve aussi sur le marché des sièges-bidets, vendus de 300 à 900 $, qu’il est possible d’installer sur une toilette régulière.
Enfin, certains bidets sont plutôt des bassins de céramique qui s’installent séparément de la toilette et qui vous rincent le popotin.
Au moment de choisir votre bidet, gardez en tête que sa fabrication elle-même a eu un impact environnemental. Les modèles les plus petits et les plus simples, qui n’intègrent pas de composants électroniques, devraient être ceux ayant des répercussions moins considérables sur l’environnement, analyse Louise Hénault-Ethier.
Et d’un point de vue financier ? L’achat d’un bidet peut se rentabiliser assez vite.
Prenons l’exemple d’un couple qui utilise quatre rouleaux de papier hygiénique par semaine, soit 208 rouleaux par année. À 0,75 $ le rouleau, cela représente une dépense annuelle de 156 $. En réduisant des trois quarts son utilisation de papier de toilette grâce au bidet, ce couple rentabilisera en moins d’un an l’achat d’un produit vendu à 100 $.
Du papier hygiénique plus écolo
Vous préférez continuer d’utiliser du papier de toilette ou vous prévoyez en utiliser un peu même après l’achat d’un bidet ? Voici deux caractéristiques à rechercher pour faire un choix aussi écologique que possible.
1. Les fibres recyclées.
Selon Louise Hénault-Ethier, le papier de toilette fait de fibres recyclées a un poids environnemental largement moindre que celui qui est fabriqué à partir de fibres vierges.
La spécialiste conseille d’opter pour un produit fait à 100 % de fibres recyclées et, autant que possible, de choisir des produits fabriqués localement, par exemple le Cashmere EnviroPlus de Kruger et le Fluff Enviro de Cascades.
2. Le label environnemental FSC [Forest Stewardship Council].
Ce sceau peut être apposé sur des produits fabriqués à partir de fibres vierges ou de fibres recyclées.
« C’est la seule certification crédible dans la gestion des forêts au Canada », affirme Oliver Kölmel, chargé de la campagne Nature et Alimentation à Greenpeace Canada.
Cette certification garantit que les forêts exploitées sont gérées de façon respectueuse des droits des peuples autochtones et que des mesures sont prises pour préserver les écosystèmes et habitats naturels à haute valeur de conservation.
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