Projets résidentiels et développement durable: la banlieue se transforme

Dans le jardin communautaire, les voisins s&rsquo;&eacute;changent conseils et plants de tomates. Sur la Place Alta-Vista, centre n&eacute;vralgique du quartier, les framboises et les bleuets poussent en libre-service. Tout pr&egrave;s de l&rsquo;&eacute;cole de l&rsquo;Espace-Couleurs, les enfants jouent sur les terrains de sport, tandis qu&rsquo;un couple de coureurs rejoint le sentier qui serpente au c&oelig;ur d&rsquo;un vaste &laquo;&thinsp;corridor de biodiversit&eacute;&thinsp;&raquo;. En tendant l&rsquo;oreille, on pourrait presque entendre chanter une grenouille des marais.Bienvenue dans le quartier Urbanova, &agrave; Terrebonne, la banlieue nouveau genre. &Agrave; terme, ce projet d&rsquo;envergure unique en son genre accueillera 35&thinsp;000 r&eacute;sidents dans les 12 000 unit&eacute;s d&rsquo;habitation pr&eacute;vues. La taille d&rsquo;une ville moyenne. Mais le d&eacute;cor ne ressemble plus en rien &agrave; celui que les urbanistes dessinaient au si&egrave;cle dernier, soit celui de la banlieue avec ses maisons unifamiliales cord&eacute;es &agrave; l&rsquo;infini, ses pelouses tondues de pr&egrave;s et ses all&eacute;es asphalt&eacute;es souvent install&eacute;es devant un garage &agrave; portes doubles.Voil&agrave; &agrave; quoi ressemblait la banlieue o&ugrave; a grandi Genevi&egrave;ve Deslauriers dans les ann&eacute;es 1970. &laquo;&thinsp;J&rsquo;habitais &agrave; Sainte-Doroth&eacute;e, &agrave; Laval, dans un quartier de bungalows loin des commerces et des transports en commun. La protection de l&rsquo;environnement n&rsquo;&eacute;tait pas la priorit&eacute; des promoteurs. Mais on avait somme toute une belle qualit&eacute; de vie&thinsp;&raquo;, se souvient la directrice artistique ind&eacute;pendante. Install&eacute;e &agrave; Urbanova depuis 2014 avec son conjoint Patrice et leurs deux enfants, elle reconna&icirc;t que son nouveau lieu de vie est bien diff&eacute;rent de la banlieue de son enfance.&gt;&gt; &Agrave; lire aussi: 5 projets r&eacute;sidentiels &eacute;cologiquesIci, le d&eacute;veloppement durable est dans l&rsquo;ADN du projet&thinsp;: 600 hectares, soit pr&egrave;s de la moiti&eacute; de la superficie totale du quartier, correspondent &agrave; des milieux naturels prot&eacute;g&eacute;s (bois&eacute;s, ruisseaux, milieux humides). Urbanova est d&rsquo;ailleurs pr&eacute;sent&eacute; par son promoteur comme &laquo;&thinsp;le plus grand projet &eacute;coresponsable au Canada&thinsp;&raquo;. Les constructeurs ont des normes d&rsquo;&eacute;coresponsabilit&eacute; &agrave; respecter, tout comme les r&eacute;sidents lors de r&eacute;novations futures. Et, s&rsquo;ils ne sont pas encore construits, les commerces et services de proximit&eacute; (supermarch&eacute;, services administratifs, etc.) figurent dans les plans du promoteur immobilier.La dimension &eacute;cologique d&rsquo;Urbanova a beaucoup s&eacute;duit le couple, m&ecirc;me si vivre en banlieue a &eacute;t&eacute; une d&eacute;cision douloureuse &agrave; prendre pour Patrice, qui enseigne au Coll&egrave;ge d&rsquo;Anjou, dans l&rsquo;est de la m&eacute;tropole. &laquo;&thinsp;J&rsquo;&eacute;tais tr&egrave;s attach&eacute; &agrave; notre vie montr&eacute;alaise, avec les amis, les nombreuses activit&eacute;s culturelles et les loisirs&thinsp;&raquo;, dit-il. Mais ce changement de vie r&eacute;pondait aussi &agrave; un argument financier. &laquo;&thinsp;&Ccedil;a faisait des mois qu&rsquo;on cherchait &agrave; acheter une maison &agrave; Montr&eacute;al, explique Patrice. Lorsqu&rsquo;on a d&eacute;couvert Urbanova, on &eacute;tait &agrave; deux doigts d&rsquo;acheter un duplex pour un demi-million dans Rosemont&hellip; qui n&eacute;cessitait des travaux de r&eacute;no de plus de 150&thinsp;000&#8239;$. De la folie&thinsp;!