Pour une #vanlife responsable
Sillonner les routes au volant de votre VR en toute liberté vous passionne? Cette liberté, cependant, ne devrait pas nuire aux autres ou à la nature. En vacances, adoptez un comportement responsable et éthique, notamment en suivant les principes Sans trace.
Que vous soyez nomade sur roues à temps plein, quelques mois par année ou seulement le temps des vacances, on vous vante la liberté que cela procure. Or, celle-ci s’accompagne de certaines contraintes. Par exemple, il n’est pas toujours facile de trouver un endroit où se poser pour la nuit. Mais, surtout, cette liberté n’échappe pas aux responsabilités.
La tendance à la hausse de la #vanlife (mot-clic sur les médias sociaux comme Instagram) augmente l’achalandage dans les campings et mousse la popularité des véhicules récréatifs (VR), incluant les vans aménagés – souvent des fourgonnettes, minifourgonnettes et camionnettes. Avec cette tendance grandissante viennent des impacts sur la nature et les communautés qui ne sont pas toujours suffisamment outillées pour accueillir tous ces visiteurs.
Des comportements décriés
Pour bien illustrer la problématique, rappelez-vous l’été 2020. En pleine pandémie et lors d’un épisode de tourisme de masse des Québécois en région, la situation avait été décriée un peu partout dans l’est de la province, notamment en Gaspésie. Campeurs et caravaniers avaient pris possession des plages et y avaient laissé des détritus de tout genre, allumé des feux et perturbé la faune et la flore, en plus d'irriter les résidents. Assez pour en faire un numéro dans le Bye Bye 2020 avec des touristes personnifiés par les Bougon, cette famille culte (et peu fréquentable) de la télévision québécoise.
Plusieurs municipalités ont depuis interdit aux campeurs et caravaniers de s’installer sur les plages et autres sites où leur présence était autrefois tolérée, resserrant un peu plus l’étau sur les nomades sur roues en quête de liberté et de coins de pays bucoliques ou «sauvages».
Alexandre Grégoire, qui vit à temps plein sur la route avec sa conjointe depuis 6 ans, a bien sûr observé ce phénomène et ses conséquences au fil des années. Cela dit, outre quelques débordements, les deux auteurs du blogue et de la chaîne YouTube PRÊTS pour la route considèrent que la majorité des caravaniers sont responsables et respectueux, qu’ils ramassent leurs déchets et font attention pour ne déranger personne.
Malheureusement, une faible proportion entache leur réputation, selon Alexandre Grégoire. «Si 99 % des gens font bien les choses, mais que 1 % d’entre eux sont irresponsables, c’est sûr que leur nombre grandit en même temps que tous les autres», note le nomade numérique. Du même coup, ces comportements fautifs ont un grand impact et affectent toute la communauté des «van lifers».
Danielle Landry, fondatrice et dirigeante de l’entreprise De ville en forêt, qui sensibilise et forme autant le public que les intervenants aux sept principes Sans trace, obtient des échos plus tranchés. «Ce que constatent beaucoup de gens sur place – comme les organismes, les municipalités et les gestionnaires de sites –, c’est que ça ne se passe pas si bien sur le terrain et qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour éduquer et sensibiliser les gens à leur impact individuel et collectif», remarque-t-elle.
Diminuer son impact sur la nature
Pour éviter de faire partie du problème et diminuer son impact, il vaut donc mieux adopter un comportement éthique. «Les principes Sans trace, c’est un cadre de référence de bonnes pratiques qu’on a tout intérêt à connaître et à utiliser partout au Québec. Ils peuvent facilement se décliner et s’adapter à différentes réalités», souligne Danielle Landry. Voici donc les 7 principes de Sans trace Canada et quelques exemples applicables à la vie en VR.
1. Se préparer et prévoir
Pensez à toutes les situations que vous risquez d’affronter sur la route, pour manger, dormir ou faire des activités, des plus banales aux plus circonstancielles, et prévoyez la façon dont vous allez les gérer.
Par exemple, comment ferez-vous vos besoins lors de l’appel de la nature? Avez-vous vos propres toilettes avec réservoir d’eau noire ou devrez-vous dépendre des installations croisées sur votre chemin? Dans ce dernier cas, peut-être que des toilettes portables pourraient vous dépanner… Quelle que soit votre situation, sachez aussi où vous avez accès aux installations nécessaires pour vous soulager ou vidanger votre équipement dans les normes et en toute propreté.
Planifier votre itinéraire quelques jours ou semaines à l’avance vous permettra d’éviter de multiplier les kilomètres ou de tourner en rond à la recherche d’un endroit où dormir, par exemple. Gardez en tête que les VR, fourgonnettes aménagées et autres gros véhicules consomment davantage d’essence que les petites voitures et sont donc plus polluants.
