Santé dentaire pour chiens et chats: mission prévention
Prendre soin des dents d’un chien ou d’un chat permet d’éviter des problèmes et des frais tout en gardant votre animal en santé plus longtemps. Voici comment.
Justine Plouffe adore ses matous : Cappuccino, un chat roux gourmand de 7 ans, et Mistral, un félin affectueux bleu crème de 4 ans. « Lors de ma première rencontre avec le vétérinaire, je lui ai demandé comment éviter les problèmes de santé dentaire, raconte-t-elle. J’entendais souvent parler de chats à qui on devait arracher des dents et je ne voulais pas que ça arrive aux miens. On m’a dit : brosse-leur les dents ! »
L’âge de l’éruption des dents d’adulte ainsi que la séquence dans laquelle elles poussent varient selon l’espèce et la taille de l’animal. Chez les chats, l’éruption a lieu autour de 3 à 4 mois, et chez les chiens, autour de 4 à 6 mois. C’est à ce moment-là qu’un vétérinaire est en mesure de vous indiquer la présence de dents retenues (dents de bébé ne tombant pas seules) et de dents incluses (qui restent dans la mâchoire sans percer la gencive), et de vous faire part de toute procédure recommandée dans ces cas de figure.
Cela dit, tous les spécialistes interrogés s’entendent sur le fait que ce qui prévient le mieux les complications liées à la santé dentaire des chats et des chiens, c’est le brossage quotidien de leurs dents. Si vous omettez de le faire, les traitements peuvent rapidement devenir onéreux.
L’autre geste préventif : un examen dentaire annuel. C’est que, même s’il continue de manger et d’être actif, votre animal souffre peut-être d’un problème qui affecte son confort. Dès la première visite chez le vétérinaire, informez-vous : la morphologie et l’âge de votre animal le prédisposent-ils à certains problèmes ? Que devez-vous surveiller ? Demeurez aussi vigilant quant au choix des jouets, de la nourriture et des produits et services auxquels sont attribuées des allégations en lien avec les soins dentaires.
Voici plusieurs conseils d’experts qui vous permettront de prendre soin des dents de vos animaux de compagnie.
Trois problèmes dentaires courants
Selon la vétérinaire clinicienne en dentisterie Josée Marcoux, trois problèmes dentaires sont plus fréquents que d’autres, autant chez les chiens que chez les chats. Il s’agit des dents fracturées résultant d’un traumatisme et de deux maladies spécifiques, soit la résorption dentaire (qui affecte les racines) et la maladie parodontale (qui s’attaque à la gencive et aux dents).
La résorption dentaire est plus courante chez les chats et se présente comme une lésion de la dent. « Dans ces cas, c’est comme si la gencive “mange” la dent en la recouvrant en partie. C’est extrêmement douloureux pour l’animal », explique la vétérinaire. Si le processus est trop entamé, l’extraction s’avère l’unique traitement possible. Seul l’examen dentaire permet de détecter la résorption, dont les causes sont encore mal connues.
En revanche, la maladie parodontale, elle, se prévient. Quand votre animal mange, des résidus alimentaires se mélangent à sa salive, ce qui nourrit les bactéries présentes dans sa gueule, formant ainsi un film blanchâtre, la plaque. Cette dernière s’enlève en bonne partie avec le brossage des dents. Si ce n’est pas fait, la plaque durcit pour former du tartre, qui se retrouve autant sur la dent que sous la gencive. Un détartrage est la seule manière de l’enlever. Cette procédure doit être faite sous anesthésie, par un vétérinaire ou une technicienne en santé animale, sous la responsabilité d’un vétérinaire.
Repousser le moment du détartrage contribue à l’accumulation du tartre. À long terme, cela est susceptible de causer de l’inflammation et même de mener à des abcès, à des dents mobiles ou à la perte de dents.
Le brossage des dents : essentiel et (presque) simple
« Le brossage, c’est vraiment la meilleure chose qu’on peut faire pour prévenir la maladie parodontale, insiste Josée Marcoux. Seul le brossage permet de nettoyer sous la gencive. » C’est aussi la façon la plus économique de garder les dents des chats et des chiens en santé.
