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Où trouver les poissons et fruits de mer du Québec?

Par Kathleen Couillard
Où trouver les poissons et fruits de mer du Québec? Pinkcandy/Shutterstock.com

Que ce soit pour mieux connaitre la provenance de vos aliments ou pour réduire l’impact environnemental de votre assiette, vous privilégiez l’achat local. Vous constatez toutefois qu’au rayon des poissons et des fruits de mer, les produits du Québec se font rares. Et pour cause : ils prennent majoritairement le large !

« Aujourd’hui, moins de 20 % des produits du Saint-Laurent marin pêchés ou élevés ici vont se retrouver sur nos tablettes », déplore Sandra Gauthier, directrice générale d’Exploramer, un organisme de sensibilisation du public à la préservation et à la connaissance du Saint-Laurent marin. 

Exportation et consommation en hausse

En 2019, près de 82 % des produits de la pêche québécoise ont été envoyés aux États-Unis, nos voisins du Sud étant particulièrement friands de crabe et de homard. Au total, nous avons exporté cette année-là pour plus de 336 millions de dollars de poissons et de fruits de mer, selon des données du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). 

La même année, seulement 14 % des poissons et des fruits de mer consommés ici provenaient de nos eaux, selon le MAPAQ, et nous avons importé pour 551 millions de dollars de produits de la mer. Notamment des crevettes de l’Inde, du saumon du Chili, du thon de la Thaïlande et des mollusques des États-Unis. 

En fait, nos importations internationales ne cessent d’augmenter : elles sont passées de 48 000 tonnes en 2015 à 61 000 tonnes en 2022, selon une analyse publiée par Mange ton Saint-Laurent, un collectif multidisciplinaire voué à la promotion de nos ressources liées à la pêche.

L’exportation des produits d’ici n’explique pas tout. En effet, la production de certaines espèces comme la crevette nordique et le flétan du Groenland est à la baisse et ne peut satisfaire l’appétit croissant des Québécois, selon l’auteur de cette analyse, Gabriel Bourgault-Faucher, chercheur à l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC). « Il manque environ 46 000 à 57 000 tonnes par année pour répondre à la demande québécoise », estime-t-il.

Des produits de qualité, mais plus chers

En théorie, les consommateurs québécois peuvent avoir accès à des arrivages de produits frais issus des pêcheries du Saint-Laurent, comme le crabe des neiges, la crevette nordique, le flétan de l’Atlantique, le flétan du Groenland, le homard, l’huitre et la moule bleue. Les bateaux québécois œuvrent essentiellement dans les eaux salées de l’estuaire et du golfe, mais quelques activités de pêche en eau douce ont lieu dans le fleuve Saint-Laurent et le lac Saint-Pierre. Les principales espèces qui y sont capturées sont l’esturgeon noir, l’esturgeon jaune, l’anguille et la barbote brune. Quant à l’aquaculture, elle permet notamment la production de truite arc-en-ciel et d’omble chevalier.

‍Type de pêcheQuantité priseRevenus générés
En eau salée45 000 tonnes de produits marins350 millions de dollars
En eau douce435 tonnes de poissons1,2 million de dollars
Aquaculture en eau salée – moules, huitres, pétoncles, oursins et algues428 tonnes de produits marins 3,4 millions de dollars
Aquaculture en eau douce – poissons1 100 tonnes de poissons9,3 millions de dollars

Source : MAPAQ

Or toutes ces délicieuses prises ne sont pas forcément disponibles l’année durant… et elles coutent parfois plus cher que les importations. « Les produits marins du Saint-Laurent sont des aliments haut de gamme », remarque Sandra Gauthier. 

Aussi, les pêcheurs et les éleveurs québécois doivent se plier à des normes très strictes destinées à protéger l’environnement et à assurer des conditions de travail adéquates à leurs employés. D’ailleurs, la plus grande différence entre notre pêche commerciale et celle pratiquée à l’étranger, ajoute Mme Gauthier, « c’est la gestion des ressources humaines autant sur les bateaux que dans les usines ». 

L’opacité et la complexité des chaines d’approvisionnement font en sorte qu’il est plus difficile de détecter les violations des droits de la personne et de l’environnement par les pêcheries étrangères. « Cet écart de normes provoque une concurrence complètement déloyale qui explique en bonne partie pourquoi le prix des produits importés est généralement moins élevé », écrit le chercheur Gabriel Bourgault-Faucher.

Une pêche écoresponsable et durable?

Cela dit, l’achat local ne peut suffire à responsabiliser l’industrie au Québec, nuance John Driscoll, analyste des politiques concernant la pêche pour la Fondation David Suzuki. « Soutenir les producteurs locaux et mieux connaitre les enjeux qui les touchent tout en se familiarisant davantage avec les écosystèmes est très bien, remarque-t-il. Cependant, cela ne garantit pas que ces produits sont pêchés de façon durable. » 

Sandra Gauthier reconnait que l’on pourrait faire mieux, mais ajoute du même souffle que le Canada ne s’en tire pas trop mal. « Nous sommes des modèles à suivre en ce qui concerne la gestion des stocks de pêche, et l’évaluation de la biomasse et des engins de pêche. » 

En eau marine, Pêches et Océans Canada assure l’encadrement de l’industrie, alors qu’en eau douce, c’est au ministère de l’Environnement, de la Lutte au changement climatique, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) que revient cette responsabilité.

