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Quelque 60 % des aliments transformés devront afficher qu’ils sont élevés en gras, en sodium ou en sucres

Par Catherine Crépeau
Quelque 60 % des aliments transformés devront afficher qu’ils sont élevés en gras, en sodium ou en sucres Tatjana Baibakova/Shutterstock.com

Dès janvier 2026, les aliments transformés riches en gras saturés, en sodium ou en sucres devront afficher un avertissement destiné à favoriser l’adoption de saines habitudes alimentaires. Près de 60 % des produits les plus vendus au Québec seront touchés, selon une étude menée par des chercheuses de l’Université Laval.

Les aliments riches en gras saturés, en sodium ou en sucres totaux devront afficher sur le devant de leur emballage un avertissement afin d’aider les consommateurs à repérer les produits les moins nutritifs. Santé Canada imposera cette mention à partir du 1er janvier 2026 pour encourager l’adoption de saines habitudes alimentaires. Selon l’étude publiée dans la revue Public Health Nutrition, 60 % des aliments les plus vendus en épicerie seront touchés par cette obligation, à moins que les fabricants modifient d’ici là la composition nutritionnelle de leurs produits.

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- Le symbole d’avertissement « élevé en… » devra figurer sur l’emballage des produits dont la teneur en gras saturés, en sodium ou en sucres totaux dépasse au moins un des seuils établis, selon la catégorie alimentaire à laquelle ils appartiennent.

Pour arriver à cette évaluation, les auteures ont utilisé la base de données de l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire, rattaché à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval, qui recense la composition nutritionnelle de 5 132 produits dans 15 catégories d’aliments : céréales à déjeuner, pains tranchés, charcuteries, soupes prêtes-à-servir, pizzas, barres de céréales, plats surgelés, sauces pour pâtes, yogourts et desserts lactés, saucisses, biscuits, craquelins, collations salées, fromages fondus et boissons végétales ou laitières. Elles ont croisé ces informations avec celles de la base de données NielsenIQ, qui compile les ventes des produits dans les épiceries et supermarchés du Québec à partir de leur code-barres.

Les chercheuses ont ainsi obtenu le portrait de la qualité nutritionnelle de 3 941 aliments transformés qui se retrouvent fréquemment dans le panier d’épicerie des ménages québécois. Elles ont ensuite tenté de déterminer quels produits devront porter l’avertissement nutritionnel « élevé en… » en utilisant un seuil de 15 % de la valeur quotidienne (VQ) de chacun des nutriments pour la plupart des produits et de 30 % pour les plats surgelés et les pizzas.

Trop de sodium dans 4 produits sur 10

L’exercice a permis d’établir que parmi ces 3 941 produits :

  • 39 % ont une teneur élevée en sodium;
  • 17 % ont une teneur élevée en sucres;
  • 16 % ont une teneur élevée en gras saturés.

Si aucun changement n’est apporté à leur composition nutritionnelle :

  • 46 % de ces produits devront porter l’avertissement pour un nutriment;
  • 13 % pour deux nutriments;
  • 0,5 % pour trois nutriments.

Au total, 60 % des produits analysés devraient afficher l’avertissement pour au moins un nutriment.

Voici les aliments qui renferment les teneurs les plus élevées en ces nutriments :

  • sodium : les charcuteries, les fromages fondus et les saucisses;
  • gras saturés : les biscuits, les fromages fondus et les saucisses;
  • sucres : les biscuits, les barres de céréales et les céréales à déjeuner.

Les saucisses, les pizzas et les biscuits sont les catégories où les produits porteront le plus souvent des avertissements pour au moins deux nutriments.

À l’inverse, le plus souvent, ce sont dans les catégories des yogourts, des céréales à déjeuner, des craquelins et des barres de céréales que les produits n’auront à afficher aucun avertissement.

