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Par Florence Dujoux (journaliste) et Marie-Ève Bergeron (chargée de projets)
Comment choisir une crème antiride Ground Picture/Shutterstock.com

L’Oréal Paris, Nivea, Neutrogena, Olay... Plusieurs grandes marques se disputent le marché des crèmes antirides pour femmes. Sur les étagères, leurs produits cohabitent avec ceux des entreprises québécoises, dont Attitude, Kariderm et Karine Joncas.

Pas facile de vous y retrouver devant l’offre pléthorique de petits pots qui vous font les yeux doux! Les fabricants rivalisent d’imagination et multiplient les stratégies marketing pour se partager le généreux gâteau que représente l’industrie mondiale des produits anti-âge. Cette dernière était évaluée à plus de 80 milliards de dollars en 2021 par la firme d’analyse Custom Market Insights et devrait doubler d’ici 2030.

Pour vous aider à choisir la crème antirides qui vous convient le mieux, nous avons analysé à la loupe les listes d’ingrédients de 83 d’entre elles, vendues en pharmacie à un prix maximal de 150 $. Sachez que leurs formules sont plus complexes qu’il n’y parait : elles contiennent en moyenne 39 composants, et jusqu’à une centaine pour certaines!

Tous les choix ne se valent pas : seules cinq crèmes antirides de notre sélection ne contiennent aucune substance problématique. Bien que règlementaires, certains ingrédients sont soupçonnés de présenter des risques pour la santé, de provoquer des allergies ou de nuire à l’environnement. En vertu du principe de précaution, il est alors préférable de les éviter.

Par ailleurs, avoir une crème antirides exempte d’ingrédients problématiques, c’est bien, mais si elle a un véritable effet anti-âge, c’est encore mieux! Les ingrédients présentés comme « actifs » par les fabricants sont-ils réellement efficaces? Et que penser des mythes fréquemment associés à ces produits? Nous avons consulté la littérature scientifique et interrogé les experts pour démystifier le contenu de ces petits pots.

Comprendre le vieillissement cutané

Avant de choisir une crème qui s’attaque aux signes de l’âge, encore faut-il savoir à quoi ceux-ci sont dus! C’est autour de 30 ans – et parfois même avant – qu’ils commencent à apparaitre, sous forme de ridules superficielles. Avec le temps, ces plis se transforment en rides plus profondes et s’accompagnent de relâchement cutané, de perte d’éclat et de taches pigmentaires.

Or, tout le monde ne vieillit pas de la même façon. Selon des études qui ont été réalisées avec des jumeaux, le vieillissement cutané dépend à 60 % de nos gènes. Plusieurs facteurs externes jouent aussi un rôle dans ce mécanisme. « Le soleil, la pollution, notre alimentation ou notre mode de vie peuvent produire entre autres des radicaux libres, qui dégradent la peau de façon accélérée », résume Normand Voyer, professeur titulaire de chimie à l’Université Laval.

Le vieillissement de la peau en images

Les connaissances scientifiques sur le vieillissement cutané, un phénomène complexe qui se produit dans chacune des couches de la peau, ont beaucoup progressé. Voici comment cela survient.

  • Dans l’épiderme : en raison du ralentissement cellulaire, la peau devient sèche et rugueuse. Avec l’âge, elle est aussi de plus en plus sensible aux rayons ultraviolets (UV).
  • Dans le derme : la baisse de collagène et d’élastine entraine l’apparition de rides. L’éclat rosé de la peau s’estompe avec la réduction de l’irrigation sanguine.
  • Dans l’hypoderme : la diminution des cellules de gras entraine une perte de volume, l’apparition de rides profondes et, parfois, le creusement des joues.

Pas de miracle

« Il est impossible d’empêcher le vieillissement de la peau, prévient d’emblée Normand Voyer. Ce que les crèmes antirides visent, c’est plutôt de diminuer son vieillissement prématuré. » Pour garder le plus longtemps possible une belle peau, il faut d’abord la protéger du soleil, puisque « les [rayons] UV sont responsables de la plupart des rides », ajoute-t-il. Une bonne hydratation cutanée joue aussi un rôle clé.

