Avec plus de 35 000 conseillers en services financiers au Québec, on pourrait croire qu’il est facile d’obtenir un plan de retraite complet. Pourtant, la réalité est tout autre : très peu de Québécois y ont véritablement accès. Pourquoi ? Parce que l’offre d’un tel plan est loin d’être systématique, même chez les professionnels du secteur.
Un service réservé à une minorité
Dans les institutions financières, les conseillers doivent prioriser leur temps et leurs ressources. Résultat : les services les plus élaborés, comme les plans de retraite détaillés, sont la plupart du temps réservés aux clients ayant des actifs importants investis directement dans l’institution. Le reste de la clientèle se voit plutôt offrir des conseils ponctuels, souvent limités à l’achat de produits. Cela crée une inégalité d’accès à l’accompagnement stratégique pourtant essentiel à une retraite réussie.
Ce qu’un vrai plan de retraite devrait contenir
Un vrai plan de retraite ne se limite pas à calculer combien d’argent vous aurez besoin à 65 ans. Il doit inclure :
- Des stratégies d’accumulation adaptées à votre profil
- Un plan de décaissement qui vise à réduire l’impôt
- Une analyse du meilleur moment pour demander la rente du Régime de rentes du Québec (RRQ) et la pension de la Sécurité de la vieillesse (SV)
- Une prévision de l’évolution de votre coût de la vie
- Une prise en compte de l’inflation, de votre espérance de vie et de vos protections (p. ex. : assurance soins de longue durée)
Une accessibilité encore très limitée
Il existe une poignée de planificateurs financiers, comme moi, qui offrent ce type de service de manière indépendante, moyennant des honoraires. Mais encore une fois, ce sont souvent des gens à l’aise sur le plan financier ou ayant un certain niveau d’instruction qui nous embauchent. Ceux qui en auraient peut-être le plus besoin n’y ont que rarement accès.
Une planification qui devrait être la norme
Le résultat ? Trop de Québécois approchent de la retraite avec des incertitudes. Ils se demandent s’ils vont pouvoir maintenir leur niveau de vie. Ils ne savent pas quand cesser de travailler ou comment structurer leurs retraits. Et, bien souvent, ils obtiennent des réponses générales qui ne tiennent pas compte de leur situation particulière.
Il est temps de démocratiser l’accès à un vrai plan de retraite : il devrait être la norme, pas un privilège. Chaque travailleur mérite de savoir où il s’en va, avec un plan clair, chiffré et stratégique. La retraite est une étape de vie qui ne devrait jamais être improvisée, mais plutôt planifiée avec sérieux.