Chaleurs extrêmes : certains médicaments peuvent augmenter le risque de décès
Des médicaments comme les antiépileptiques, les psycholeptiques (les calmants) ou les diurétiques peuvent augmenter le risque de décès lors des grandes chaleurs, selon une étude menée par un chercheur québécois.
L’étude publiée dans eBioMedecine a démontré que toutes ces catégories de médicaments avaient augmenté le risque de décès lors de l’épisode de chaleur ayant frappé la Colombie-Britannique en 2021 :
- les antiépileptiques
- les médicaments contre la maladie de Parkinson
- les psycholeptiques (les calmants)
- les diurétiques
- les médicaments contre le diabète
- les bêtabloquants
- les analgésiques
- les médicaments urologiques
- les médicaments pour le traitement des maladies osseuses
À l’inverse, ces deux catégories de médicaments ont semblé avoir un effet protecteur :
- les inhibiteurs calciques
- les produits ophtalmologiques
L’équipe de Jérémie Boudreault, doctorant à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), a étudié environ 500 décès survenus dans la communauté, soit hors des établissements de santé, pendant le dôme de chaleur de 2021 qui a fait quelque 700 morts. Elle les a comparés à un peu plus de 2500 sujets similaires qui ont survécu dans les mêmes conditions.
Les chercheurs se sont penchés sur l’impact des médicaments prescrits pour 21 maladies chroniques, dont la maladie rénale chronique, la BPCO ou bronchopneumopathie chronique obstructive, la dépression, l’épilepsie, l’insuffisance cardiaque, la schizophrénie et le trouble lié à l’usage de substances psychoactives.
L’étude a permis notamment de départager la proportion de risque attribuable aux médicaments et celle associée aux problèmes de santé. Les auteurs de l'étude soulignent que les mécanismes qui peuvent augmenter le risque de décès liés aux médicaments pendant les grandes chaleurs sont nombreux.
Certains médicaments vont diminuer la sensation de soif ou la transpiration, alors que d’autres vont augmenter la température corporelle, ce qui accentue le risque de coups de chaleur à des températures moins élevées.
L’étude montre, par exemple, que :
- les antiépileptiques peuvent provoquer une sédation et des troubles cognitifs, ce qui diminue la vigilance et la perception de la chaleur ;
- les médicaments contre le parkinson peuvent entraîner une augmentation de la température corporelle et des maladies liées à la chaleur, en plus de nuire à la mobilité ;
- les psycholeptiques, eux, altèrent la transpiration et la thermorégulation, ainsi que la capacité du corps à maintenir sa température.
En ce qui concerne l’effet protecteur apparent de certains médicaments, les chercheurs expliquent que leurs utilisateurs faisaient possiblement déjà l’objet d’un suivi médical plus serré. Ces molécules pourraient aussi avoir un effet physiologique bénéfique face à la chaleur.
Des différences selon l’âge et le sexe
L’étude relève que les effets des médicaments varient selon l’âge et le sexe.
- Les diurétiques ont été identifiés comme un facteur de risque important chez les personnes de 75 ans et plus, mais pas chez les plus jeunes.
- Les femmes avaient des effets plus forts avec les antiparkinsoniens, les bêtabloquants et les analgésiques.
- Les médicaments urologiques présentent un effet protecteur pour les hommes, mais un facteur de risque important pour les femmes.
Dangers et bienfaits
Les auteurs préviennent qu’ils n’ont pas comparé les dangers éventuels de ces médications lors d’une vague de chaleur à leurs avantages sur la santé des patients. Ils précisent qu’il s’agit d’une étude épidémiologique, et non clinique. En ce sens, ils ne sont pas en mesure de fournir des preuves suggérant ou justifiant la modification ou l’arrêt d’un traitement pharmaceutique lors d’un événement de chaleur extrême. Bref, avant de songer à mettre vos médicaments de côté, il vaut mieux consulter votre médecin.
Les chercheurs croient toutefois que leurs résultats sont pertinents dans le contexte du réchauffement climatique, alors que les événements de chaleurs extrêmes se multiplient. Ils pensent que ces données peuvent « fournir des informations précieuses aux médecins et aux pharmaciens afin de mieux communiquer avec leurs patients au sujet des risques liés aux médicaments pendant les périodes de forte chaleur ».
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