Il reste que, comme bien des Québécois, je dois maintenant faire des compromis. Par exemple, certaines coupes de viande de bœuf et de veau ont quasiment disparu de mon panier, de même que le saumon frais. Le porc et des poissons moins coûteux reviennent désormais plus souvent dans mon assiette, ce qui me force à être plus créative dans mes recettes. Mais, quand je me compare, je me console.
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Impact à long terme sur la santé
Une vaste enquête menée en septembre dernier auprès de 5 000 consommateurs canadiens par le Laboratoire d’analyse agroalimentaire de l’Université Dalhousie (LAA) révèle que plus de 64 % d’entre eux ont considérablement modifié leurs habitudes d’achat à l’épicerie.
Sylvain Charlebois, le directeur du Laboratoire, n’hésite pas à parler d’une « clientèle désespérée » en quête d’économies. Car il n’y a pas que la nourriture qui pèse désormais plus lourd dans le budget familial : à l’alimentation s’ajoutent les versements hypothécaires, le carburant, etc.
Puisqu’il faut bien « couper » quelque part, c’est bien souvent dans les dépenses variables que l’on mettra la hache, en particulier dans l’épicerie. Sylvain Charlebois note d’ailleurs que, comparativement à septembre de l’an dernier, le montant dépensé par mois et par personne en alimentation a chuté de 266 $ à 255 $ en septembre 2023.
La qualité en prend aussi pour son rhume. Ainsi, 46 % des répondants mentionnent qu’ils achètent moins de fruits et de légumes, et près de 50 % ont dû réduire la quantité de viande et de sources de protéines. Désormais, pratiquement la moitié des personnes sondées privilégient le coût plutôt que la valeur nutritionnelle, des compromis qui pourraient avoir des effets néfastes à long terme sur leur santé, selon 63 % d’entre elles. Quand on sait l’impact que l’alimentation a sur notre santé et sur la prévalence de certains cancers et maladies chroniques, on peut à juste titre se montrer très préoccupé.
Une bonne nouvelle cependant : sous la pression des prix, le gaspillage alimentaire aurait diminué. En effet, selon une autre récente étude, plus de 79 % des consommateurs disent moins gaspiller en s’efforçant de consommer les restes et en réutilisant les ingrédients.
Visiter plus de commerces plus souvent
Que peut-on faire pour économiser à l’épicerie et limiter l’étendue des sacrifices ?
« Il existe deux principales stratégies, dit Sylvain Charlebois. On peut acheter en grandes quantités dans un magasin-entrepôt, ce qui permet de réduire le coût à l’unité. Faire ses emplettes tous les deux ou trois jours afin de mieux profiter des offres et n’acheter que ce dont on a besoin est aussi une bonne façon d’épargner. »
Il ajoute qu’il faut également élargir son champ d’action en visitant plusieurs détaillants et en alternant selon les besoins : une enseigne indépendante, un magasin de rabais et un magasin-entrepôt. Une enseigne indépendante, autrement dit un commerce de plus petite taille qui n’appartient pas à un gros joueur, n’est pas forcément plus onéreuse, au contraire. Certaines tirent leur épingle du jeu, de même que les marchés publics.
La pire chose à faire, selon Sylvain Charlebois ? N’acheter que chez un seul détaillant et s’y rendre une fois par semaine. À bon entendeur…
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