Vous n’êtes pas familier avec le mot glamping ? C’est la contraction de deux termes, glamour et camping : il s’agit de cette nouvelle tendance en tourisme de plein air qui allie luxe, nature, confort et respect de l’environnement.
Tout ça pour vous dire qu’au moment où je tape ces mots, j’emmagasine plus d’énergie que j’en dépense en vous écrivant.
On ne peut pas dire qu’on a enfin percé le mystère du mouvement perpétuel. On n’a pas non plus maîtrisé la fusion nucléaire. Mais en convertissant suffisamment de la chaleur solaire en une électricité qui est directement stockée dans des piles au lithium relativement compactes, on s’en approche.
La génératrice qui alimente en silence mon poste de travail est de la marque américaine Bluetti. L’entreprise est toute récente : elle a été fondée il y a 5 ans et ses premiers produits ont été lancés au Canada et aux États-Unis en pleine pandémie. Il s’agit d’une filiale d’une entreprise chinoise appelée PowerOak et moins connue encore du public nord-américain que Bluetti.
Bluetti n’est pas la seule nouvelle marque dans le marché des génératrices solaires pour le camping. Ecoflow, Jackery, et même la marque chinoise de gadgets électroniques Anker se sont récemment lancées dans cette aventure.
Les campeurs plus aguerris savent aussi que ce marché n’est pas nouveau en tant que tel.
Ce qui est nouveau, c’est la combinaison d’un convertisseur de courant et de piles au lithium d’un bon format et à un prix pas trop exorbitant. Les génératrices électriques et solaires mises en marché depuis trois ans parviennent à rivaliser en termes de puissance avec des génératrices à essence conçues pour alimenter des véhicules récréatifs ou des roulottes de bon format.
Selon leur format et leur capacité, leur prix peut varier de quelques centaines à quelques milliers de dollars. La gamme Bluetti comprend des génératrices dont le prix varie de 1300$ à plus de 6000$. Pour comparer : des génératrices à essence qu’on trouve souvent sur des véhicules récréatifs peuvent coûter entre 1000 et 5000 dollars.
Plus d’énergie que nécessaire
Le modèle exact de la génératrice qui permet à ce texte de voir le jour s’appelle AC300. Il s’agit d’un modèle intermédiaire : sa puissance est de 3000 watts, avec un pic à 6000 watts, au besoin. C’est le genre de puissance qui permet de fournir en électricité plusieurs des appareils électroménagers qu’on retrouve en camping : un petit frigo (700 watts), un climatiseur sur pied (1000 watts) et quelques appareils portatifs (600 watts), le temps que ses batteries s’épuisent.
On trouve une dizaine de prises de courant sur la génératrice AC300. Cela inclut six prises de courant alternatif (AC) de 20 ampères et une prise de 30 ampères (communément appelée «prise de sécheuse»). Des ports USB-A et USB-C sont également de mise, ainsi que deux pavés de recharge sans fil Qi de 15 watts chacun.
C’est le couteau suisse des batteries d’appoint. Ça peut aussi faire office de batterie de secours : Bluetti vend un adaptateur qui transforme ses génératrices en un système d’alimentation d’urgence quand une panne de courant survient à la maison.
En camping, tout ça est un peu superflu. En ce moment, mon attirail a besoin d’environ 500 watts pour fonctionner. La génératrice qui alimente tout ça a une seule pile de 3072 watts-heure, mais ses deux capteurs solaires de 350 watts chacun produisent tout près de 600 watts d’énergie. Comme on dit, c’est du lourd. Littéralement, en fait : la batterie pèse à elle seule 36 kilos (80 livres)!
Cela dit, le soleil me fournit actuellement plus d’énergie que j’en dépense. Peut-être qu’un modèle plus modeste, comme la génératrice AC180, convient mieux aux besoins du campeur moyen.
Mais on ne se plaindra pas de pouvoir fonctionner normalement, tout en étant déconnecté du réseau, et en pleine époque de sobriété énergétique en plus!
Autonomie sur mesure
Il fait 23 degrés à Rimouski en ce moment et le ciel est légèrement voilé par de minces nuages. Ça fait varier la performance des capteurs solaires. C’est pour ça qu’une bonne batterie est aussi nécessaire.
L’intérêt d’emmagasiner plus d’énergie solaire qu’on en dépense, c’est qu’on peut ensuite continuer à alimenter ses appareils une fois le soleil couché, ou caché derrière les nuages. On peut aussi opter pour d’autres formes de recharge : une prise murale, une prise d’automobile de 12V ou d’autres sources plus conventionnelles font aussi l’affaire.
C’est là où il est important de choisir la bonne combinaison de génératrice et de batteries. Une batterie de 3072 watts-heure comme celle qui accompagne la génératrice mise à l’essai est bonne pour une heure d’autonomie si vous utilisez une puissance de 3072 watts. Les chances sont faibles que votre site de camping nécessite une telle puissance.
En moyenne durant mes deux journées d’essai, j’ai eu besoin d’environ 600 watts d’énergie au moment du réveil, puis sur l’heure du lunch, puis en fin de journée. Sans recharge, la batterie aurait été épuisée avant la fin de la deuxième journée. Avec la recharge solaire de la dernière journée et demie, il me reste présentement un peu plus de 30% d’autonomie.
Notez que nous sommes deux à travailler durant la journée, sur des ordinateurs personnels qui sont branchés au système. Leurs batteries sont aussi mises à contribution.
S’il en fallait plus, il suffirait d’ajouter jusqu’à trois autres batteries à l’ensemble. La génératrice a quatre connecteurs prêts à l’emploi, pour une capacité totale de 12,3 kilowatts-heure.
C’est beaucoup trop pour nos besoins en camping, ou même en «glamping», cette forme plus confortable de camping où on est presque aussi bien installés qu’à la maison.
Appelons ça, alors, du glamping à autonomie prolongée. Ou est-ce plutôt le camping du futur?
Photos: Alain McKenna