Panier d’épicerie: les circulaires moins généreuses en rabais
Vous avez l’impression que votre épicerie offre moins de rabais qu’avant? Vous ne rêvez pas! Les grandes bannières sont moins généreuses, et ce, même si le prix du panier d’épicerie n’a jamais été aussi élevé.
Grâce à son algorithme, le moteur de recherche Glouton donne des notes sur dix aux soldes des épiciers, selon la fréquence et la qualité du rabais, et la saisonnalité.
«Avant, il y avait une vingtaine de rabais cotés 10 sur 10 ou 9 sur 10 par bannière par semaine. Maintenant, entre 7 et 12 rabais obtiennent cette note», observe Jean-François Gagné Bérubé, fondateur de Glouton et développeur web, ajoutant que les soldes cotés 7 ou 8 sur 10 se font également plus rares.
Des offres plus agressives, mais moins nombreuses
Plutôt que d’en offrir plusieurs, les grandes chaînes de supermarché proposent quelques promotions «agressives», qui ciblent des produits symboliques et frappent l’imaginaire.
C’est le cas notamment de la livre de beurre, qui était à 3,99 $ pendant quatre semaines dans les plus grandes chaînes au Québec. L’épaule de porc à 1 $ la livre chez Maxi, le céleri à 0,99 $ au Super C et le filet de saumon de l’Atlantique à 7,99 $ la livre au Provigo en sont d’autres exemples.
«Au-delà de la hausse des prix, il y a encore une espèce de guerre de prix très vive sur les spéciaux. Toutes les bannières luttent les unes contre les autres pour avoir une bonne première page de spéciaux qui va attirer les gens», indique Jean-François Gagné Bérubé. Or, après la première page de la circulaire, plusieurs «soldes ne sont, en fait, que de la publicité», prévient-il.
C’est aussi le constat que fait l’entreprise Nielsen IQ Canada, spécialisée dans la collecte et l’analyse de données sur le comportement des consommateurs. Cette dernière recense les ventes pour chaque produit de tous les supermarchés au pays. Ses données montrent que les soldes dans les épiceries sont en déclin dans six des huit catégories de produits. Les supermarchés proposent moins de spéciaux pour les fruits, légumes, surgelés, aliments préparés, boulangerie, produits non alimentaires et produits de beauté et de santé.
Seuls les produits laitiers, les viandes et les fruits de mer n’ont pas connu cette tendance par rapport à l’an dernier.
Des mesures comme en France?
Selon Sylvain Charlebois, directeur principal du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, il est temps que les épiciers sympathisent avec les consommateurs de manière significative, surtout dans un contexte inflationniste où la hausse du panier d’épicerie a atteint 10,8 % en août.
«S’ils prenaient des mesures pour démontrer une certaine empathie, les accusations d’abus et de gonflement de prix disparaîtraient, ne serait-ce que pour un moment», écrit-il dans une lettre publiée sur le site web du quotidien de Québec Le Soleil.
Celui-ci rapporte qu’en Europe, des épiciers gèlent les prix sur un nombre limité de produits de base importants. Par exemple, Carrefour, en France, propose un panier de 30 produits essentiels pour 40 $.
Toutefois, la situation est bien différente chez nos cousins français, d’après Jean-François Gagné Bérubé. En effet, la nourriture est généralement moins dispendieuse et les grandes bannières doivent livrer une compétition féroce avec les commerces de proximité, très populaires en France. «Les Français ont davantage le réflexe d’aller chez le boulanger pour chercher leur pain et chez le boucher pour leur viande, dit-il. Bien souvent, les Québécois achètent tout à l’épicerie. Les supermarchés français ont donc besoin de se montrer plus agressifs sur les prix.»
Des stratégies contre l’inflation
Pour faire face à la hausse du coût des aliments, les consommateurs ne chassent pas seulement les spéciaux dans leurs circulaires, d’après le développeur web. De plus en plus de personnes utilisent les programmes de fidélité comme metro & moi (Metro) et PC Optimum (Provigo et Maxi) pour faire des économies.
Selon un sondage réalisé en septembre dernier par le Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire, 33,7 % des Canadiens ont utilisé les points du programme de fidélité pour payer leurs courses au cours des 12 derniers mois. De leur côté, 32,1 % des répondants ont utilisé les circulaires hebdomadaires et 23,9 % les coupons rabais.
Outre ses stratégies pour réduire la facture d’épicerie, Cinzia Cuneo, présidente et cofondatrice de SOS Cuisine, estime que les chasseurs d’aubaines ont tout intérêt à cuisiner plutôt que d’acheter des repas préparés. «Il y a toujours de bons rabais sur les produits de base et les aliments frais, assure-t-elle. En contrepartie, la hausse des prix est plus importante sur les produits transformés.»
De plus, une alimentation à base végétale pourrait faire économiser de l’argent aux consommateurs. «L’augmentation du prix des lentilles, des pois chiches et du tofu n’est pas aussi élevée que celle du bœuf, du poulet et du porc», observe Cinzia Cuneo.
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