&thinsp;&raquo;Leur maison de &laquo;&thinsp;ville&thinsp;&raquo; sur trois &eacute;tages avec garage leur a co&ucirc;t&eacute; moins de la moiti&eacute; de cette somme, soit 320&thinsp;000&#8239;$. Dans cet espace de pr&egrave;s de 150 m2 (1&thinsp;600 pi2), chacun a sa chambre &agrave; coucher, et les parents ont leur bureau au sous-sol. La pi&egrave;ce &agrave; vivre est vaste et baign&eacute;e de soleil. Dans la cour, Patrice et Genevi&egrave;ve ont fait creuser une piscine.Le prix au pied carr&eacute; de ce type de projet r&eacute;sidentiel est toutefois plus &eacute;lev&eacute; que celui des traditionnels quartiers de banlieue, observe G&eacute;rard Beaudet, urbaniste et professeur titulaire &agrave; la Facult&eacute; de l&rsquo;am&eacute;nagement de l&rsquo;Universit&eacute; de Montr&eacute;al. &laquo;&thinsp;L&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la nature et &agrave; des aires de conservation a un co&ucirc;t. Les nouveaux propri&eacute;taires sont pr&ecirc;ts &agrave; payer un peu plus cher pour l&rsquo;environnement et la qualit&eacute; de vie&thinsp;&raquo;, dit-il. Mais ce &laquo;&thinsp;un peu plus cher&thinsp;&raquo; demeure bien en de&ccedil;&agrave; des prix exorbitants de la m&eacute;tropole. - &laquo;&thinsp;L&rsquo;objectif de la densification est de contrer les effets pervers du d&eacute;veloppement de la banlieue des 50 derni&egrave;res ann&eacute;es.&thinsp;&raquo; - Florence Paulhiac, professeure au D&eacute;partement d&rsquo;&eacute;tudes urbaines et touristiques de l&rsquo;UQAM Le paradis sur terre&hellip; ou presqueDe Terrebonne &agrave; Saint-Eustache, de La Prairie &agrave; Brossard&thinsp;: sur la Rive-Nord comme sur la Rive-Sud, la banlieue se transforme au gr&eacute; des nombreux projets immobiliers qui s&eacute;duisent les consommateurs. Souvent pr&eacute;sent&eacute;s par les promoteurs comme le paradis sur terre, ces nouveaux quartiers pr&eacute;tendent reproduire la ville &agrave; la campagne, avec leur subtil &eacute;quilibre entre d&eacute;veloppement durable, qualit&eacute; de vie, acc&egrave;s &agrave; la nature et proximit&eacute; des services et commerces.Sandie Pratte et son conjoint vivent ce r&ecirc;ve &agrave; leur fa&ccedil;on dans le quartier Symbiocit&eacute;, &agrave; La Prairie. Plus modeste qu&rsquo;Urbanova en nombre de logements (1&thinsp;400 unit&eacute;s), Symbiocit&eacute; a fait les manchettes ces derni&egrave;res ann&eacute;es en raison de la pr&eacute;sence de la rainette faux-grillon, une esp&egrave;ce de grenouille menac&eacute;e par le chantier de l&rsquo;une des phases du projet (qui a &eacute;t&eacute; abandonn&eacute;e depuis).Les amoureux souhaitaient rester sur la Rive-Sud, o&ugrave; chacun avait son propre condo. En achetant ensemble une maison unifamiliale &agrave; La Prairie, en 2016, ils ont gagn&eacute; de l&rsquo;espace et un jardin, le tout en vue