Les avantages du brossage dépassent la simple élimination de la plaque. « C’est un aspect préventif important, poursuit la vétérinaire. La personne remarquera si une masse ou un abcès est présent. De plus, si l’animal accepte toujours de se faire brosser les dents et que, soudain, il refuse catégoriquement, il y a peut-être un problème sous-jacent. »
Utilisez le bon matériel
Choisissez une brosse à dents adaptée à la taille de la gueule de l’animal. « Vous pouvez prendre une de vos brosses à dents humaines pour un chien de taille moyenne. Pour les chats ou les petits chiens, une brosse à dents d’enfant sera préférable, précise Josée Marcoux. L’important, c’est que les soies soient souples. »
En ce qui a trait au dentifrice, il en existe de différents types (avec des saveurs « alléchantes », comme bœuf et poisson !). Votre vétérinaire ou votre technicienne en santé animale saura vous recommander un produit de qualité en fonction des besoins de votre animal.
Pour ce qui est du brossage, faites de votre mieux. « Idéalement, on brosse comme pour les humains de la gencive vers les dents, mais avec un animal qui gigote et qui n’est pas patient, passer la brosse sur toutes les dents, peu importe le sens, c’est mission accomplie ! » fait valoir Gabrielle Bergeron, technicienne en santé animale.
Entraîner son animal au brossage des dents
Afin que l’expérience quotidienne du brossage dentaire soit agréable autant pour l’animal que pour son propriétaire, vous devrez faire preuve de patience. Justine a entraîné ses deux chats durant la pandémie de COVID-19. « J’ai commencé par leur faire aimer la brosse à dents en mettant dessus une gâterie à lécher, et tout de suite, ils s’en sont approchés, relate-t-elle. J’ai ensuite visionné des vidéos d’un intervenant en comportement félin québécois [l’Éduchateur] qui donne de bons trucs pour apprendre une foule de choses aux chats. »
L’intervenante en comportement canin et toiletteuse comportementale Marianne Jauvin croit que la plupart des chats et des chiens sont capables de tolérer les manipulations dentaires, pour autant qu’on les y habitue lentement et sans pression. Il est possible de commencer de courts entraînements avec eux dès l’âge de 3 ou 4 mois, en gardant en tête que certains animaux sont naturellement plus sensibles de la gueule que d’autres.
Vous pouvez d’abord travailler le fait de s’asseoir à l’endroit prévu pour les manipulations ; cela peut être un tapis de yoga ou en mousse, comme le propose Marianne Jauvin : « Dès que Pitou ou Minou y reste quelques secondes, on le récompense, et chaque fois, on essaie d’augmenter un peu le temps sur place. » Ensuite, touchez ses épaules, sa tête et, finalement, son museau, avec une récompense à chaque étape. Enfin, il est possible de penser à relever ses babines et à introduire la brosse à dents. « Je recommande de récompenser l’animal au moment où son regard revient vers nous, pas quand il aperçoit la brosse », détaille l’intervenante. Le chien ou le chat semble excédé ? N’insistez pas; une mauvaise expérience risque de retarder l’apprentissage. Au besoin, consultez un intervenant comportemental pour obtenir des conseils personnalisés.
Nourriture, jouets, gâteries : ça marche ?
Les boutiques pour animaux présentent une offre généreuse de produits bucco-dentaires : de la poudre à ajouter à la nourriture pour réduire la plaque, des gâteries spécialisées, des additifs pour l’eau et même des bandelettes pour l’haleine ! Or, pour certains de ces produits, il n’existe aucune recherche indépendante démontrant leur capacité à déloger la plaque ou le tartre. Josée Marcoux recommande de rechercher le sceau « VOHC » (pour Veterinary Oral Health Council), preuve qu’au moins deux études indépendantes ont été menées pour qualifier l’efficacité du produit.

Certaines nourritures sèches ont aussi été conçues précisément pour aider à la santé dentaire des chats et des chiens. D’ailleurs, le sceau « VOHC » est présent sur quelques marques de nourriture qu’on trouve en magasin ou chez le vétérinaire. Gabrielle Bergeron les recommande « pour tous les animaux qui n’ont pas d’autres problèmes de santé ». Elle précise que ces croquettes « sont souvent plus grosses afin d’avoir un effet abrasif sur la dent », ajoutant que « certains produits alimentaires ont une incidence scientifiquement démontrée sur la plaque et le tartre, et parfois sur un des deux ». En fonction des besoins de votre animal, faites-vous conseiller par une technicienne.
