Il y a un peu plus d’un an, j’ai vu passer une promotion extraordinaire chez un fournisseur cellulaire. J’ai contacté mon propre fournisseur — j’y étais depuis dix ans ! — pour lui demander d’égaler cette offre (la manœuvre avait déjà fonctionné). La réponse a cependant été catégorique : impossible.
J’ai donc pris la décision d’aller voir ailleurs. Mais la vie étant ce qu’elle est, cette tâche a glissé dans ma liste des choses à faire… et j’en suis restée là ; même compagnie, même prix.
Dans les mois qui ont suivi, mon fournisseur a continué de m’envoyer de nombreuses offres promotionnelles… plus chères, avec plus de données, certes, mais des données dont je n’avais pas besoin.
Jusqu’à ce que la bonne offre arrive, enfin ! Je me suis connectée au portail en ligne, en vain : le forfait annoncé n’y figurait pas. En clavardant avec le service à la clientèle, j’ai appris que ce forfait n’était destiné qu’aux nouveaux clients. Le préposé au service de rétention avec lequel j’étais en train de négocier m’a dit : « Si j’étais vous, madame, je quitterais… »
Or, savez-vous ce que j’ai fait ? J’ai encore procrastiné…
La clef du changement ? Les hormones du bonheur
Cette tendance à tout différer n’est pas surprenante, selon Katherine Riva, ergothérapeute en santé mentale et cérébrale chez Ergo Stratégies, qui utilise une adaptation d’un modèle d’un psychiatre britannique comparant le cerveau des singes et des humains pour expliquer l’art… de ne pas passer à l’acte.
« Le cerveau humain est rationnel, dit-elle, il comprend. Du côté du singe, en revanche, ça carbure aux hormones du bonheur (dopamine, sérotonine, endorphines). Économiser quelques dollars ne veut rien dire. Le gain semble minime comparativement à l’énergie qu’il faut déployer (il faut se bouger) et aux émotions négatives que le changement génère, donc ça ne vaut même pas la peine d’essayer. »
Au fond, on doit évaluer le coût-bénéfice : si la conséquence de l’inaction est minime, la motivation restera inexistante. « À l’inverse, si on ne change pas le forfait et qu’il va coûter 500 $ par mois, notre cerveau va nous dire d’agir plus rapidement ! », affirme la spécialiste.
Le coût-bénéfice du changement de fournisseur
Il a fallu que ma facture augmente de plus de 4 $ par mois, sans raison ni avis, pour que le déclic se fasse : ça y était, et je suis passée à l’action.
Et pourtant ! Une fois ma nouvelle carte SIM commandée, elle est restée sur mon bureau plusieurs mois : j’ai encore procrastiné. J’avais peur de perdre mon numéro, de ne disposer du service que pendant quelques heures ou, pire, de devoir me rendre en magasin pour obtenir de l’aide. Mes craintes étaient fondées, mais pour dire vrai, installer ma carte SIM m’a pris seulement environ cinq minutes.
Là encore, indique Katherine Riva, rien de plus normal dans ce comportement. On se dit : « Ça va être compliqué. Je vais devoir y mettre beaucoup d’énergie. Je n’ai pas le temps. Ce n’est pas le fun. Ça ne me tente pas, donc je ne le fais pas. » Le coût-bénéfice n’est pas intéressant. Finalement, quand on agit, on voit bien que ce n’est pas si difficile. Mais l’idée préconçue nous dit le contraire. « Avec les compagnies de téléphone, ce n’est jamais facile. Est-ce que je me fais avoir ? Y a-t-il des frais cachés ? Ai-je bien analysé mon affaire ?, se demande-t-on. Pff ! Une autre fois. »
Économies notables
Évidemment, à force d’attendre, le forfait que je convoitais a augmenté de prix entre la commande de ma carte SIM et son activation. Mais j’y gagne tout de même : désormais, je paye 9 $ de moins chaque mois, ce qui signifie 108 $ d’économies par année. Extraordinaire ? Peut-être pas, mais c’est le prix d’un bon resto ou même d’un voyage, si j’épargne cette somme sur un horizon de quelques années.
Katherine Riva croit d’ailleurs que cette manière de visualiser est gagnante. « C’est une très bonne stratégie de se projeter, d’augmenter la valeur du changement de comportement », souligne-t-elle.
Une autre manière de trouver l’énergie pour passer à l’action est de se demander quel est le meilleur moment pour agir. « […] Notre corps tient compte de ce qu’une action va coûter en efforts, donc si on se dit qu’on va le faire à la fin de la journée quand on est épuisé, que bébé a pleuré […] qu’on a travaillé…, ça se pourrait que notre cerveau refuse de passer à l’action, dit Katherine Riva. Il faut identifier le moment où on a la disponibilité cognitive et où on n’est pas surchargé. »
Tout ça pour vous dire qu’il est temps de faire ce changement plate qui dort sur votre liste depuis des mois. Cellulaire, câble, assurances, peu importe : n’écoutez pas la part du singe qui gruge votre cerveau. Passez à l’acte et imaginez tout ce que vous pourrez faire avec ces quelques dollars d’économies mensuelles!
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