de fonder une famille. Le couple ne regrette pas son choix&thinsp;: &laquo;&thinsp;Nous avons eu un coup de c&oelig;ur pour le design et les pi&egrave;ces spacieuses de la maison, m&ecirc;me si au d&eacute;part, on ne connaissait pas grand-chose du quartier&thinsp;&raquo;, indique Sandie. Hormis l&rsquo;aire prot&eacute;g&eacute;e pour les grenouilles, ils ne savaient pas que ce projet immobilier pr&eacute;voyait un centre commercial et un ar&eacute;na. En marchant dans le bois&eacute;, ils peuvent d&eacute;sormais entendre chanter la rainette faux-grillon.C&rsquo;est bien beau, le d&eacute;veloppement durable, mais encore faut-il que ces quartiers r&eacute;pondent aux besoins de ceux qui les habitent&thinsp;: prix abordables, logements de qualit&eacute;, &eacute;quipements publics et commerces de proximit&eacute;, transports collectifs accessibles, nature environnante&hellip; Pour le moment, G&eacute;rard Beaudet n&rsquo;ose pas trop se prononcer. &laquo;&thinsp;La plupart des projets n&rsquo;ont pas fini d&rsquo;&ecirc;tre construits&thinsp;&raquo;, dit-il. Toutefois, il soul&egrave;ve un &eacute;cueil qui repr&eacute;sente une menace &agrave; leur r&eacute;ussite&thinsp;: la pr&eacute;sence insuffisante de commerces et de services, qui a pour effet de contraindre les r&eacute;sidents &agrave; utiliser encore et toujours leur automobile.&laquo;&thinsp;L&rsquo;&eacute;coresponsabilit&eacute;, c&rsquo;est aussi contribuer &agrave; r&eacute;duire le nombre de voitures sur les routes, observe Christian Savard, directeur g&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;organisme Vivre en ville. Souvent, les promoteurs ne font que la moiti&eacute; du chemin. Oui, ils portent attention &agrave; la qualit&eacute; de vie et &agrave; la protection des milieux naturels, mais je me m&eacute;fie de cette tendance au greenwashing [&eacute;coblanchiment], qui fait que certains projets s&rsquo;annoncent plus verts qu&rsquo;ils ne le seront, une fois termin&eacute;s.&thinsp;&raquo; Selon lui, le plus difficile pour les promoteurs immobiliers est d&rsquo;arrimer le quartier au r&eacute;seau de transport collectif. de personnes vivront dans le Grand Montr&eacute;al &agrave; l&rsquo;horizon 2031, contre 3,9&#8239;millions en 2016.Source&thinsp;: Communaut&eacute; m&eacute;tropolitaine de Montr&eacute;al (2016).L'auto est partoutSandie Pratte enseigne dans une &eacute;cole &agrave; Longueuil. L&rsquo;id&eacute;e de passer une quarantaine de minutes dans les transports en commun, matin et soir, ne l&rsquo;enchante gu&egrave;re. &laquo;&thinsp;Si je devais me rendre au travail en autobus, le trajet prendrait deux fois plus de temps qu&rsquo;en auto&thinsp;&raquo;, souligne-t-elle. M&ecirc;me chose pour Genevi&egrave;ve Deslauriers, qui est travailleuse autonome et peut travailler de la maison en semaine. Mais lorsqu&rsquo;elle doit rencontrer des clients &agrave; Montr&eacute;al, elle y r&eacute;fl&eacute;chit &agrave; deux fois avant d&rsquo;utiliser les transports en commun. &laquo;&thinsp;La gare du train de l&rsquo;Est &agrave; Terrebonne est &agrave; 10&#8239;km de chez nous, et y aller en autobus n&rsquo;est pas simple &agrave; organiser&thinsp;&raquo;, dit-elle. La voiture demeure l&rsquo;option la plus efficace.Pour faire leur &eacute;picerie, Genevi&egrave;ve et Patrice n&rsquo;ont pas le choix non plus de prendre leur voiture. &laquo;&thinsp;Un terrain dans le quartier a &eacute;t&eacute; r&eacute;serv&eacute; pour la construction d&rsquo;un supermarch&eacute;, mais tant que la masse critique d&rsquo;habitants ne sera pas atteinte, son implantation ne sera pas rentable&thinsp;&raquo;, suppose Patrice. L&rsquo;hiver dernier, un d&eacute;panneur a ouvert ses portes &agrave; quelques centaines de m&egrave;tres de leur maison. &laquo;&thinsp;Il y a de quoi acheter des bonbons, mais pas de quoi remplir le frigo&thinsp;!