Pas de chenilles processionnaires au Québec

Avec les beaux jours reviennent des mises en garde sur les réseaux sociaux contre les chenilles processionnaires, pour vous ou vos animaux de compagnie. Les poils de ces insectes sont, en effet, particulièrement urticants, c’est-à-dire qu’ils peuvent provoquer une éruption cutanée ou une irritation passagère au contact de la peau. Ils peuvent également causer des problèmes respiratoires.

Mais vous n’avez aucune crainte à avoir : ces chenilles — qui tirent leur nom du fait qu’elles se déplacent en procession, soit en file — vivent en Europe. « Des chenilles processionnaires, il n’y en a pas au Québec », affirme en entrevue André-Philippe Drapeau Picard, préposé aux renseignements entomologiques de l’Insectarium de Montréal.

Sur le web, vous pourriez donc voir des messages de médecins ou de vétérinaires européens qui transmettent des avertissements… destinés à un public d’outre-Atlantique. « Il y a des gens [ici] qui ne se rendent pas compte qu’il s’agit d’un contexte européen », signale le spécialiste.

Ce dernier se souvient encore d’un article d’un quotidien d’ici publié en 2013 qui alertait la population quant à la présence croissante des chenilles processionnaires au Québec. Or, il s’agissait d’une information erronée. « Tout ça part d’une erreur d’identification [d’une espèce de chenille] », indique M. Drapeau Picard.

Ne pas confondre avec les chenilles à tentes

« Au Québec, il existe des chenilles qui ressemblent aux processionnaires, mais qui ne présentent pas du tout les mêmes risques pour la santé », assure l’expert.

C’est le cas notamment des chenilles à tentes, espèces grégaires et indigènes en Amérique du Nord. Contrairement aux processionnaires, elles ne se déplacent jamais en file. Elles n’arborent pas les mêmes couleurs non plus. Au printemps, « les chenilles à tentes peuvent être très abondantes, ce qui contribue à la crainte de certaines personnes à l’égard de nos chenilles », relève le spécialiste.

Vous pourriez les apercevoir regroupées dans les arbres, où elles produisent des habitacles de soie, appelés « tentes », avant de se muer en papillon.

Peu de réactions urticaires avec les chenilles du Québec

« Au Québec, seul un petit nombre d’espèces de chenilles possèdent des poils urticants », indique sur son site Espace pour la vie.

Le fait de manipuler une chenille poilue ne procure généralement pas de désagrément. Néanmoins, « le risque zéro n’existe pas », avertit Espace pour la vie. Selon les allergies et sensibilités propres à chacun, il est possible de s’exposer à des réactions allergènes ou à des éruptions ou irritations cutanées.

Les poils des chenilles constituent après tout un moyen de défense. « Et elles n’en ont pas beaucoup contre leurs prédateurs, que ce soit les mammifères, les oiseaux ou d’autres insectes », fait remarquer M. Drapeau Picard.

Aussi insolite que puisse paraître cet avertissement, ne portez pas de chenille à votre bouche, les muqueuses buccales étant très sensibles… « tout particulièrement celles des enfants », souligne l’expert. Gardez cela en tête si vous vous baladez en compagnie de jeunes enfants susceptibles de trouver un insecte coloré attrayant.

Attrayantes, les chenilles le sont résolument aux yeux d’André-Philippe Drapeau Picard, de l’Insectarium. « Elles sont source d’émerveillement, conclut-il. J’encourage les gens à les observer dans leur habitat, mais à le faire avec respect, sans nécessairement les toucher. »

Vous pouvez contribuer à l’étude de la biodiversité en relayant vos observations d’espèces végétales ou animales sur le site inaturalist.org.

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