Attention

Votre navigateur n'est plus à jour et il se peut que notre site ne s'affiche pas correctement sur celui-ci.

Pour une meilleure expérience web, nous vous invitons à mettre à jour votre navigateur.

Comment prévenir et traiter les varices

Par Marie-France Létourneau
Comment prévenir et traiter les varices Kmpzzz/Shutterstock.com

Les varices, ces veines tortueuses observées sur les jambes, sont-elles une simple gêne esthétique ou le signe d’un problème de santé ? Causées par une insuffisance veineuse, elles touchent environ 20 % de la population, principalement les femmes. Sont-elles dangereuses ? Est-il possible de les prévenir ? Tour d’horizon des symptômes à surveiller et des traitements offerts.

Est-il dangereux d’avoir des varices ?

D’emblée, le Dr André Roussin, interniste vasculaire au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), cofondateur de la Société canadienne de médecine vasculaire et président sortant de la Société des sciences vasculaires du Québec, tient à se faire rassurant. Dans bien des cas, il n’y a pas lieu de s’alarmer. « L’impact de la plupart des varices est surtout esthétique, fait valoir celui qui est également professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Quand les gens me demandent si c’est grave pour la santé, je leur réponds un “non” catégorique. »

Manifestation de l’insuffisance veineuse superficielle, aussi connue sous le nom de maladie variqueuse, les varices sont causées par une « anomalie de structure des veines », explique le Dr Roussin.

À l’origine de cette anomalie : une faiblesse de la paroi d’une ou de plusieurs veines, ou encore une faiblesse des valves à l’intérieur de celles-ci. « Souvent, c’est une combinaison des deux, et cela entraîne l’augmentation de la taille du réseau veineux superficiel », souligne le professionnel de la santé.

Plus rares avant l’âge de 20 ans, ces dilatations veineuses apparaissent surtout dans la trentaine ou la quarantaine. « Comme les varices sont le résultat du vieillissement des parois et des valves des veines, elles s’accentuent graduellement avec les années », précise le Dr Roussin.

Les varices témoignent d’une mauvaise circulation sanguine, ajoute le Dr Fabien Lavoie, fondateur et directeur médical de la Clinique de phlébologie de Québec. « Une veine, ce n’est pas juste un tuyau, illustre-t-il. Elle est munie de valves qui permettent au sang de circuler seulement dans un sens. Le défi du sang est de remonter des jambes vers le cœur. Et s’il y a des valves défectueuses dans une veine, le sang a de la difficulté à y parvenir. Avec le temps, la pression augmente, la veine se dilate et devient tortueuse. »

Une perte de tonus de la veine, entre autres due au vieillissement, peut être à l’origine de la défectuosité des valves. Celles-ci laissent ainsi passer une partie du sang à contre-courant, d’où cette hausse de la pression et le gonflement de la veine. Les veines dilatées d’un très petit diamètre et d’une coloration bleuâtre et rouge sont qualifiées de varicosités, tandis que les varices, elles, sont plus grosses, profondes et souvent protubérantes. Elles se situent principalement sur les jambes.

Varices : les femmes plus touchées que les hommes

De l’avis des deux spécialistes que nous avons consultés, les varices sont surtout d’origine héréditaire. « La première question qu’on pose aux hommes et aux femmes qui viennent nous consulter, c’est : “qui a des varices dans votre famille ?”, indique le Dr Roussin. On se fait répondre, au minimum dans la moitié – si ce n’est pas dans le trois quarts – des cas que leur père ou leur mère a des varices. »

« Dans ma pratique, 90 % de femmes et 10 % d’hommes consultent pour faire traiter leurs varices, précise le Dr Fabien Lavoie. Les hommes n’ont pas tendance à le faire. Souvent, ils attendent très tard, quand ils ont des symptômes importants. »

Selon le Manuel Merck, une référence mondiale en matière médicale, les femmes « peuvent être plus susceptibles de développer des varices que les hommes, et [celles-ci] peuvent apparaître pour la première fois pendant la grossesse ». Les changements hormonaux chez la femme, liés aux grossesses ou à la ménopause, accroîtraient le risque d’avoir des varices.

La position verticale prolongée, l’obésité et le vieillissement peuvent également contribuer à l’apparition des varices chez les personnes prédisposées, précise le Manuel Merck. Ce trouble veineux peut affecter jusqu’à 20 % des adultes, principalement des femmes, selon la Société canadienne de chirurgie vasculaire.

Les varices ne résultent pas directement d’une blessure, liée par exemple à un coup reçu sur une jambe, selon le Dr André Roussin. Mais cela peut avoir un effet déclencheur. « On pourrait parler d’un facteur propice à l’apparition de varices, dit-il, mais ce n’en est pas la cause. »

Les signes à surveiller

Les symptômes des varices sont très variables. Certaines personnes n’en présentent aucun, tandis que d’autres noteront des démangeaisons, de la lourdeur dans les jambes ou de la douleur.

« Il y a des gens qui ont de grosses varices et n’ont aucun symptôme, tandis que d’autres n’ont qu’une petite varice sur le dessus de la jambe, et elle pique, fait mal et élance, note le Dr Roussin. C’est difficile à expliquer, mais ça varie beaucoup. »

« L’insuffisance veineuse superficielle n’a pas de conséquences médicales graves dans la majorité des cas, sauf quand les deux veines principales, la grande et la petite saphène [NDLR : veines qui assurent le retour du sang des membres inférieurs vers le cœur] sont très malades, précise le Dr Roussin. Cela peut mener à la dermatite de stase ou à un ulcère variqueux et ça nécessite une intervention. » La dermatite de stase est une inflammation de la peau des membres inférieurs due à une mauvaise circulation sanguine.