&thinsp;&raquo; s&rsquo;exclame-t-il.&gt;&gt; &Agrave; lire aussi: Mode d'emploi pour alimenter sa maison &agrave; l'&eacute;nergie solaireEn attendant l&rsquo;ouverture du Metro, ils prennent l&rsquo;auto pour faire leurs courses &agrave; Rosem&egrave;re, une ville situ&eacute;e &agrave; quelques kilom&egrave;tres de chez eux. &laquo;&thinsp;Dans les quartiers b&acirc;tis il y a 50 ans comme [dans] ceux construits r&eacute;cemment, nous restons d&eacute;pendants de l&rsquo;automobile&thinsp;&raquo;, analyse G&eacute;rard Beaudet.Christian Savard donne l&rsquo;exemple du Faubourg Boisbriand, &agrave; Boisbriand. Le lotissement comprend une zone industrielle, une zone commerciale et un quartier r&eacute;sidentiel de quelque 1&thinsp;700 logements. &laquo;&thinsp;Le programme r&eacute;sidentiel est int&eacute;ressant, les promoteurs ayant obtenu des certifications de type LEED pour les habitations [des b&acirc;timents &agrave; haute qualit&eacute; environnementale]. Mais le quartier a &eacute;t&eacute; implant&eacute; juste &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;un power center, tous deux s&eacute;par&eacute;s par des voies de circulation sans v&eacute;ritable trame pi&eacute;tonne, ce qui fait qu&rsquo;il est impossible de s&rsquo;y rendre &agrave; pied. Tant que nous serons dans une logique &ldquo;autorouti&egrave;re&rdquo; de d&eacute;placement, nous ne cr&eacute;erons pas de v&eacute;ritables milieux de vie qui r&eacute;unissent toutes les fonctions&thinsp;: logements, services, commerces, espaces verts, transport collectif...&thinsp;&raquo; Position qu&rsquo;occupe Montr&eacute;al dans la liste des m&eacute;tropoles nord-am&eacute;ricaines les mieux desservies par les transports en commun (apr&egrave;s New York, San Francisco et Toronto).Source&thinsp;: Communaut&eacute; m&eacute;tropolitaine de Montr&eacute;al (2016).Les &laquo;&#8202;ingr&eacute;dients magiques&#8202;&raquo; de la densificationOr, cette logique est appel&eacute;e &agrave; changer, puisque les municipalit&eacute;s n&rsquo;ont plus le choix de prendre en consid&eacute;ration le besoin de proximit&eacute; des r&eacute;sidents, affirme Florence Paulhiac, professeure au D&eacute;partement d&rsquo;&eacute;tudes urbaines et touristiques de l&rsquo;Universit&eacute; du Qu&eacute;bec &agrave; Montr&eacute;al (UQAM). Elle rappelle que le Plan m&eacute;tropolitain d&rsquo;am&eacute;nagement et de d&eacute;veloppement de la Communaut&eacute; m&eacute;tropolitaine de Montr&eacute;al (CMM) exige de ses 82 municipalit&eacute;s membres qu&rsquo;elles se densifient, en particulier autour de stations de transport collectif. Construire plus de logements sur une superficie moindre&thinsp;: tel est le nouveau d&eacute;fi de la banlieue.