À 16 ans, mon minou est un vieillard. Selon le premier site au look pas très sérieux qui sort quand on cherche dans Google «âge de chat en humain», c'est même un «super sénior», qui aurait 80 ans s'il marchait sur deux pattes et s'appelait Sylvain.
Ce chat doit avoir une vie absolument palpitante quand je ne suis pas là, parce qu'il semble ÉPUISÉ. Il se lève parfois d'une sieste juste pour pouvoir aller en faire une autre ailleurs. Champion a un horaire de retraité qui ne s'est jamais mis au golf : il dort, mange, m'achale pour que j'ouvre la porte, dort un peu dehors, rentre, mange et dort.
Chaque fois qu'il y a un minichangement dans ce rythme de vie effréné, je me dis que, ça y est, il vient d'attraper la maladie qui va l'achever. Je ne veux pas sonner «emo», mais je vis en étant persuadé que la mort l’attend à chaque petit vomi que je ramasse. J'imagine que c'est ma façon de me préparer mentalement à l'issue inévitable de chaque adoption animale : à moins de ramener une tortue géante des Galápagos de l’animalerie, Minou, Pitou ou Perruchou va probablement partir avant vous.
Récemment, grand-papa Champion a passé une semaine sans manger et sans déféquer. Ce qui, même pas besoin de « googler », n'est pas bon signe. Le verdict du vétérinaire fut sans appel : ce chat… est en parfaite santé! Une crème à mettre dans l'oreille pour lui redonner de l'appétit (oui, dans l'oreille, j'ai lu les instructions) et un laxatif plus tard, le vieux matou était de retour sur la bonne voie. La Grande Faucheuse attendra donc encore un peu. La Grande Faucheuse et sa meilleure amie, la Grosse Facture.
Je crois qu'on ne doit pas à un animal la vie la plus longue, mais bien la vie la plus agréable qui soit. Déterminer le moment où le ratio longévité/vie qui fait ronronner n'est plus idéal est déjà complexe. La personne qui a pensé ajouter un aspect financier à cette question mériterait de passer le reste de l'éternité à vider avec une petite pelle une litière infinie.
Ma récente visite chez le vétérinaire a coûté 500 $. C'est raisonnable. Et je sais que si on m'avait proposé des tests coûtant 1 000 $, j'aurais sorti ma carte aussi rapidement. Payer 1 500 $? D'accord. Deux mille dollars? OK. Trois mille dollars? Quatre mille? Gniiiiii… Mon cœur dit oui; mon loyer : «Pas certain»; et mon esprit qui essaie d'être rationnel à travers les larmes a besoin de savoir de quoi la vie de Champion va avoir l'air après.
J'ai la chance de ne pas avoir eu encore à faire le macabre calcul, mais ça viendra dans les deux prochaines années. Les quatre prochaines, si tout va vraiment bien. En attendant, j'ai choisi de voir toutes les dépenses associées à mon chat comme un genre d'abonnement.
Je suis abonné à Chat+, un service qui me procure de l'amour, de l'affection et un approvisionnement ininterrompu de poils sur mon divan. En répartissant le vétérinaire, les croquettes, la litière et tout et tout, Chat+ me coûte peut-être 150 $ par mois. Et tout comme pour Netflix, ce tarif peut augmenter n'importe quand. Je n'en regrette quand même pas un sou. Parce que… non mais… avez-vous vu comme il est beau?!