En cas de doute, il est préférable de consulter son médecin de famille ou de s’adresser à une clinique spécialisée en phlébologie, dont la plupart sont privées. En clinique, il est possible de passer un examen échographique pour évaluer la situation veineuse et obtenir des recommandations ciblées.

La présence de symptômes tels que de la douleur, des démangeaisons ou de la lourdeur aux jambes peut constituer une bonne raison de consulter un spécialiste, confirme le Dr Roussin. Toutefois, l’enflure des jambes n’est pas de facto associée aux varices, même si celles-ci peuvent en être responsables. Sa principale cause est plutôt l’inactivité, l’abus de sel dans la diète ou l’utilisation de certains médicaments.

Faut-il ou non soigner les varices ?

La question est pertinente, car une action n’est pas toujours nécessaire, selon le Dr André Roussin.

« La plupart des varices n’ont pas réellement besoin d’être traitées parce qu’elles n’ont pas de conséquences médicales, comme des plaies ou des phlébites, dit-il. Elles ont plus des conséquences esthétiques sur l’apparence de la jambe. » En ce sens, certaines personnes n’ont besoin que d’être rassurées et informées sur la nature de ces dilatations veineuses, croit le professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.

Des bas de contention pour plus de confort

Le port de bas de contention – dont il existe différentes catégories, tailles et modèles, selon le degré de compression – peut constituer une option à considérer pour pallier l’inconfort lié aux varices (fatigue des jambes, lourdeur, etc.). 

Comme ces bas exercent un effet de compression, ils contribuent à améliorer la circulation sanguine et à soulager certains symptômes. Mais cela ne guérit rien. « Ils ne réparent pas les valves ni la paroi des veines affaiblies », prévient le Dr Roussin.

Une ordonnance, d’un phlébologue par exemple, est nécessaire pour se procurer des bas à plus de 20 mm Hg (millimètres de mercure), qui offrent un degré de compression accru. Ces produits peuvent être achetés dans des boutiques spécialisées, notamment dans les laboratoires orthopédiques.

Les bas exerçant une faible compression (pour les personnes qui restent debout longtemps ou qui présentent de légers symptômes d’insuffisance veineuse, les femmes enceintes ou même les sportifs qui souhaitent s’assurer d’une meilleure circulation sanguine) sont pour leur part offerts, sans ordonnance, dans les grandes surfaces, comme les pharmacies.

Les prix varient d’environ 20 $ pour des bas en vente libre à près de 300 $ pour ceux vendus sur ordonnance.

Les traitements contre les varices

Si les varices causent des symptômes persistants ou de la gêne esthétique, il est possible de recourir à différents traitements offerts par les cliniques spécialisées pour les soigner et les faire disparaître. Un très grand nombre de cas peut être réglé au moyen d’une méthode « non invasive », affirme le Dr Fabien Lavoie, comme la sclérothérapie. Lors de cette intervention, un médicament est injecté dans la veine affectée afin que celle-ci se sclérose et que la varice s’estompe.

Le taux de succès de cette technique, également utilisée pour traiter les varicosités, est de 85 % et plus, précise le Dr Lavoie. Les dilatations veineuses réapparaissent rarement. Le coût des séances de sclérothérapie se situe, selon les endroits, entre 100 et 180 $. Le nombre de traitements varie en fonction de la complexité des cas. Aucune convalescence n’est nécessaire.

La technique du laser endoveineux peut être employée, sous anesthésie locale, pour traiter les veines de plus gros diamètre, explique le phlébologue de Québec. Son taux de succès est de 95 à 98 %. La chaleur du laser contribue à « fermer » les veines dilatées. Le rétablissement est rapide, et le retour au travail, possible dès le lendemain.

Le coût, d’environ 3 000 $ par jambe, est toutefois élevé. « Parfois, une combinaison de techniques peut être utilisée pour traiter les différentes varices », précise le Dr Lavoie.

La microphlébectomie ambulatoire et la chirurgie endoveineuse par radiofréquence sont également pratiquées par certains phlébologues. La première permet l’extraction d’une veine endommagée, tandis que la deuxième vise l’ablation de la varice par cautérisation.

Depuis une dizaine d’années, une technique qui prévoit l’injection d’une colle médicale dans les veines touchées gagne en popularité, selon le Dr Roussin. Elle est employée dans quelques cliniques et approuvée par Santé Canada.

Le coût de ces derniers traitements peut atteindre 5 000 $ par jambe. Les taux de succès sont élevés, et la douleur, minime. Certaines assurances privées peuvent rembourser une partie des frais encourus, précisent les experts.

Plus invasive et accompagnée d’une longue convalescence, une opération qui consiste à retirer la veine affectée est offerte, dans certains cas, à l’hôpital et est couverte par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).

Un produit de santé naturel, Venixxa, est vendu en pharmacie pour aider « à soulager les symptômes associés à la maladie veineuse chronique de légère à modérée, indique le Dr Roussin. Cependant, son efficacité, basée sur les données probantes d’études comparatives, peine à démontrer sa supériorité par rapport à un placébo ».

Prévenir l’apparition des varices

Est-il possible de prévenir l’apparition de varices ? Différentes sources recommandent de marcher et de faire de l’exercice régulièrement, de maintenir un poids santé et de ne pas rester trop longtemps assis ou debout et immobile. Le Dr André Roussin croit cependant qu’en matière de varices, le facteur héréditaire l’emporte sur ces conseils, qui favorisent davantage la santé des artères que celle des veines.

Adopter de saines habitudes de vie permet néanmoins de mettre toutes les chances de son côté pour conserver une bonne santé, confirme-t-il.

  Ajouter un commentaire

L'envoi de commentaires est un privilège réservé à nos abonnés.

Il n'y a pas de commentaires, soyez le premier à commenter.