&laquo;&thinsp;L&rsquo;objectif de la densification est de contrer les effets pervers du d&eacute;veloppement de la banlieue des 50 derni&egrave;res ann&eacute;es&thinsp;&raquo;, pr&eacute;cise Florence Paulhiac. Fini l&rsquo;&eacute;talement urbain tricot&eacute; lousse autour de zones r&eacute;sidentielles, commerciales et industrielles que seule la voiture permettait de relier. Quoique&hellip; Les concepteurs du Quartier DIX30, tout moderne qu&rsquo;il soit, n&rsquo;ont pas compl&egrave;tement tourn&eacute; le dos &agrave; ce mod&egrave;le, car il est presque impossible de se d&eacute;placer &agrave; pied dans ce secteur, observe Christian Savard, de Vivre en ville.La solution&thinsp;? Cr&eacute;er des quartiers qui offrent une v&eacute;ritable mixit&eacute; de fonctions. Florence Paulhiac en &eacute;num&egrave;re les &laquo;&thinsp;ingr&eacute;dients magiques&thinsp;&raquo;&thinsp;: la densit&eacute; et la mixit&eacute; r&eacute;sidentielle des projets immobiliers, lesquels comprennent &agrave; la fois des studios, des condos &agrave; une, deux ou trois chambres, des appartements-terrasses (penthouses)&thinsp;; des commerces et des services de proximit&eacute; situ&eacute;s &agrave; moins d&rsquo;un kilom&egrave;tre de marche&thinsp;; des espaces publics de qualit&eacute; (terrains de sport quatre saisons, jardins communautaires, etc.), le tout organis&eacute; autour d&rsquo;une station de m&eacute;tro ou d&rsquo;une gare de train ou d&rsquo;autobus.Ce mod&egrave;le, ce sont les TOD (pour Transit Oriented Development), explique Suzy Peate, coordonnatrice ex&eacute;cutive &agrave; la Direction de la planification du territoire de la CMM. Onze projets TOD ont &eacute;t&eacute; s&eacute;lectionn&eacute;s ces derni&egrave;res ann&eacute;es dans la r&eacute;gion m&eacute;tropolitaine, de Montr&eacute;al &agrave; Saint-Bruno-de-Montarville en passant par Ch&acirc;teauguay et L&rsquo;Assomption (voyez la carte page 39). Le Grand Montr&eacute;al est en fait l&rsquo;une des r&eacute;gions m&eacute;tropolitaines d&rsquo;Am&eacute;rique du Nord qui pr&eacute;sente &laquo;&thinsp;la plus forte proportion de m&eacute;nages demeurant aux abords des stations de transport en commun &agrave; haute capacit&eacute;&thinsp;&raquo;, rapporte le Portrait du Grand Montr&eacute;al, &eacute;dition 2016 de la CMM.Mais toutes les villes ne disposent pas d&rsquo;une station de transport collectif ni de terrains disponibles &agrave; la construction. Le maire de Mirabel, Jean Bouchard, en sait quelque chose, lui qui r&eacute;clame depuis plusieurs ann&eacute;es que le train reliant Montr&eacute;al &agrave; Saint-J&eacute;r&ocirc;me s&rsquo;arr&ecirc;te &agrave; Mirabel. Son v&oelig;u est en voie d&rsquo;&ecirc;tre exauc&eacute;&thinsp;: le gouvernement provincial a r&eacute;cemment annonc&eacute; un investissement de 1,3&#8239;million de dollars destin&eacute; &agrave; r&eacute;aliser les plans et devis de la future gare de Mirabel. Celle-ci sera situ&eacute;e dans le secteur de Saint-Janvier, &agrave; l&rsquo;est de l&rsquo;autoroute 15.Le maire est convaincu que les 800 places de stationnement incitatif qui seront construites &agrave; proximit&eacute; de la gare seront utilis&eacute;es. Une mani&egrave;re de dire que les r&eacute;sidents de sa municipalit&eacute; sont pr&ecirc;ts &agrave; prendre les transports en commun. - &laquo;&thinsp;La banlieue s&rsquo;affranchit de plus en plus de la m&eacute;tropole, car elle est aujourd&rsquo;hui de mieux en mieux &eacute;quip&eacute;e.