Faut-il s’inquiéter de la popularité des boissons Prime ?
CHRONIQUE – Lancée par deux influenceurs, la gamme de boissons pour sportifs Prime Hydratation rencontre un franc succès auprès des adolescents. Devrait-on laisser nos jeunes en boire pour récupérer après l’effort ?
Couleurs vives, saveurs originales (comme « sucette glacée »), produits difficiles à trouver… Le succès de la marque Prime est d’abord celui de sa stratégie marketing, savamment orchestrée par Logan Paul et KSI, deux youtubeurs aux millions d’abonnés. Elle propose principalement deux gammes : Prime Hydratation, des boissons pour sportifs offertes dans plusieurs épiceries, et Prime Énergie, des boissons énergisantes vendues en ligne.
Sachez que cette dernière n’est pas autorisée pour la vente au Canada en raison de sa teneur trop élevée en caféine. Une enquête sur le sujet a d’ailleurs été demandée aux États-Unis. Par contre, Prime Hydratation, présentée comme une boisson hydratante sans caféine, génère depuis le printemps un véritable vent de folie dans les cours des écoles primaires et secondaires.
La première raison de sourciller tient au prix : nous avons trouvé le produit à 6,39 $ les 500 ml chez Metro. Comparé à celui du concurrent Gatorade, vendu à 6,49 $ l’emballage de six bouteilles de 591 ml chez le même détaillant, c’est tout simplement exorbitant !
Attention aux édulcorants
Les boissons pour sportifs ont généralement une teneur élevée en glucides, car ce sont les principaux carburants des muscles à l’effort. Idéalement, elles devraient en contenir de 6 à 8 g par 100 ml. Le Gatorade « bleu cool » en est un bon exemple : il affiche 36 g de glucides pour 591 ml. Mais, malgré un gout particulièrement sucré, le Prime « framboise bleue » en renferme tout juste 6 g pour 500 ml.
Un coup d’œil à sa liste d’ingrédients indique la présence de deux édulcorants, le sucralose et l’acésulfame de potassium. Or, selon l’Organisation mondiale de la santé, leur consommation est plus néfaste que bénéfique. Sans compter que leurs effets n’ont pas été étudiés chez les moins de 18 ans. Raison de plus pour surveiller la consommation de cette boisson par votre jeune de 12 ans !
Des vitamines superflues
L’étiquette de Prime Hydratation mentionne « Pour adultes seulement », « Pas pour la consommation des enfants », « Ne consommez pas plus d’une portion du produit par jour ». Vous vous en doutez, ces avertissements sont imposés au fabricant par Santé Canada.
Il s’agit d’une boisson supplémentée. Chaque bouteille contient 700 mg de potassium, soit quatre fois plus que le seuil autorisé sans mise en garde. Et ne vous laissez pas berner par sa teneur élevée en vitamines ! Au mieux, cela ne sert à rien. Les vitamines B6 et B12 qu’on y trouve sont solubles dans l’eau, si bien que, consommées en excès, elles sont expulsées par les reins. Quant au fait qu’une seule bouteille de Prime Hydratation apporte 100 % des apports journaliers recommandés en vitamines A et E, ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle. Le surplus ingéré, le cas échéant, sera stocké dans le foie et les tissus adipeux de votre jeune, ce qui peut nuire à sa santé.
Un coup de marketing avant tout
Les boissons Prime Hydratation devraient être consommées avec la plus grande modération. Ne vous laissez pas berner par les allégations qui visent à détourner votre attention, comme « sans gluten », ou par les ingrédients à la mode, comme l’eau de coco.
La meilleure façon de s’hydrater lors d’un effort physique modéré reste de boire de l’eau. Et c’est gratuit ! Si votre ado fait partie des athlètes qui effectuent des entrainements intenses de plus de 90 minutes, vous pouvez lui concocter une boisson pour sportifs maison à base d’eau, de jus et de sel*. Elle sera plus efficace pour l’hydratation et plus santé !
*1 part de jus, 1 part d’eau et ¼ c. à thé de sel par litre de boisson.

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