Récemment, les résultats d’un sondage mené par le Groupe Banque TD m’ont interpellée. On y apprend que 88 % des parents québécois se sentiraient plus rassurés pour l’avenir de leur enfant si ce dernier acquérait des connaissances financières avant l’adolescence. Or, 67 % des parents ne se sentent pas équipés pour dispenser cette éducation financière.

Ces statistiques suscitent chez moi un questionnement : en tant que mère de deux jeunes adultes, ai-je réussi à contribuer d’une façon ou d’une autre à leur littératie financière, ou suis-je au contraire un exemple de « cordonnier mal chaussé » ?

J’admets que, lorsque mes filles étaient plus jeunes, mes interventions se sont limitées à tenter de leur inculquer la valeur de l’argent. Par exemple : « Maman doit travailler XX heures pour acheter la console Nintendo DS que tu voudrais pour ton anniversaire. » Simple, mais efficace.

Quelques années plus tard, lorsque nous sommes allées à la banque pour ouvrir leur premier compte chèque, nous avons ouvert du même coup un compte épargne. Je leur ai expliqué son utilité et comment elles pouvaient l’alimenter en y déposant une partie des cadeaux en argent reçus de leurs proches, ou une portion de leurs revenus comme gardiennes d’enfants. Quand elles ont grandi, d’autres sujets se sont glissés dans les conversations, par exemple la question du crédit ou le piège de l’endettement.

Aujourd’hui, ma fille aînée fait affaire avec mon planificateur financier et détient un CELI auquel elle contribue mensuellement. Quant à ma cadette, elle a compris les vertus de l’épargne et met de l’argent de côté pour pouvoir réaliser des projets de voyage, notamment.

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Épargne = liberté

Si je me réjouis de la belle progression de mes filles, je comprends aussi l’inquiétude de bien des parents. Car, à l’heure où les influenceurs financiers improvisés se multiplient et où de l’information souvent peu fiable circule sur les réseaux sociaux, il est facile de s’y perdre.

Qui parmi vous ne connaît pas quelqu’un qui est littéralement étouffé par son surendettement, ou qui a perdu des plumes en investissant dans des placements qui devaient rapporter gros ? Autant de bonnes raisons de guider nos enfants pour leur éviter de coûteuses erreurs financières et leur apprendre à épargner.

Le planificateur financier Simon Houle, secrétaire-trésorier de l’organisme ÉducÉpargne, remarque que le mouvement YOLO (You Live Only Once – Vous ne vivez qu’une fois) a pris de l’ampleur ces dernières années. Cette manière de voir a pu pousser des jeunes à s’endetter pour vivre cet événement unique qu’est leur vie !

Les conditions économiques actuelles — hausse des taux d’intérêt, inflation, etc. — peuvent également en décourager plusieurs. « Mais en inculquant la notion d’épargne tôt aux enfants, on leur apprend quelque chose d’important : l’argent mis de côté achète la liberté. Plus on économise, plus on gagne en liberté », assure-t-il. Qui dit plus d’épargne dit aussi davantage d’autonomie et moins d’anxiété financière.

Par conséquent, dès que l’enfant gagne un peu d’argent ou qu’il reçoit une allocation de ses parents, il pourrait commencer à économiser. Bien sûr, il sera plus motivé si vous l’aidez à se fixer des objectifs à court terme (s’acheter le ballon de basket ou le chandail à la mode qu’il convoite), puis des projets à moyen ou long terme (acquérir une auto, payer ses études, s’offrir un voyage, etc.). L’essentiel est de persister, d’appliquer le principe de l’épargne périodique et systématique dès que des revenus réguliers le permettent, puis de voir le chemin parcouru au bout de quelques mois ou quelques années d’épargne.

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Des ressources

Mais par où commencer ? Pour jeter les bases des connaissances qui serviront longtemps à vos jeunes, nul besoin d’être un professionnel de la finance ! Le gros bon sens et quelques outils bien choisis vous aideront dans cette tâche.

Selon Simon Houle, l’approche gagnante est de faire des finances personnelles un sujet de conversation de tous les jours, en donnant des exemples concrets. Quel est le montant mensuel du versement du prêt-auto ou de l’hypothèque, ce que cela représente par rapport au salaire gagné, ce que coûte l’épicerie, combien il faut d’argent pour pouvoir boucler le budget familial, etc. ?

On trouve beaucoup d’information et de conseils sur le site d’ÉducÉpargne, comme une grille budgétaire interactive et le guide 99 trucs pour économiser sans trop se priver.

L’Autorité des marchés financiers (AMF) n’est pas en reste avec sa Zone Jeunes qui offre plusieurs outils sur des sujets variés (investir, payer ses études, éviter la fraude financière, etc.) Sa Zone Enseignants peut aussi constituer une source d’inspiration pour les parents.

Pour les plus jeunes, Simon Houle recommande quelques livres sur les finances personnelles comme L’argent et moi, de Nataly Labelle, ou les bandes dessinées Lire et Tirelire du planificateur financier Charles Hunter-Villeneuve.

Pour les élèves des niveaux secondaire, collégial et universitaire, les simulations boursières pédagogiques BOURSTAD aident à s’initier à l’investissement en Bourse, alors que les jeux FinÉcoLab démystifient de nombreux concepts économiques. Le répertoire de ressources de l’AMF, en particulier la section Parler d’argent avec mes enfants, est également très utile. De quoi alimenter de bonnes discussions !

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