&thinsp;&raquo; - G&eacute;rard Beaudet, urbaniste et professeur titulaire &agrave; la Facult&eacute; de l&rsquo;am&eacute;nagement de l&rsquo;Universit&eacute; de Montr&eacute;al En banlieue, du berceau au tombeauPour r&eacute;pondre aux exigences de densification de la communaut&eacute; m&eacute;tropolitaine, la Ville de Mirabel, par exemple, envisage d&rsquo;acqu&eacute;rir le terrain du Club de golf Mirabel, situ&eacute; dans le m&ecirc;me secteur que la future gare de train. &laquo;&thinsp;L&rsquo;absence de terrains disponibles est la principale difficult&eacute; &agrave; laquelle se heurtent les municipalit&eacute;s de la banlieue pour cr&eacute;er des logements, explique Jean Bouchard. Mirabel est tr&egrave;s &eacute;tendue, mais 87&thinsp;% du territoire est zon&eacute; agricole, donc non constructible.&thinsp;&raquo; Comme le terrain de golf est situ&eacute; en &laquo;&thinsp;zone blanche&thinsp;&raquo;, on peut construire dessus, et il pourrait tr&egrave;s bien devenir un TOD.La Ville de Brossard a d&eacute;j&agrave; annonc&eacute; le sien. Solar Uniquartier s&rsquo;installera en face du Quartier DIX30. Co&ucirc;t de l&rsquo;op&eacute;ration&thinsp;? Plus de 1&#8239;milliard de dollars. Au total, 2&thinsp;500 unit&eacute;s seront construites, et 5&thinsp;000 nouveaux r&eacute;sidents pourront s&rsquo;y installer. Le quartier sera raccord&eacute; au futur R&eacute;seau express m&eacute;tropolitain (REM).La Ville de Terrebonne n&rsquo;est pas en reste&thinsp;: pr&eacute;sent&eacute; &agrave; l&rsquo;automne 2017, District Union s&rsquo;annonce comme un nouveau quartier &laquo;&thinsp;multir&eacute;sidentiel et multig&eacute;n&eacute;rationnel&thinsp;&raquo;. Il sortira de terre dans les prochaines ann&eacute;es, &agrave; proximit&eacute; de la gare du train de l&rsquo;Est, au croisement des autoroutes 40 et 640. Co&ucirc;t total du projet&thinsp;: 900&#8239;millions de dollars. L&agrave;-bas aussi, quelque 5&thinsp;000 nouveaux r&eacute;sidents sont attendus. &laquo;&thinsp;Ce quartier a &eacute;t&eacute; imagin&eacute; pour que vous puissiez y vivre de l&rsquo;enfance &agrave; la retraite, explique Marc-Andr&eacute; Plante, maire de Terrebonne.La typologie des logements est adapt&eacute;e &agrave; chaque &eacute;tape de la vie, de l&rsquo;achat d&rsquo;un premier condo &agrave; celui d&rsquo;un logement &agrave; plusieurs chambres jusqu&rsquo;&agrave; des r&eacute;sidences adapt&eacute;es pour les a&icirc;n&eacute;s.&thinsp;&raquo; Garderie, &eacute;coles, cliniques m&eacute;dicales, commerces, &eacute;quipements de sport et de loisirs, jardins publics et parcs seront am&eacute;nag&eacute;s.Selon G&eacute;rard Beaudet, les promoteurs immobiliers et les villes cherchent &agrave; s&rsquo;adapter &agrave; la nouvelle r&eacute;alit&eacute; des m&eacute;nages qu&eacute;b&eacute;cois, dont la structure s&rsquo;est beaucoup transform&eacute;e au cours des 20 derni&egrave;res ann&eacute;es. Personnes vivant en solo, familles recompos&eacute;es et familles monoparentales sont en forte progression. &laquo;&thinsp;De plus en plus de personnes seules cherchent un logement adapt&eacute; &agrave; leurs besoins, souvent dans des &eacute;difices en copropri&eacute;t&eacute; pour se lib&eacute;rer des obligations d&rsquo;entretien, de d&eacute;neigement, etc.