Les montres connectées pour sportifs extrêmes ont des capteurs pour tout et pour rien. Elles sont conçues pour analyser votre pas de course, votre amplitude durant la brasse ou votre coup de pédale. Mais comment se comportent-elles une fois que vous êtes sur des skis ou des raquettes ?
En complément du test de 70 montres intelligentes et d’entraînement de Protégez-Vous, j’ai soumis à un essai hivernal trois modèles assez récents de montres connectées. Dans les trois cas, il s’agit de montres de haute performance ou, en tout cas, de produits relativement haut de gamme. Leur prix en fait foi : 1100 $ pour l’Apple Watch Ultra, 1200 $ pour la Garmin epix et 700 $ pour la Suunto 9 Peak Pro.
À ce prix, vous ne voudriez pas vous tromper au moment de l’achat et hériter d’un gadget que vous laisseriez ensuite dormir dans le tiroir inférieur de votre table de chevet…
Et si vous cherchez une montre d’entraînement quatre saisons, ça se corse encore un peu plus. Car on ne fait pas nécessairement du ski alpin ou de la raquette comme on fait de la nage ou du vélo. C’est peut-être là le principal défaut de ces appareils : ils captent bien les données de l’activité, mais ces dernières ne sont pas toujours présentées ou interprétées ensuite de la bonne façon.
Voici donc le compte-rendu de mes essais récents glacés et enneigés.
Suunto 9 Peak Pro
L’avantage de la Suunto 9 Peak Pro est son prix. Ce modèle a été lancé par Suunto l’année dernière et reprend la forme de la Suunto 9, qui est devenue la Suunto 9 Baro puis la Suunto 9 Peak. La 9 Peak Pro a tout ce que les autres proposent, ajoute une batterie et un processeur améliorés, inclut davantage de capteurs de mouvement et présente une interface plus fluide.
Bref, tout ça serait parfait si ce n’est que les montres rivales font mieux sous bien des aspects. La Suunto 9 Peak Pro réagit plus lentement aux commandes que les autres, son affichage est beaucoup plus petit, pas mal moins lumineux et sa polyvalence est limitée par rapport aux deux autres modèles testés dans mes activités sportives. Son autonomie est de six jours. Elle est d’environ 40 heures avec le GPS activé.
Dans la pratique des sports d’hiver, la faible luminosité de son affichage la pénalise. Le reflet du soleil sur la neige la rend même par moments illisible. De plus, les petits boutons cordés serrés sur le côté du cadran sont difficiles à atteindre avec des gants.
Durant l’utilisation de cette montre, le cardiomètre a eu de la difficulté à capter le rythme cardiaque, ce qui en agacera plus d’un. Pendant une descente en ski alpin où cette information ― difficile à consulter sous le gant ― n’est pas si importante, ce n’est pas plus grave. Mais, pour un entraînement de ski de fond, c’est une donnée… vitale.
Impossible également de déposer dans la mémoire interne de la musique ou une carte de paiement, ou quelque chose qui permettrait de se défaire de son téléphone sans perdre pour autant les fonctionnalités de nos appareils intelligents, si pratiques aujourd’hui !
Cela dit, ce que cette montre cède en polyvalence, elle le reprend presque entièrement grâce à son application mobile et en ligne. La Suunto dresse, en effet, un portrait fort utile de la performance sportive à l’unité ou dans l’ensemble, que ce soit en skis, en planche ou sur patins. Autrement dit, la Suunto 9 Peak Pro est une montre pour des sportifs extrêmes qui sont aussi des puristes.
Cette montre n’a sans doute aucune chance de les distraire une fois qu’ils sont dans la nature, mais elle fait ce pour quoi ces sportifs la portent : colliger des données.
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Garmin epix (2e génération)
Garmin n’en est pas à sa première montre d’entraînement, mais l’epix est peut-être la meilleure que la compagnie ait jamais produite. Elle s’adresse aux sportifs, les vrais. À condition d’aimer les dimensions quand même assez imposantes de ce modèle au style robuste et durable, bien adapté pour un compagnon d’aventures extrêmes.