Des résultats similaires dans nos évaluations nutritionnelles

Ces résultats sont comparables à ceux de nos dernières évaluations nutritionnelles, effectuées en collaboration avec deux coauteures de l’étude, les nutritionnistes Sonia Pomerleau, professionnelle de recherche à l’Observatoire, et Alicia Corriveau, professionnelle de recherche à l’INAF. Parmi les 298 variétés de céréales à déjeuner évaluées, 64 % dépassent la limite de sucres établie par Santé Canada et porteraient un avertissement pour l’indiquer, et 14 % afficheraient le symbole pour le sodium. Du côté des barres tendres, 14,5 % des 124 produits analysés porteraient l’étiquette pour les sucres et 7 % pour les gras saturés, alors que 71 % des 38 galettes à végéburgers testées devraient afficher un symbole nutritionnel pour le sodium (22 produits), le gras saturé (1 produit) ou les deux (5 produits).

Bien qu’elle compile des données sur la composition nutritionnelle des aliments depuis des années, Sonia Pomerleau a eu des surprises. « J’ai été étonnée par la grande variabilité dans la qualité des produits d’une même catégorie. On peut avoir du très bon et du très mauvais, comme avec les barres de céréales. Ça montre qu’il y a de la place pour l’amélioration des produits et que certains fabricants réussissent. »

Reformuler les recettes

Certains aliments pourraient échapper à l’obligation d’afficher un avertissement grâce à une simple reformulation de leur recette. En simulant une diminution de 5, 10 et 15 % de la teneur en gras saturés, en sodium et en sucres totaux, les chercheuses ont démontré que ce changement suffirait pour retirer le symbole « élevé en » d’un grand nombre de produits.

Ainsi, une réduction de 5 % de la teneur en sodium des pains tranchés ferait passer de 70 à 48 % le pourcentage de produits devant porter la mention « élevé en sodium ». La proportion chuterait à 19 % dans le cas d’une réduction de 15 %. Du côté des biscuits, alors que 77 % des produits devraient porter une mention « élevé en sucres », ils ne seraient plus que 49 % grâce à une diminution de 10 % des sucres.

Par contre, une réduction de 15 % de la teneur en sodium des soupes prêtes-à-servir et des charcuteries serait insuffisante : 97 % des produits de ces catégories conserveraient une teneur élevée en sodium. « C’est surprenant de voir comment les soupes présentent un mauvais profil nutritionnel. Pourtant, s’il y a bien un repas qui peut être santé et qui est facile à cuisiner, c’est une soupe », relève Sonia Pomerleau.

Le retard des fabricants de soupes en ce qui concerne l’amélioration de la composition de leurs produits, par rapport à d’autres catégories, pourrait s’expliquer par l’échec commercial de Campbell qui a tenté de diminuer de 10 à 25 %, voire de 50 %, la teneur en sodium de certains de ses produits. « Les études démontrent que jusqu’à une réduction de 20 %, les consommateurs ne s’aperçoivent pas du changement, et on sait qu’une réduction de 5 à 10 % [des trois nutriments visés par le nouvel étiquetage] suffit souvent pour éviter l’avertissement. Imaginez si tous les produits concernés par le nouvel étiquetage étaient reformulés pour l’éviter; ça aurait un impact important sur la santé de la population », souligne Sonia Pomerleau.

Un outil pour aider les entreprises

Un des objectifs sous-jacents des symboles d’avertissement est d’inciter les entreprises de l’industrie alimentaire à reformuler leurs produits afin d’éviter l’affichage de cette mention sur leurs emballages.

L’étude réalisée par les nutritionnistes de l’Observatoire se veut un portrait de la situation actuelle, avant l’implantation de la nouvelle réglementation, ce qui permettra d’évaluer les progrès réalisés dans la reformulation des recettes au cours des prochaines années. « Faire des changements, ça prend du temps, de l’argent et des ressources humaines, nous disent les fabricants. Nous, on veut les aider dans leurs démarches pour améliorer l’offre nutritionnelle sur le marché », résume Sonia Pomerleau.

L’Observatoire, en collaboration avec l’industrie, a mis au point le simulateur calculateur d’amélioration nutritionnelle SCAN ! pour soutenir les efforts de reformulation. L’outil dédié aux transformateurs bioalimentaires fait appel aux données de l’Observatoire. Il permet aux fabricants d’évaluer les effets de la reformulation de leurs produits et de les situer par rapport à la concurrence, explique la nutritionniste. Les entreprises qui souhaitent ensuite modifier leurs recettes peuvent profiter, par exemple, d’un accompagnement professionnel.

À lire aussi : Du pain plus salé que des frites et Comment reconnaitre et éviter les aliments ultratransformés? 

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