De l’avis du chimiste, les crèmes antirides sont généralement supérieures aux crèmes hydratantes, car les fabricants y ont ajouté des ingrédients actifs, dans le but de prévenir et d’atténuer les signes de l’âge. « Elles font plus qu'hydrater la peau », estime-t-il.

Reste à déterminer leur efficacité réelle. Un test réalisé en 2021 par notre partenaire français, le magazine 60 millions de consommateurs, a montré que les utilisatrices étaient très satisfaites des 10 crèmes antirides évaluées, alors que les mesures scientifiques réalisées en laboratoire ne s’avéraient pas concluantes. La rédactrice en chef de la publication, Sylvie Metzelard, concluait que « le plaisir de prendre soin de soi » jouait un rôle dans cette appréciation des consommatrices, tout comme « l’influence du marketing ». 

Néanmoins, ne prenez pas les prétentions de ces fabricants au pied de la lettre. « Lisse les rides », « raffermit la peau », « réduit l’apparence des taches de vieillesse » : ces allégations, qui n’ont pas de valeur thérapeutique, ne nécessitent pas l’approbation préalable de Santé Canada. Plus encore, le site web du ministère fédéral indique qu’un certain « boniment publicitaire » est « toléré » , à condition qu’on ne vous trompe pas. Bref, ne soyez pas dupe!

Vous fier à la liste d’ingrédients

Les crèmes antirides de notre palmarès présentent des listes d’ingrédients à rallonge, avec une moyenne de 39 substances, et jusqu’à plus de 100 dans le cas de la crème Express Multi-Action, Crème anti-âge globale 16-en-1 d’IDC+.

Or, notre évaluation démontre qu’en ce qui a trait aux ingrédients sains, tous les produits ne se valent pas. Plusieurs crèmes testées renferment à la fois des substances discutables pour la santé, la peau et la planète. Et le prix n’est pas un indice de « meilleur choix » : dernière de notre classement, la crème Ceramide Premiere d’Elizabeth Arden obtient ainsi un maigre 23 % comme note globale, alors qu’elle coûte... 132 $!

Les crèmes antirides ont, pour la plupart, une base commune, constituée d’eau (essentielle pour hydrater la peau), d’un corps gras (pour empêcher l’évaporation de l’eau) et d’un émulsifiant (pour lier les deux composants). Autres éléments incontournables : des émollients, pour adoucir la peau; des conservateurs, pour éviter la prolifération des bactéries; et, bien sûr, des ingrédients « actifs » anti-âge.

Les substances dont la concentration est supérieure à 1 % doivent être énumérées par ordre décroissant de quantité, mais le fabricant est libre de mentionner les autres dans l’ordre de son choix… et il est impossible de savoir à partir de quand commence le désordre! Or, certaines substances telles que les allergènes peuvent se révéler problématiques même si elles apparaissent en fin de liste.

Attention aux perturbateurs endocriniens!

Les scientifiques multiplient les études épidémiologiques et toxicologiques pour déterminer précisément les effets des perturbateurs endocriniens, ces molécules qui sont capables de dérégler de nombreuses fonctions hormonales et qui sont susceptibles de provoquer des pathologies chez l’humain, comme l’infertilité, l’obésité et certains cancers hormonodépendants.

Au total, ce sont 35 crèmes, soit 42 % de notre sélection, qui contiennent au moins un perturbateur endocrinien potentiel. Au banc des accusés figurent essentiellement des agents conservateurs, des filtres UV chimiques et des mélanges de silicones (voyez l’encadré). Les conservateurs sont cependant indispensables puisqu’ils permettent de conserver les crèmes pendant plusieurs mois. Vous devriez toutefois cesser d’utiliser la vôtre si la date de péremption est dépassée.

Les deux tiers des crèmes de notre évaluation contiennent du phénoxyéthanol, un conservateur suspecté d’être toxique pour le système reproducteur des jeunes enfants par l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM), en France. Étant donné que les décisions de cet organisme ont été annulées par les tribunaux et que les crèmes antirides ciblent exclusivement les adultes, nous ne l’avons pas considéré comme un ingrédient problématique pour la santé. Il s’agit toutefois d’une substance éthoxylée, que nous avons pénalisée pour son impact environnemental négatif.