Quant aux objets que vous offrez à votre animal pour l’amuser, ils ne sont pas toujours recommandés. « Les jouets à mâcher qui abîment les dents sont une source de consultation vétérinaire fréquente », confirme Josée Marcoux. Pour savoir si un jouet est sécuritaire, « on devrait pouvoir le plier et y enfoncer un ongle ».

- Les balles de tennis sont l’ennemi juré d’une belle dentition. « Elles ont l’air inoffensives, mais leur recouvrement est très abrasif pour l’émail, souligne la vétérinaire Josée Marcoux. C’est un peu comme y passer du papier sablé. »
La visite chez le vétérinaire

Vous fuyez de votre côté le dentiste, sous prétexte que vous vous brossez les dents ? Il faut éviter une telle réflexion même avec Pitou et Minou ! Ainsi, à partir de l’âge de 1 à 3 ans, selon la race et l’espèce, des radiographies dentaires et un détartrage sous anesthésie sont recommandés une fois par année (et ce, même si l’habitude du brossage des dents est bien ancrée). « En traitant les petits ennuis au fur et à mesure, on évite de se retrouver avec plusieurs gros problèmes à régler en même temps », indique Josée Marcoux.
Selon l’Association des médecins vétérinaires du Québec (AMVQ) en pratique des petits animaux, pour un chat adulte, il faut prévoir à l’heure actuelle environ 650 $ en prophylaxie dentaire (détartrage et polissage sous anesthésie générale) et 208 $ en radiographies dentaires par an. Pour un chien, le coût varie évidemment selon la taille de l’animal, mais l’AMVQ estime le montant annuel à partir de 718 $ pour une prophylaxie dentaire et de 266 $ pour des radiographies dentaires.
Vous avez envie d’économiser en achetant des trousses de détartrage maison ou de faire appel à des toiletteurs qui pratiquent le détartrage sans sédation ? Mauvaise idée. « On ne devrait jamais mettre des instruments pointus dans la bouche d’un animal éveillé », rappelle Josée Marcoux.
Il est donc important de planifier un budget pour ces soins. Toutefois, vous aurez peut-être de la difficulté à en estimer les coûts, puisque le diagnostic et le traitement se font en même temps, et ce, sous anesthésie. Vous pouvez aussi considérer souscrire une assurance pour animaux qui couvre les soins dentaires.
Quand consulter ?
Que faire si, entre les rendez-vous annuels, un pépin se pointe ? Quand un traumatisme majeur survient – un animal mordu au visage, heurté par une voiture, etc. –, il ne faut pas tarder à se rendre chez un vétérinaire. Vous devriez aussi prendre rendez-vous si votre chien ou votre chat saigne des gencives, commence soudainement à baver beaucoup, a l’air souffrant ou a cessé de manger.
Josée Marcoux prévient ceux qui ont un animal à la maison qu’un problème dentaire en cache parfois un autre. « L’année dernière, une propriétaire est venue consulter parce que son berger de 3 ans avait une dent cassée, se souvient-elle. Lors de l’examen initial, je n’ai rien trouvé d’autre. Afin d’enlever la dent, nous avons fait des radiographies sous anesthésie; j’ai alors vu, au fond de sa bouche, deux dents malformées et deux abcès. Il avait probablement mal à la gueule depuis environ deux ans sans que cela affecte sa capacité de manger ou son énergie. »
Il sent mauvais de la gueule !
Les bactéries qui s’accumulent sous la gencive causent une odeur désagréable dans la gueule. Si vous brossez les dents de votre animal quotidiennement, celui-ci ne devrait donc pas avoir mauvaise haleine. Dans le cas contraire, cela peut indiquer une maladie parodontale, ou encore des problèmes de diabète ou de maladie rénale, selon Josée Marcoux. Consultez un vétérinaire pour obtenir un diagnostic précis.
Attention aux animaux au nez écrasé
Les chiens et chats brachycéphales (dont le nez est court ou aplati), qu’ils soient de race ou issus d’un croisement, peuvent être davantage touchés que d’autres par des problèmes dentaires parfois complexes. « Ils possèdent le même nombre de dents, mais dans une mâchoire plus petite, nuance la vétérinaire Josée Marcoux. Leurs dents s’entassent parfois les unes sur les autres, ce qui crée des coins plus difficiles à nettoyer et où la plaque va donc s’accumuler. » Les éleveurs de ces races sauront vous informer de ces problèmes au moment de l’adoption. Le vétérinaire portera également une attention toute particulière à l’évolution des dents de votre animal lors des premières visites.
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