Au Québec, la gestion des pêcheries comprend notamment l’établissement des quotas et des tailles de capture règlementaires, la mise en place de mesures pour réduire le risque de prises non désirées et la rédaction d’avis scientifiques sur l’évaluation des stocks. La règlementation encadre également l’exploitation des espèces en aquaculture et limite les effets possibles sur l’environnement.

« Pêches et Océans Canada et le MELCCFP ont des objectifs de conservation, explique Rabia Siga Sow, directrice des analyses et des politiques des pêches et de l’aquaculture au MAPAQ. Si un produit québécois est issu de la pêche commerciale, c’est qu’il a passé toutes les étapes nécessaires pour garantir la conservation de l’espèce. »

Comment reconnaitre les produits du Québec?

Une chose est certaine : c’est encore ardu pour bien des Québécois en quête de poissons et de fruits de mer d’ici.

« En ce moment au Québec, il n’existe aucune traçabilité officielle de nos produits marins, à l’exception des homards de la Gaspésie », déplore Sandra Gauthier. Dès la capture de ces crustacés, un médaillon Aliments du Québec portant un numéro de suivi, est fixé à leur pince pour certifier qu’ils ont bel et bien été pêchés au large de la péninsule gaspésienne. Il n’existe pas de programme de traçabilité du homard des Iles-de-la-Madeleine, mais celui-ci porte généralement un élastique où figure la mention Homard des Iles, IM ou Madeleine. Il incombe donc à chaque consommateur « de connaitre les poissons provenant du Saint-Laurent pour les repérer à l’épicerie », poursuit Mme Gauthier.

Qui sait que le Saint-Laurent n’abrite pas de sole – au Québec, on a de la plie, mais elle est parfois vendue sous le nom de sole –, et qu’on ne trouve pas de saumon québécois dans les épiceries ou les poissonneries ? 

Quelques initiatives ont été entreprises ces dernières années pour faire connaitre nos produits de la mer et en promouvoir la consommation. Le collectif Mange ton Saint-Laurent a mis en ligne un site pour aider les Québécois à découvrir et à s’approprier les ressources comestibles du fleuve, de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent. On y trouve une liste des commerces offrant l’une ou l’autre de ces espèces.

C’est aussi ce que propose Exploramer depuis 2019 avec la Fourchette bleue, un programme de valorisation des espèces marines méconnues du Saint-Laurent, comme le capelan, le sébaste atlantique ou la mactre de l’Atlantique. 

Le site met à jour chaque année un écoguide de ces produits de la mer à découvrir. « Si on diversifie davantage les espèces qu’on consomme, aucune ne sera mise en danger plus que les autres, et on s’assurera de limiter notre impact sur les fonds marins », remarque Sandra Gauthier. 

Restaurant, épicerie, poissonnerie : où trouver les poissons et fruits de mer du Québec?

Tout établissement commercialisant au moins deux espèces répertoriées dans l’écoguide d’Exploramer peut être certifié Fourchette bleue. Plus de 250 restaurants, poissonneries et épiceries se sont prévalus de cette certification. « Il est souvent plus facile de trouver une diversité de produits issus du Saint-Laurent en poissonnerie, admet Sandra Gauthier. Toutefois, les supermarchés commencent à s’ouvrir à cette nouvelle gamme. » En effet, 198 supermarchés Metro adhèrent à la Fourchette bleue. 

Le MAPAQ a également mis en ligne un site d’information sur les espèces marines québécoises et la saisonnalité des approvisionnements : Pêchés ici, mangés ici. Le ministère encourage par ailleurs les acteurs de l’industrie locale à acquérir une écocertification garantissant que la durabilité de la pêche ou de l’élevage a été évaluée en fonction de critères objectifs et transparents comme celle du Marine Stewardship Council. Plusieurs pêcheries en profitent déjà : celles du homard des Iles-de-la-Madeleine et de la Gaspésie, de la crevette nordique, du crabe des neiges et du flétan du Groenland.

Le MAPAQ offre par ailleurs trois conseils aux consommateurs désireux de se procurer davantage de produits québécois :

– Surveillez les arrivages de produits frais auprès de votre poissonnier ;

– Interrogez le poissonnier sur la provenance des produits ;

– Cherchez le logo Aliments du Québec.

Ce logo indique que le produit est composé d’au moins 85 % d’ingrédients québécois et que tous les ingrédients principaux (souvent les premiers de la liste) proviennent d’ici. De plus, l’aliment qui le porte a été entièrement fabriqué et emballé au Québec. 

Enfin, comme la période de la pêche est très courte au Québec, les produits surgelés ou en conserve constituent de bonnes options si vous souhaitez en manger toute l’année, rappelle Sandra Gauthier. Pensons par exemple à la truite fumée, à la truite arc-en-ciel, à la crevette de Matane, au flétan de l’Atlantique, mais aussi aux coquilles de fruits de mer ou à la chaudrée de mactre de Stimpson certifiés Aliments du Québec. « Les produits marins du Québec, c’est comme les petits fruits : à chacun sa saison. On en profite durant cette période et on congèle pour le reste de l’année. »

Ressources utiles

Fourchette bleue

Poissons et fruits de mer : qu’est-ce qu’on mange au Québec ? (Mange ton Saint-Laurent)

Recettes (Mange ton Saint-Laurent)

Pêches et aquaculture commerciales au Québec en un coup d’œil (MAPAQ)

Écocertification – pêches et aquaculture durables (MAPAQ)

Pêchés ici, mangés ici (MAPAQ)

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