Pourquoi vacciner les garçons contre les VPH?

&laquo; Les VPH, ou virus du papillome humain, sont un regroupement de virus qui se transmettent essentiellement lors de l&rsquo;activit&eacute; sexuelle &raquo;, explique la Dre Chantal Sauvageau, m&eacute;decin sp&eacute;cialiste en sant&eacute; publique et en m&eacute;decine pr&eacute;ventive &agrave; l&rsquo;Institut national de sant&eacute; publique du Qu&eacute;bec (INSPQ). Il existe des centaines de types de VPH, dont une quarantaine transmissible sexuellement. Sans vaccination, 70 % des gens seront infect&eacute;s par au moins un type au cours de leur vie, note la Soci&eacute;t&eacute; canadienne de p&eacute;diatrie.Des VPH &agrave; haut risqueLa grande majorit&eacute; des gens qui sont infect&eacute;s par les VPH ne pr&eacute;sentent pas de sympt&ocirc;mes et &eacute;liminerons le virus naturellement en moins de 24 mois. Cependant, chez pr&egrave;s de 10 % des personnes atteintes, l&rsquo;infection peut persister et causer des l&eacute;sions. &laquo; Certains types de VPH, consid&eacute;r&eacute;s comme &agrave; bas risque, sont responsables des verrues g&eacute;nitales ou anales qu&rsquo;on appelle condylomes (petites verrues en forme de chou-fleur) &raquo;, pr&eacute;cise la Dre Sauvageau. C&rsquo;est le cas, par exemple, des types 6 et 11.D&rsquo;autres types de VPH sont jug&eacute;s &agrave; haut risque et provoquent des l&eacute;sions pr&eacute;canc&eacute;reuses, puis des cancers. &laquo; C&rsquo;est surtout le type 16 qui est notre b&ecirc;te noire &raquo;, remarque la m&eacute;decin. Celui-ci est en effet associ&eacute; &agrave; plusieurs cancers, tout comme le type 18.Une infection persistante li&eacute;e &agrave; un VPH &agrave; haut risque est la principale cause de cancer du col de l&rsquo;ut&eacute;rus, souligne la Soci&eacute;t&eacute; canadienne de p&eacute;diatrie. &laquo; Les l&eacute;sions ou m&ecirc;me les cancers associ&eacute;s aux infections &agrave; VPH sont donc plus fr&eacute;quents chez les femmes, essentiellement parce que les hommes n&rsquo;ont pas de col de l&rsquo;ut&eacute;rus &raquo;, mentionne la Dre Sauvageau. Chaque ann&eacute;e, pr&egrave;s de 300 Qu&eacute;b&eacute;coises re&ccedil;oivent un diagnostic de cancer du col de l&rsquo;ut&eacute;rus.Les VPH sont aussi &agrave; l&rsquo;origine de certains cancers de la vulve, du vagin, du p&eacute;nis et de l&rsquo;anus. Par ailleurs, le virus peut entrainer des infections de la bouche et de la gorge lors de pratiques sexuelles mettant en contact la bouche avec les organes g&eacute;nitaux. Il peut ainsi provoquer des cancers &agrave; ces endroits.Les hommes peuvent donc &ecirc;tre affect&eacute;s par certains cancers attribuables aux VPH. &laquo; Il y a d&rsquo;ailleurs davantage de cancers de la gorge associ&eacute;s aux VPH chez eux que chez les femmes &raquo;, souligne la Dre Sauvageau. Des &eacute;tudes ont estim&eacute; que 60 % des cancers de la gorge masculins &eacute;taient li&eacute;s &agrave; ces virus.Pourquoi vacciner les gar&ccedil;ons ?Au d&eacute;part, le vaccin contre les VPH a &eacute;t&eacute; mis au point pour r&eacute;duire le fardeau du cancer du col de l&rsquo;ut&eacute;rus sur la sant&eacute; des femmes. C&rsquo;est pourquoi les programmes de vaccination ont d&rsquo;abord vis&eacute; les filles.De plus, en vaccinant les filles &agrave; grande &eacute;chelle, on prot&eacute;geait indirectement les gar&ccedil;ons avec qui elles avaient des relations sexuelles. Selon l&rsquo;INSPQ, trois ans apr&egrave;s l&rsquo;implantation de la vaccination contre les VPH chez les filles et les jeunes femmes, la fr&eacute;quence des verrues g&eacute;nitales a diminu&eacute; de 80 % chez les hommes h&eacute;t&eacute;rosexuels de moins de 21 ans. Cependant, cette