Danielle Landry encourage la compensation carbone auprès de fonds reconnus ou les dons à des organismes locaux de protection du territoire ou de sensibilisation comme Attention fragÎles, un organisme à but non lucratif qui œuvre à la protection de l’environnement des Îles-de-la-Madeleine. Vous pouvez aussi vous impliquer auprès d’un organisme ou contribuer à une action de restauration.
L’aspect social et éthique des principes Sans trace est souvent mis de côté, d’après cette passionnée. Comme pour le reste de votre préparation, informez-vous sur la collectivité qui vous accueille, son histoire, ses enjeux, ses appartenances autochtones. «La vie en VR, c’est un peu le concept d’une bulle qui se déplace et qui veut se suffire à elle-même, mais, pour bien apprécier un territoire ou un endroit, il faut s’y intéresser», souligne-t-elle.
Enfin, renseignez-vous sur les frais d’accès aux sites que vous visiterez (stationnements, sentiers, etc.), même s’il n’y a pas de guérite ou de bureau d’admission.
2. Utiliser les surfaces durables
Même au volant de votre bolide, vous devez appliquer ce principe. Roulez ou stationnez-vous seulement là où vous êtes réellement bienvenue et où vous ne risquez pas d’endommager la végétation ou vous attirer les foudres des autorités, des propriétaires ou des résidents des alentours. Veillez aussi à ne pas vous étaler en dehors des emplacements désignés.
«Les chemins et emplacements désignés servent à concentrer l’impact à un endroit donné, rappelle Danielle Landry. Et pourquoi le fait-on? C’est parce qu’on ne peut pas partager partout l’espace avec la nature. La nature a besoin de lieux de quiétude et avec le moins de dérangements possibles pour maintenir les écosystèmes.»
La recherche de paysages «instagramables» à même votre véhicule relève parfois de l’utopie et ne devrait pas vous faire prendre des décisions qui vont à l’encontre des principes sans trace. Par exemple, à moins qu’il s’agisse d’un emplacement désigné, vous devriez toujours vous trouver à au moins 60 mètres (ou 70 pas) d’un cours d’eau, incluant les milieux humides. Le but est d’éviter de couper l’accès à l’eau aux animaux et de diminuer tout risque de contamination.
3. Gérer adéquatement les déchets
Nettoyez votre site de campement – qu’il soit dans un lieu officiel ou plutôt de fortune – afin qu’il soit aussi sinon plus propre qu’à votre arrivée. «On peut aussi ramasser ce qu’on repère, même si ce ne sont pas nos déchets», propose Alexandre Grégoire, qui le fait afin de briser le cycle et de donner le bon exemple. Sa conjointe et lui ont d’ailleurs installé de grands sacs étanches à l’extérieur de leur VR afin de gérer et transporter leurs déchets, sans nuire à leur petit espace de vie.
Voilà pour les trucs de base. Cela dit, Danielle Landry invite à pousser la réflexion plus loin: en effet, l’un des grands enjeux pour les municipalités ou les sites qui accueillent touristes et caravaniers, c’est qu’ils n’ont pas toujours les infrastructures nécessaires pour gérer cette avalanche de matières résiduelles, notamment pour le tri du recyclage ou du compostage.
La formatrice Sans trace conseille d’utiliser des contenants réutilisables, mais aussi de rapporter ses déchets – au moins ce qui est recyclable et consigné, mais idéalement tout ce qui est jetable ou compostable – afin de les trier chez soi. Si vous voyagez longtemps ou vivez à temps plein sur la route, attendez à tout le moins de vous trouver dans une municipalité avec plus d’infrastructures et des contribuables plus nombreux (qui paient les taxes municipales).
Pour aller aux toilettes ou déverser vos eaux souillées, utilisez toujours les infrastructures disponibles. Il n’y en a pas? Assurez-vous d’être à 60 mètres d’un cours d’eau pour prendre votre douche à l’extérieur ou déverser votre eau de vaisselle, idéalement en la diluant par la suite avec de l’eau claire et en la dispersant.
Pour les eaux noires: ne les déversez jamais ailleurs que dans une installation spécifiquement prévue à cet effet. Si vous devez aller aux toilettes en pleine nature (à 60 mètres des cours d’eau et de tout lieu fréquenté), faites-le dans les normes en creusant avec une petite truelle dans un sol vivant (dans la terre, et non pas le sable d’une plage) pour y enterrer vos selles. En hiver, lorsque le sol est gelé, vous devrez cependant tout rapporter. Savez-vous comment et avec quoi?