&thinsp;&raquo;, illustre l&rsquo;urbaniste. &Agrave; l&rsquo;inverse, les familles qui comptent plus de deux enfants peinent souvent &agrave; trouver des logements &agrave; plusieurs chambres. De tels projets immobiliers r&eacute;pondront &agrave; leurs besoins, affirment les promoteurs.&gt;&gt; &Agrave; lire aussi: Copropri&eacute;taires, &ecirc;tes-vous bien assur&eacute;s?Ces quartiers pr&eacute;sentent toutefois un risque d&rsquo;embourgeoisement, avance Florence Paulhiac. &laquo;&thinsp;On sait qu&rsquo;en Am&eacute;rique du Nord, les populations &agrave; plus faibles revenus ont moins acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;auto et d&eacute;pendent souvent du transport en commun. Si vous construisez des logements en banlieue pr&egrave;s du train ou du m&eacute;tro, mais que vous ne contr&ocirc;lez pas le march&eacute; immobilier, il y a un risque de sp&eacute;culation et de hausse de prix, ce qui favorise in&eacute;vitablement la classe moyenne ais&eacute;e.&thinsp;&raquo; Toutefois, comme l&rsquo;&eacute;quit&eacute; sociale est au c&oelig;ur des pr&eacute;occupations de la R&eacute;gion m&eacute;tropolitaine de Montr&eacute;al, les promoteurs n&rsquo;auront pas le choix d&rsquo;int&eacute;grer dans leur offre des logements abordables pour &eacute;viter que ces nouveaux quartiers ne deviennent des isolats sociaux, croit la professeure. Quand Montr&eacute;al joue &agrave; la banlieueDes projets r&eacute;sidentiels qui favorisent le d&eacute;veloppement durable, les commerces de proximit&eacute; et la qualit&eacute; de vie, la Ville de Montr&eacute;al souhaite &eacute;galement en mettre sur pied pour contrer l&rsquo;exode de sa population, et en particulier pour les familles avec deux enfants et plus. Lors de sa campagne &eacute;lectorale, en 2017, la candidate Val&eacute;rie Plante avait d&rsquo;ailleurs annonc&eacute; vouloir faire du quartier de l&rsquo;hippodrome, dans C&ocirc;te-des-Neiges, un quartier &laquo;&thinsp;mod&egrave;le&thinsp;&raquo; destin&eacute; aux familles. Situ&eacute; &agrave; proximit&eacute; du m&eacute;tro Namur (ligne orange), ce lotissement pourrait &laquo;&thinsp;accueillir 16&thinsp;000 nouveaux r&eacute;sidents, offrir 60&thinsp;% de logements familiaux et compter notamment trois &eacute;coles, trois parcs, deux garderies, une biblioth&egrave;que et des commerces de proximit&eacute;&thinsp;&raquo;, promettait celle qui est aujourd&rsquo;hui mairesse de Montr&eacute;al.Pour G&eacute;rard Beaudet, urbaniste et professeur titulaire &agrave; la Facult&eacute; de l&rsquo;am&eacute;nagement de l&rsquo;Universit&eacute; de Montr&eacute;al, la revitalisation de ce secteur laiss&eacute; en friche depuis plusieurs ann&eacute;es compte beaucoup pour la m&eacute;tropole. &laquo;&thinsp;Construire &agrave; Montr&eacute;al co&ucirc;te cher. La Ville devra veiller &agrave; d&eacute;velopper des projets immobiliers capables de concurrencer ceux de la banlieue, qui profitent souvent d&rsquo;une v&eacute;g&eacute;tation &agrave; maturit&eacute; et d&rsquo;am&eacute;nagements paysagers de qualit&eacute;, en plus de proposer des prix au pied carr&eacute; abordables.