Son autonomie ― une grosse semaine entre deux charges ― est excellente. Pas aussi bonne que celle de la fénix 7, également de Garmin, mais suffisante pour toutes les utilisations. Son autonomie « minimale », avec l’antenne GPS et tous les capteurs actifs, est supérieure à 24 heures ininterrompues.
L’epix doit une partie de sa bonne autonomie à la présence d’un écran tactile de 1,3 pouce de diamètre de type AMOLED (peu énergivore), qui agit comme cadran en permanence et comme moniteur pour l’activité sportive en cours.
Les activités que l’epix peut suivre sont si nombreuses qu’on n’arrive pas en faire le tour en quatre saisons… c’est dire ! La montre dispose de modes de captation des données pour le ski de fond, la planche, le ski alpin, le patin, etc. Pour ceux qui sont férus de précision, les données sont variées et détaillées.
Seul bémol, dans la mesure où c’en est un : la fonction intelligente Stamina, qui aide le coureur ou le cycliste à améliorer sa performance en temps réel en lui donnant une indication de sa réserve d’énergie, n’est pas offerte pour les sports d’hiver.
Pour les plus aventuriers, Garmin inclut une cartographie GPS facile à consulter et qui fournit de l’information sur les sentiers, même l’hiver.
Pour tout le reste, il existe des applications à installer via WiFi à partir d’une boutique en ligne appelée IQ Connect. Vous pouvez le faire à même la montre ou via l’appli et un téléphone. Vous pouvez aussi charger de la musique directement sur la montre, à condition que les fichiers audios soient également disponibles sur le téléphone.
Enfin, Garmin offre le paiement sans contact Garmin Pay sur cette montre. Mais ne vous laissez pas prendre par ce mirage : seules certaines cartes Visa ou Mastercard sont compatibles avec ce système, et ces cartes ne sont émises par aucune banque canadienne.
Apple Watch Ultra
Les montres Suunto et Garmin se tiennent à un bout du spectre des montres d’entraînement extrêmes. L’Apple Watch Ultra, elle, est à l’autre bout.
Il s’agit d’un petit ordinateur très compact qui se porte au poignet et qui est conçu pour bien analyser les activités de plein air extrêmes, mais d’une façon qui ne l’empêche pas d’accomplir un paquet d’autres tâches qu’on associe plus naturellement à celles d’un téléphone intelligent.
L’Apple Watch Ultra a besoin d’un iPhone pour être activée. On peut ensuite la connecter au réseau cellulaire de son fournisseur, un service qui coûte au bas mot 15 $ par mois. La montre permet de laisser le téléphone à la maison, dans la voiture ou ailleurs que dans sa poche sans perdre le contact : téléphonie, messagerie, et même la musique en ligne continuent d’être accessibles.
C’est divertissant (la musique dans les oreilles) et assez pratique (on peut texter les amis ou la famille) durant une journée de ski ou de raquette, là où le réseau cellulaire est disponible. Pour une sortie plus longue (pensons à du camping d’hiver) ou pour des aventures en haute montagne où seul le LTE est disponible, l’autonomie tombe à 18 h entre deux charges. Cela double à 36 h si on éteint l’antenne LTE, et ça bondit à 104 heures tous capteurs éteints. Ça limite quand même son utilité durant de longues sorties.
L’avantage de l’Apple Watch Ultra est d’accueillir des tonnes d’applications tierces, certaines conçues exprès pour la planche ou le ski alpin (on recommande Snoww — oui, avec deux « w » — pour les curieux), la randonnée en sentiers (et un peu, par extension, la raquette) ou le ski de fond (Back Country Workout pourrait vous intéresser).
Aucun doute, l’Apple Watch Ultra est unique en son genre. Elle a cependant de grandes lacunes, à commencer par son autonomie et par le fait qu’elle n’offre pas les données collectées lors d’une activité de manière bien structurée. Mais sa polyvalence et sa connectique sont très à l’avenant, peu importe la saison.
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