Assurance voyage : six conseils pour éviter les ennuis
Avant de souscrire une assurance voyage, prenez le temps de bien évaluer vos besoins… et de lire tous les petits caractères! Voici des conseils d’experts pour prévenir les mauvaises surprises.
Ne comptez pas sur la RAMQ
Vérifiez votre couverture actuelle
Privilégiez une couverture complète
Évaluez les risques
Lisez toutes les exclusions
Méfiez-vous des conditions préexistantes
Ne comptez pas sur la RAMQ
C’est la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) elle-même qui vous le recommande : avant de quitter le territoire québécois, que ce soit pour Toronto ou Bangkok, pour deux jours ou pour six mois, contractez une assurance privée. Souscrivez à un forfait qui couvrira, en partie ou en totalité, les frais que la Régie ne prend pas en charge.
- Services professionnels : la RAMQ rembourse les services professionnels rendus par un médecin, un dentiste ou un optométriste jusqu’à concurrence des montants qu’elle a établis pour chaque type de consultation. À titre d’exemple : lors d’une consultation chez un médecin omnipraticien en Floride, on vous réclame 262,64 $ CA. Sur ce montant, la RAMQ rembourse 52,53 $. Si vous n’avez pas d’assurance, vous devrez payer 210,11 $.
- Services hospitaliers : la RAMQ ne rembourse pas tous les frais de services hospitaliers (hébergement en salle, repas, soins infirmiers, etc.) que vous pourriez recevoir à l’étranger. Elle rembourse un maximum de 100 $ par jour d’hospitalisation et jusqu’à 50 $ par jour pour les soins reçus à la consultation externe d’un hôpital (radiologie, etc.). Par exemple, pour une réclamation de 42 993 $ CA à la suite de huit jours d’hospitalisation en Caroline du Sud pour une pneumonie, la RAMQ vous rembourserait 800 $ pour les services hospitaliers et 2 480 $ pour les services professionnels. Vous devriez donc débourser 39 713 $.
La RAMQ recommande également de prendre une assurance privée pour voyager dans les autres provinces canadiennes, car des ententes interprovinciales permettent le remboursement des services hospitaliers, mais pas de tous les services professionnels, notamment la consultation d’un médecin. Ainsi, si vous voyez un omnipraticien dans sa clinique en Alberta, vous devrez payer de votre poche 84,20 $ des 125 $ facturés.
Vérifiez votre couverture actuelle
Regardez si votre assurance collective au travail peut vous protéger pendant votre séjour. « Pour des voyages de courte durée, de quelques jours à quelques semaines, cette assurance pourrait suffire », précise Suzanne Michaud, vice-présidente assurances à CAA-Québec.
Si ce n’est pas le cas, les garanties offertes par votre émetteur de carte de crédit pourraient être adéquates pour vous protéger pendant vos vacances. Relisez votre guide de distribution et votre contrat d’assurance voyage, que vous pouvez généralement trouver sur Internet. Certaines cartes de crédit proposent des couvertures calquées sur celles des compagnies d’assurance.
En règle générale, l’assurance de la carte de crédit s’applique uniquement si vous avez acheté tout votre voyage avec cet outil de paiement.
Quelques points à vérifier :
- Durée de la couverture. Celle-ci varie beaucoup d’une carte de crédit à l’autre. Certaines vous protègent pendant trois jours seulement, d’autres pour 15, 30 ou 60 jours. La durée de la couverture peut varier aussi en fonction de l’âge du détenteur de la carte. Si votre voyage excède la durée assurée, vous devrez avant de partir souscrire une assurance complémentaire pour les jours restants.
- Compte en souffrance ou carte inactivée. Vous pourriez ne pas être protégé en voyage si le compte de votre carte est en souffrance depuis plus de 90 jours ou si votre carte n’est pas activée.
- Personne assurée. Certaines assurances de carte de crédit couvrent seulement le détenteur de la carte et non le conjoint et les enfants ; n’oubliez pas de vérifier, rappelle Suzanne Michaud.
Attention : chez certains assureurs, si votre voyage excède la durée de protection de votre carte de crédit (par exemple, vous partez pour 35 jours et la protection offerte est de 30 jours), vous pourriez ne pas être couvert du tout. D’où l’extrême importance de vous informer avant de partir.