baisse n&rsquo;a pas eu lieu chez les hommes qui avaient des relations sexuelles avec des hommes. &laquo; Cette strat&eacute;gie les omettait compl&egrave;tement &raquo;, souligne la Dre Sauvageau.En outre, les hommes h&eacute;t&eacute;rosexuels qui ont eu des relations avec des femmes dans un pays o&ugrave; la couverture vaccinale n&rsquo;&eacute;tait pas optimale n&rsquo;&eacute;taient pas prot&eacute;g&eacute;s. &laquo; La premi&egrave;re question qu&rsquo;un homme pose &agrave; sa future partenaire n&rsquo;est pas &ldquo;Es-tu vaccin&eacute;e contre les VPH ?&rdquo; &raquo;, remarque la m&eacute;decin. La meilleure strat&eacute;gie est donc d&rsquo;immuniser tous les hommes, selon la Soci&eacute;t&eacute; canadienne de p&eacute;diatrie.Dans les pays o&ugrave; la couverture vaccinale des filles est plus basse, la vaccination des gar&ccedil;ons permet aussi de r&eacute;duire les l&eacute;sions chez les filles. &laquo; Cependant, vu notre importante couverture vaccinale, ce n&rsquo;est pas un argument majeur ici &raquo;, observe la Dre Sauvageau. En effet, pour la saison 2021-2022, la couverture vaccinale &eacute;tait de 85 % chez les filles de troisi&egrave;me secondaire, r&eacute;v&egrave;lent des donn&eacute;es du minist&egrave;re de la Sant&eacute; et des Services sociaux (MSSS) du Qu&eacute;bec. Cette proportion &eacute;tait de 76 % chez les gar&ccedil;ons du m&ecirc;me &acirc;ge.Pourquoi vacciner d&egrave;s le primaire ?&laquo; La meilleure fa&ccedil;on de se prot&eacute;ger contre les VPH est la vaccination &raquo;, rappelle la Dre Sauvageau. Depuis 2020, les enfants re&ccedil;oivent donc une dose du vaccin en quatri&egrave;me ann&eacute;e du primaire et une autre en troisi&egrave;me secondaire. Deux doses sont n&eacute;cessaires pour b&eacute;n&eacute;ficier d&rsquo;une protection maximale.Mais pourquoi commencer si t&ocirc;t ? Parce que le vaccin doit &ecirc;tre administr&eacute; avant la premi&egrave;re relation sexuelle pour avoir une efficacit&eacute; optimale, selon la Dre Sauvageau. &laquo; De plus, le moment o&ugrave; on voit la meilleure r&eacute;action en mati&egrave;re de production d&rsquo;anticorps et de d&eacute;fense immunitaire, c&rsquo;est entre 9 et 13 ans &raquo;, ajoute-t-elle.La sant&eacute; publique profite &eacute;galement du fait qu&rsquo;il existe d&eacute;j&agrave; un programme de vaccination en quatri&egrave;me ann&eacute;e contre l&rsquo;h&eacute;patite B. &laquo; On offre donc plus de vaccins &agrave; plus d&rsquo;enfants quand l&rsquo;infirmi&egrave;re se rend &agrave; l&rsquo;&eacute;cole &raquo;, explique la m&eacute;decin.Si un gar&ccedil;on n&rsquo;a pas eu la chance de recevoir le vaccin &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, il peut prendre rendez-vous dans une clinique de vaccination et l&rsquo;obtenir sans frais s&rsquo;il a moins de 18 ans. &laquo; De plus, les hommes qui ont des relations sexuelles avec d&rsquo;autres hommes ont acc&egrave;s gratuitement au vaccin jusqu&rsquo;&agrave; 26 ans &raquo;, pr&eacute;cise la Dre Sauvageau. Les femmes qui n&rsquo;ont pas re&ccedil;u le vaccin &agrave; l&rsquo;&eacute;cole peuvent &eacute;galement en faire la demande &agrave; leur m&eacute;decin. Toutefois, elles devront assumer des frais si elles ont plus de 18 ans. Des &eacute;tudes ont d&eacute;montr&eacute; l&rsquo;efficacit&eacute; du vaccin chez les femmes jusqu&rsquo;&agrave; 45 ans. Il n&rsquo;y a donc pas de limite d&rsquo;&acirc;ge pour recevoir ce vaccin.Le vaccin est-il efficace chez les hommes ?Selon la Soci&eacute;t&eacute; canadienne de p&eacute;diatrie, la vaccination contre les VPH pr&eacute;vient presque 100 % des cancers du col de l&rsquo;ut&eacute;rus. &laquo; Les premi&egrave;res &eacute;tudes se sont int&eacute;ress&eacute;es