Gare aux allergènes

Pour limiter le risque d’allergies, le Dr Denis Sasseville, ex-directeur de la clinique des dermatites de contact et membre honoraire du service de dermatologie du Centre universitaire de santé McGill, recommande de « privilégier des crèmes aux listes d’ingrédients les plus courtes possibles » et de « ne pas trop multiplier les produits ».

Les parfums comptent parmi les principaux responsables d’allergies, lesquelles peuvent apparaitre à force d’y être exposé. Le problème, c’est que le Règlement sur les cosmétiques les rend difficiles à identifier, en autorisant les fabricants soit à regrouper sous le mot « parfum » (ou « fragrance », ou encore « aroma ») le mélange complexe utilisé pour parfumer une crème, soit à en énumérer toutes les substances.

Environ les deux tiers des produits évalués choisissent la première option, ce dont nous avons tenu compte en réduisant leur note quant aux ingrédients sensibilisants. Les autres fabricants ont été pénalisés lorsque leur liste comprenait l’une des 26 molécules allergènes interdites ou à déclaration obligatoire en Europe.

« Les huiles essentielles, même si elles sont naturelles, contiennent des ingrédients allergisants », souligne le Dr Sasseville. Elles sont utilisées dans de nombreuses crèmes, notamment pour couvrir l’odeur d’autres ingrédients. Nous les avons clairement identifiées dans nos « meilleurs choix », mais si vous optez pour un autre produit et que vous êtes susceptible aux allergies, ouvrez l’œil!

Vous avez dit ingrédients « actifs »?

Les fabricants se livrent à une véritable surenchère pour mettre en avant les ingrédients anti-âge « actifs » contenus dans leurs petits pots. Or, il s’avère bien difficile de déterminer l’efficacité de ce qu’il y a dans leurs produits. « La faiblesse des listes d’ingrédients, c’est qu’elles ne renseignent ni sur leur concentration ni sur leur qualité », pointe le chimiste et conseiller en cosmétiques Yves Lanctôt, qui indique que « lorsqu’il y a beaucoup d’actifs dans une formule, ils sont souvent présents en faible concentration ». Mais encore : vaut-il mieux privilégier une substance « active » qui figure en début de liste ou plusieurs qui apparaissent à la fin?

C’est sans compter que l’efficacité des ingrédients anti-âge n’est pas toujours établie par la science. Selon le Dr Denis Sasseville, « seul l’acide rétinoïque a une action reconnue unanimement », en stimulant la formation de nouveau collagène et en enlevant les tâches pigmentaires. Cette substance ne se trouve cependant que sur ordonnance. Le dermatologue recommande donc de choisir une crème qui contient un autre dérivé de la vitamine A, moins irritant, mais aussi moins efficace (comme le rétinol ou le rétinaldéhyde).

Sachez aussi que plusieurs substances présentées comme des « actifs » anti-âge ont plutôt un effet hydratant. « L’acide hyaluronique, les peptides et le collagène ne font absolument rien pour effacer les rides; ils ne font que les remplir, nuance le dermatologue. Les rides semblent temporairement moins apparentes parce que l’épiderme est gonflé d’eau. Cela n’a pas une fonction que l’on pourrait dire “active ”! »

CONSEIL : votre crème ne figure pas dans notre sélection? Téléchargez Le Décodeur, notre application mobile qui vous permettra de numériser la liste d’ingrédients de votre crème et de connaitre leur niveau de risque.

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  • Par Martin Leclerc
    18 mai 2023

    J'aurais bien aimé un commentaire sur ce qui rend ces crèmes spécifiques aux femmes, au-delà du marketing. Est-ce qu'en tant qu'homme qui s'attarde à ses rides, je dois faire une analyse différente ?

     10
  • Par Pauline Gauthier
    09 mars 2025

    Moi j'aurais bien aimé davantage d'entreprises Québécoises. certifiées biologiques comme par exemple Druide, Lisa Noto et peut-être d'autres que je ne connais pas.