Privilégiez une couverture complète
« L’assurance voyage comporte plusieurs volets, dont l’un des plus importants est la garantie de soins médicaux d’urgence », rappelle Lyne Duhaime, présidente de l’antenne québécoise de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP). Elle vous couvre pour les services d’urgence, comme une intervention chirurgicale, dont vous pourriez avoir besoin à la suite d’un accident ou d’un problème de santé inattendu.
Selon les assureurs, la garantie de soins médicaux d’urgence peut aussi inclure votre transport, votre rapatriement et vos frais de subsistance. Pour une protection complète, choisissez une formule qui comporte les éléments ci-dessous :
- Un service d’assistance téléphonique. Si une situation nécessite des soins médicaux d’urgence, contactez ce service pour l’aviser que des frais seront engagés. Ne pas le faire pourrait avoir des répercussions sur l’indemnité à laquelle vous aurez droit. « Ce service vous prendra en charge, négociera les traitements appropriés, s’occupera du volet “administratif” de vos soins de santé et pourra même, au besoin, couvrir les frais d’un traducteur – qui peut même être un de vos proches – pour vous assister dans un pays dont vous ne parlez pas la langue », explique Suzanne Michaud, de CAA-Québec.
- Une assurance annulation et interruption de voyage, qui vous permet de récupérer les sommes payées d’avance si vous devez écourter ou annuler votre séjour pour des raisons exceptionnelles. Les motifs d’interruption ou d’annulation pris en compte comprennent généralement un accident, un problème de santé ou le décès d’une des personnes qui voyagent. Bien qu’il s’agisse d’une demande assez fréquente, les animaux de compagnie ne sont pas considérés comme un membre de la famille. « Si votre chien est malade juste avant votre départ, il ne sera pas possible de profiter de l’assurance annulation », indique Suzanne Michaud.
- Une assurance décès ou mutilation par accident. Elle prévoit des compensations en cas de décès ou de mutilation (perte d’un membre, de la vue, etc.) à la suite d’un accident survenu au cours d’un voyage. La compensation peut correspondre, par exemple, à un pourcentage du montant assuré, selon la nature et la gravité des pertes subies. Si vous êtes couvert jusqu’à concurrence de 200 000 $, par exemple, vous pourriez recevoir 50 % du montant, soit 100 000 $, pour la perte d’un bras ou le montant total pour la perte de vos deux membres lors de votre voyage.
- Une assurance bagages, qui couvre vos bagages, vos effets personnels ou pièces d’identité en cas de perte, de vol ou de dommages. Renseignez-vous sur les exclusions : elles sont souvent nombreuses. Elles pourraient concerner vos lunettes de prescription ou solaires perdues ou endommagées, votre matériel professionnel (par exemple, votre ordinateur ou votre instrument de musique si vous êtes musicien), le bris d’un article fragile, etc. « Les assurances habitation ont aussi une protection pour la perte ou le vol qui couvre jusqu’à 10 % des biens qui sont à l’extérieur des lieux assurés, ajoute Suzanne Michaud. C’est rare qu’on amène plus de 10 % de nos biens en voyage! » Par contre, il faut tenir compte de la franchise de notre assurance habitation.
Évaluez les risques
Une assurance voyage vous couvre en cas de situation urgente et imprévue seulement. Cela exclut les soins habituels – une visite de routine chez le médecin, par exemple – ainsi que les soins qui peuvent attendre votre retour au Québec. Plusieurs facteurs influent sur le montant de la prime à payer. Voici les principaux :
- La durée du séjour. Plus le séjour est long, plus le montant de la prime sera élevé. En règle générale, l’assurance voyage ne s’applique pas aux séjours de 183 jours ou plus à l’extérieur du Québec, car au-delà de 182 jours, vous n’êtes plus couvert par la RAMQ, une condition exigée par les assureurs. Dans certaines circonstances, vous pouvez faire une demande d’autorisation auprès de la RAMQ pour vous absenter plus longtemps. Informez-vous ici.
- La valeur du séjour. En ce qui concerne la politique d’annulation de voyage, certains assureurs limiteront leur engagement financier à un montant par voyageur, souvent celui des dépenses que vous avez déclaré au moment de souscrire. Par contre, plusieurs annoncent une « couverture illimitée » si vous devez interrompre votre voyage en cours de route.