aux femmes et elles ont montr&eacute; une efficacit&eacute; au-del&agrave; des attentes, confirme la Dre Sauvageau. Ensuite, les &eacute;tudes ont &eacute;t&eacute; d&eacute;clench&eacute;es chez les hommes et ont montr&eacute; une efficacit&eacute; aussi &eacute;lev&eacute;e. &raquo;Par exemple, chez les hommes qui ne sont pas infect&eacute;s par un VPH au moment de se faire vacciner, l&rsquo;immunisation pr&eacute;vient les condylomes &agrave; 90 %, selon le MSSS. Cette efficacit&eacute; est de 80 % pour pr&eacute;venir les l&eacute;sions pr&eacute;canc&eacute;reuses ou canc&eacute;reuses aux organes g&eacute;nitaux, &agrave; l&rsquo;anus ou &agrave; la gorge.Les deux vaccins offerts au Qu&eacute;bec, Cervarix et Gardasil, prot&egrave;gent entre autres contre les types de VPH 16 et 18. Ces types sont les principaux responsables des cancers comme ceux du col de l&rsquo;ut&eacute;rus, du vagin, de la vulve, du p&eacute;nis, de l&rsquo;anus et de la gorge, peut-on lire sur le site du MSSS. Selon des estimations de l&rsquo;INSPQ, la vaccination pourrait pr&eacute;venir 418 cas de cancer attribu&eacute;s aux VPH chez les femmes et 210 cas chez les hommes chaque ann&eacute;e.Un vaccin s&eacute;curitaireLes vaccins contre les VPH sont approuv&eacute;s au Canada depuis 2006. Comme le rappelle la Soci&eacute;t&eacute; canadienne de p&eacute;diatrie, des millions de doses ont &eacute;t&eacute; administr&eacute;es &agrave; ce jour. &laquo; Avec celui contre l&rsquo;h&eacute;patite B, le vaccin contre le VPH est celui qui a &eacute;t&eacute; le plus &eacute;tudi&eacute;, affirme la Dre Sauvageau. Plusieurs grandes &eacute;tudes ind&eacute;pendantes r&eacute;alis&eacute;es dans diff&eacute;rents pays ont montr&eacute; que la vaccination contre les VPH ne cause pas de maladies auto-immunes, de scl&eacute;rose en plaques ou d&rsquo;autres syndromes. &raquo;Chez 94 % des personnes vaccin&eacute;es, les r&eacute;actions sont de l&eacute;g&egrave;res &agrave; mod&eacute;r&eacute;es et disparaissent au bout de quelques jours, indique la Soci&eacute;t&eacute; canadienne de p&eacute;diatrie. De 2011 &agrave; 2021, seulement 36 manifestations cliniques inhabituelles ont &eacute;t&eacute; d&eacute;clar&eacute;es, dont 92 % n&rsquo;&eacute;taient pas s&eacute;rieuses, r&eacute;v&egrave;lent des donn&eacute;es du MSSS. Les effets secondaires les plus fr&eacute;quents &eacute;taient les r&eacute;actions au site d&rsquo;injection, notamment des rougeurs, et les r&eacute;actions allergiques.Comment se prot&eacute;ger contre l&rsquo;infection par les VPHLe port du condom n&rsquo;est pas suffisant pour lutter contre les VPH, car un simple contact peau &agrave; peau cr&eacute;e des microtraumatismes qui permettent l&rsquo;infection. &laquo; C&rsquo;est tr&egrave;s bien de porter le condom pour pr&eacute;venir les autres ITS comme la gonorrh&eacute;e ou la chlamydia et les grossesses non d&eacute;sir&eacute;es, souligne la m&eacute;decin. Cependant, cela ne prot&egrave;ge pas contre ces virus. &raquo;Avoir des comportements sexuels prudents constitue une autre fa&ccedil;on de se prot&eacute;ger des VPH. &laquo; Le facteur cl&eacute;, c&rsquo;est le nombre de partenaires sexuels qu&rsquo;on a eus par le pass&eacute; &raquo;, insiste la Dre Sauvageau, ainsi que la vaccination.Pour en savoir plus Vaccins contre les infections par les virus du papillome humain &ndash; MSSSProgramme de vaccination contre les infections par les virus du papillome humain (VPH) &ndash; MSSSLe vaccin contre le virus du papillome humain chez les enfants et les adolescents &ndash; Soci&eacute;t&eacute; canadienne de p&eacute;diatrie &Agrave; lire aussi : La fin du test Pap ? et VPH : vacciner ou non ?

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