&thinsp;&raquo; du territoire de la Communaut&eacute; m&eacute;tropolitaine de Montr&eacute;al est class&eacute; en zone agricole.Source&thinsp;: Communaut&eacute; m&eacute;tropolitaine de Montr&eacute;al (2016).La banlieue autonomeUne chose est s&ucirc;re&thinsp;: la banlieue s&rsquo;affranchit de plus en plus de la m&eacute;tropole gr&acirc;ce &agrave; ses nombreux &eacute;quipements de qualit&eacute;, estime G&eacute;rard Beaudet. Par exemple, plusieurs de ces villes disposent de grandes salles multisports int&eacute;rieures et de salles de spectacle qui n&rsquo;ont rien &agrave; envier &agrave; celles de Montr&eacute;al.Pensons &agrave; L&rsquo;&Eacute;toile Banque Nationale (situ&eacute;e dans le Quartier DIX30, &agrave; Brossard) ou au Z&eacute;nith, &agrave; Saint-Eustache. &laquo;&thinsp;Ces installations sont tr&egrave;s fr&eacute;quent&eacute;es, y compris par des Montr&eacute;alais&thinsp;&raquo;, pr&eacute;cise l&rsquo;urbaniste. Des quartiers comme Solar Uniquartier, &agrave; Brossard, misent aussi sur l&rsquo;offre culturelle et de loisirs. Ainsi, la future Place de la Gare, centre n&eacute;vralgique du projet, est imagin&eacute;e comme &laquo;&thinsp;un formidable lieu de spectacles, de projections cin&eacute;matographiques, d&rsquo;animation de rue et de performances musicales&thinsp;&raquo;. Rien de moins&thinsp;!La tendance se dessine&thinsp;: un nombre grandissant de gens passeront leur vie en banlieue, sans pratiquement mettre les pieds &agrave; Montr&eacute;al, assure G&eacute;rard Beaudet. &laquo;&thinsp;Et ils ne s&rsquo;en porteront pas plus mal.&thinsp;&raquo;Sandie Pratte avoue que si un artiste annonce un spectacle &agrave; la fois &agrave; Montr&eacute;al et au DIX30, elle privil&eacute;giera la salle de L&rsquo;&Eacute;toile Banque Nationale pour sa proximit&eacute; avec La Prairie, bien que les ponts ne lui fassent pas peur et qu&rsquo;elle aime sortir &agrave; Montr&eacute;al &agrave; l&rsquo;occasion. Patrice Gagnon et Genevi&egrave;ve Deslauriers, eux, adorent retrouver leurs amis sur le Plateau. Mais ils commencent dr&ocirc;lement &agrave; prendre go&ucirc;t aux activit&eacute;s culturelles de Terrebonne&hellip; ainsi qu&rsquo;aux ap&eacute;ritifs partag&eacute;s avec les voisins au jardin communautaire. - Le projet District Union, &agrave; Terrebonne. - Le projet La Cit&eacute; de Mirabel, &agrave; Mirabel. - Le projet Urbanova, &agrave; Terrebonne. Des projets par dizainesNous pr&eacute;sentons, ici, plusieurs projets immobiliers qui misent sur le d&eacute;veloppement durable ou l&rsquo;&eacute;coresponsabilit&eacute;, comme Urbanova, &agrave; Terrebonne, et Symbiocit&eacute;, &agrave; La Prairie.Nous avons &eacute;galement positionn&eacute; les 11 projets de TOD (Transit Oriented Development) soutenus par la Communaut&eacute; m&eacute;tropolitaine de Montr&eacute;al (CMM). De quoi s&rsquo;agit-il&thinsp;? D&rsquo;un &laquo;&thinsp;d&eacute;veloppement immobilier de moyenne &agrave; haute densit&eacute; structur&eacute; autour d&rsquo;une station de transport en commun &agrave; haute capacit&eacute;, comme une gare de train, une station de m&eacute;tro, un arr&ecirc;t de service rapide par bus&thinsp;&raquo;, selon la d&eacute;finition qu&rsquo;en donne la CMM. Situ&eacute; &agrave; distance de marche d&rsquo;un point d&rsquo;acc&egrave;s important du r&eacute;seau de transport collectif, le TOD offre des possibilit&eacute;s de logement, d&rsquo;emploi et de commerce, et il n&rsquo;exclut pas l&rsquo;automobile.

Projets résidentiels et développement durable: la banlieue se transforme

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