- Le nombre de personnes. En général, chaque personne qui voyage est prise en compte dans le calcul de la prime. Certaines compagnies d’assurance proposent aussi des forfaits familiaux : seuls les parents paient, mais toute la famille est protégée.
- L’âge et l’état de santé des personnes à assurer. « À partir de 60 ans, un questionnaire médical est demandé par les assureurs », rappelle Suzanne Michaud, de CAA-Québec. Les questions peuvent porter sur votre santé pulmonaire, cardiaque et digestive et autres maladies chroniques, car vous êtes plus à risque d’avoir une condition préexistante (voir plus bas). L’assureur peut aussi s’intéresser à votre prise de médicaments – ayez votre liste d’ordonnances à portée de la main, conseille la spécialiste. « Pour les voyageurs plus âgés, faire un bilan de santé chez le médecin avant de partir est aussi une bonne idée, parce que les changements d’habitudes peuvent faire ressortir de petits bobos latents », poursuit-elle.
- La destination. Il se peut que certaines destinations ne soient pas couvertes par votre police. Cela peut être le cas pour des pays où la situation politique est instable. Vérifiez si des avis aux voyageurs demandant d’éviter tout voyage (essentiel ou non) ont été publiés par Affaires mondiales Canada ou par l’Agence de la santé publique du Canada.
Lisez toutes les exclusions
Tous les contrats d’assurance comportent des restrictions et des limites. Il s’agit de situations qu’un assureur ne veut pas couvrir. Et la liste est souvent longue.
En voici quelques exemples :
- l’abus de drogues et d’alcool ;
- les activités sportives à risque (plongée sous-marine, escalade, etc.) ;
- la naissance d’un enfant ou des complications liées à la grossesse ;
- les conditions préexistantes (lisez le conseil suivant), « mais certains assureurs permettent d’acheter une protection pour couvrir une condition préexistante », souligne Suzanne Michaud ;
- les dépenses découlant de vols spatiaux ou de tourisme dans l’espace (situation peu courante, mais mentionnée dans les contrats de certains assureurs!).
Sachez aussi que l’assurance frais médicaux d’urgence ne vous couvre habituellement pas si vous avez entrepris un voyage dans le but de recevoir des soins médicaux, paramédicaux ou esthétiques (par exemple une chirurgie expérimentale à Cuba non offerte au Québec ou une chirurgie mammaire offerte ici, mais moins chère en Tunisie), prévient Suzanne Michaud.
Méfiez-vous des conditions préexistantes
Les fameuses « conditions préexistantes » dont parlent les contrats incluent tout ce qui concerne votre état de santé avant l’entrée en vigueur de l’assurance. C’est une exclusion importante qui est souvent mal comprise par les consommateurs, explique Suzanne Michaud. Par exemple : vous avez une bronchite que vous soignez avec des antibiotiques. Une fois à l’étranger, la maladie se transforme en pneumonie. Êtes-vous couvert? Non, car la bronchite constitue un problème de santé préexistant connu au moment où l’assurance est entrée en vigueur.
Même conséquence dans le cas suivant : vous prévoyez partir deux mois en Floride. Comme l’assurance voyage de votre carte de crédit ne couvre que les 31 premiers jours de votre séjour, vous souscrivez une assurance complémentaire pour le deuxième mois. Après 25 jours de vacances, vous devez être hospitalisé une dizaine de jours pour une pneumonie. L’assurance de votre carte de crédit se termine après la première semaine de soins, ce qui correspond au 31e jour de votre voyage. Vous pensez que votre assurance complémentaire va prendre le relais? Faux. Lorsque la deuxième assurance entre en vigueur, votre état de santé est considéré comme une situation préexistante, explique Suzanne Michaud. Elle ne couvrira donc pas le coût rattaché aux derniers jours de votre hospitalisation.
Prendre une assurance complémentaire est donc un pensez-y-bien. Avant de partir, vérifiez si vous pouvez prolonger votre contrat d’assurance voyage, ce qui est souvent impossible avec les cartes de crédit. Autrement, il est plus prudent de souscrire à une seule assurance individuelle pour la durée totale du voyage.
Ce texte a initialement été publié en janvier 2022. Une mise à jour des informations a été faite en octobre 2025.
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