4. Laisser intact ce que l’on trouve
Vous êtes toujours l’invité, où que vous vous posiez; vous devez donc vous adapter, et non l’inverse. Évitez d’installer des structures dans les arbres, de casser des branches, de déplacer les équipements offerts ou d’en fabriquer. Si jamais vous devez déplacer des rochers ou autres, par exemple pour stabiliser votre véhicule, prenez le temps de les replacer ensuite où ils étaient.
Aussi, si l’envie vous prend de créer une mise en scène pour faire une photo, Danielle Landry demande qu’elle soit temporaire. «Prenons l’exemple des inukshuks [ces petits personnages de pierres populaires]: si vous tenez à en faire, défaites-les et replacez les pierres comme elles étaient après avoir fait votre photo», illustre-t-elle.
Cela dit, il vaut mieux ne pas partager de photos qui donnent un mauvais exemple sur les médias sociaux ni partager ou géolocaliser des lieux spécifiques, surtout les endroits naturels non protégés ou sans infrastructure suffisante pour accueillir un nombre élevé de visiteurs.
Prenez garde aussi à ne pas emporter avec vous des espèces exotiques envahissantes, comme des algues et des végétaux, et nettoyez votre équipement régulièrement (embarcations, souliers et bottes, pneus, etc.).
5. Minimiser l’impact des feux
Le feu de bois devrait être réservé pour les occasions où vous séjournez dans un camping aménagé. Utilisez toujours les installations prévues à cet effet et ne déplacez pas le bois d’un site à l’autre. Pour vous éviter d’en gaspiller, achetez moins de bois à la fois. Et, bien sûr, respectez toujours les interdictions. Au besoin, consultez les restrictions en vigueur de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU).
Un feu «sauvage» devrait être réservé aux situations de survie, car il peut endommager les sites, voire être très dangereux et causer des feux de forêt. La chaleur et les flammes peuvent notamment se répandre à travers les racines des arbres dans le sol. De même, il doit être totalement éteint avec de l’eau, et ses cendres bien refroidies. Si vous pensez avoir un jour besoin d’allumer un tel feu, assurez-vous de savoir comment procéder et de suivre une formation au besoin.
En fait, allumer un feu est très rarement nécessaire et devrait être évité autant que possible. Pour cuisiner, utilisez plutôt un réchaud, et pour vous éclairer des lampes et lanternes. Un feu de bois engendre des risques d’incendie, en plus d’émettre des particules fines dans l’air et de polluer, comme le rappelle Danielle Landry. «Il faut déconstruire ce rituel et s’en créer d’autres, croit-elle d’ailleurs, comme plusieurs autres intervenants en plein air. C’est beau, un ciel étoilé, ou alors, on peut allumer des bougies; tout cela peut être très romantique!»
Enfin, un petit rappel: un feu n’est pas un incinérateur à déchets!
6. Respecter la vie sauvage
Soyez toujours discret et respectueux en nature. Gardez vos distances des animaux et de leur lieu de vie. Vous pouvez même observer s’il y a des traces d’animaux et, si c’est le cas, chercher un autre endroit. «Si on est attentif, on peut discerner et savoir qu’on se trouve sur un lieu de passage important: petit chemin, empreintes, tanière, etc.», note Danielle Landry.
Ne laissez pas votre nourriture traîner sur votre site de campement, ce qui attire les animaux et perturbe leurs habitudes. Ramasser même les miettes et les morceaux qui se retrouvent dans votre eau de vaisselle avant de la déverser.
Enfin, la photographie animalière devrait se faire avec un équipement qui permet de garder une grande distance avec les animaux et ne pas perturber leur comportement. «On peut facilement voir si un animal est dérangé; son comportement change», souligne Danielle Landry. Par exemple: s’il arrête de se nourrir et se tend ou a l’air aux aguets.
Enfin, sachez que les vibrations, vrombissements du moteur et bruits des génératrices peuvent déranger les animaux, surtout s’il y a plusieurs véhicules. «La nuit est une période importante pour de nombreux animaux, alors il vaut mieux concentrer ces activités bruyantes le jour», ajoute Danielle Landry.
7. Respecter les autres visiteurs
Au-delà de l’entraide et du civisme, gardez les lieux propres et respectez la quiétude des lieux en limitant le bruit au maximum. Traînez toujours les chiens en laisse et ramassez leurs excréments laissés sur les sentiers ou les sites de camping, notamment. Valorisez les bons comportements afin de donner le bon exemple aux gens qui vous entourent, mais aussi sur les photos que vous partagez sur les médias sociaux.
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