Gels antibactériens: ils donnent «un faux sentiment de protection»
Les gels antibactériens peuvent donner aux consommateurs un faux sentiment de protection. Conseils pratiques pour les utiliser à bon escient.
Depuis la pandémie de grippe A H1N1, les gels antibactériens (Purell, One Step, etc.) se sont invités dans notre vie quotidienne. Au cours de la seule année 2009, leurs ventes ont augmenté de 44 %, représentant un marché de 22 millions de dollars au Canada*. Or, la FDA vient de diffuser, le 20 avril dernier, une mise en garde contre des annonces mensongères publiées par certaines marques de gels antibactériens, dont l’enseigne CleanWell commercialisée au Québec. Les marques mises en cause assurent prévenir la grippe A H1N1, la bactérie Salmonelle ou encore les infections au SARM, un staphylocoque résistant à la méticilline.
Des affirmations réfutées par la FDA: «les consommateurs sont trompés s’ils pensent que ces produits commercialisés en pharmacie ou dans des magasins grand public peuvent les protéger contre une infection potentiellement mortelle. Ces produits donnent aux consommateurs un faux sentiment de protection», prévient Deborah Autor, du Centre d’Évaluation et de Recherche sur les Médicaments de la FDA. Faudrait-il donc douter de l’efficacité des gels antibactériens? Il convient surtout de bien comprendre le rôle mais aussi les limites de ces produits.
Privilégier un produit qui contient au moins 60% d'alcool
«Dans les centres hospitaliers, nous ne parlons pas de gels antibactériens mais de solutions hydro-alcooliques (SHA), précise Anne-Marie Lowe, conseillère scientifique à la Direction des risques biologiques et de la santé au travail de l’Institut National de Santé Publique du Québec (INSPQ). Comme leur nom l’indique, ces solutions sont composées d’eau et d’alcool, que ce soit sous forme de liquide, de gel ou de mousse.» Car l’efficacité in vitro de l’alcool a été démontrée contre les bactéries, les champignons et certains virus. Si d’autres types de gels antibactériens sont commercialisés, sachez que le ministère de la santé et des services sociaux du Québec conseille à la population l’usage d’un produit contenant au moins 60 % d’alcool.
Un bon choix en cas d'absence de point d'eau
L’Organisation Mondiale de la Santé conseille tout autant le lavage classique des mains que l’utilisation de solutions hydro-alcooliques pour enrayer la transmission des maladies infectieuses. «Les solutions hydro-alcooliques ne sont pas moins efficaces qu'un lavage des mains au savon, souligne Anne-Marie Lowe. Elles contiennent en outre des émollients, de l’aloès par exemple, qui permettent d’éviter l’assèchement des mains que peut causer le lavage des mains à l’eau et au savon.» Ces produits trouvent tout leur intérêt lorsqu’il n’y a pas de point d’eau à proximité, par exemple après avoir éternué ou toussé, après un passage dans un environnement collectif, ou encore avant de manger.
Des précautions à prendre
Vous venez de jardiner ou de cuisiner? Rien ne peut alors remplacer le bon vieux lavage à l’eau et au savon. Car les solutions hydro-alcooliques ne sont pas efficaces lorsque les mains sont visiblement sales. Comme le rappelle Anne-Marie Lowe, «si les mains sont souillées, seul le lavage mécanique peut éliminer les particules de saleté, comme le gras ou la terre». Pas question non plus d’utiliser une solution hydro-alcoolique sur une plaie ou sur des muqueuses. Par ailleurs, les fumeurs doivent être particulièrement attentifs car ces produits sont inflammables.
Concernant l’usage avec des enfants, il faut s’assurer que l’alcool soit complètement évaporé en frottant les mains de l’enfant jusqu’à qu’elles soient sèches. Une supervision est indispensable pour éviter que le gel ne soit ingéré ou qu’il n’entre en contact avec les yeux. Enfin, si vos mains sont irritées en raison d’un usage répété d’une solution hydro-alcoolique, consultez un professionnel de la santé avant d’utiliser de nouveau ce type de produit.
L’art de se laver les mains
Pour un lavage efficace des mains à l’eau et au savon, l’OMS recommande de frotter l’ensemble des mains pendant 40 à 60 secondes: le dessus, les paumes, entre les doigts, les ongles, les poignets. Il en va de même pour un produit hydro-alcoolique. L’ensemble des mains doit être frictionné durant 20 à 30 secondes, jusqu'à ce que le produit ait complètement séché. À noter: les mains ne doivent pas être mouillées avant d’utiliser la solution hydro-alcoolique.
* Source: Canadians upping their defenses, 18 novembre 2009, Groupe Nielsen / Are Canadians feeling exposed?, 14 octobre 2009, Groupe Nielsen
>> À lire aussi: Le point sur les désinfectants pour les mains et Masque, gel désinfectant, lavage des mains… Quelle méthode est efficace pour se protéger des épidémies?
L'envoi de commentaires est un privilège réservé à nos abonnés.
Déjà abonné? Connectez-vous