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Payer comptant: ce n’est plus possible partout

Par Mathieu Ste-Marie
Payer comptant: ce n’est plus possible partout Kamil Zajaczkowski/Shutterstock.com

Vous vous êtes peut-être récemment rendu dans un commerce qui refusait votre argent comptant. Vous n’êtes pas seul : le nombre d’entreprises qui a abandonné ce type de paiement se serait multiplié depuis la pandémie.

​Via Rail, Jack&Jones, DavidsTea, Decathlon : des entreprises de divers secteurs d’activités n’acceptent désormais plus l’argent liquide.

Vous pourriez déplorer ce refus au moment de votre achat, mais en fin de compte, les commerçants sont entièrement dans leur droit. « Il n’y a aucune disposition législative au Canada obligeant un commerce à accepter un mode de paiement ou un autre », dénonce Laurence Marget, directrice générale de la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ).

Ainsi, un commerçant pourrait accepter uniquement l’argent comptant, ou les cartes de débit ou encore les cartes de crédit.

Selon Laurence Marget, cette pratique est une forme de discrimination envers les consommateurs qui ne possèdent pas de carte de crédit ni de compte bancaire. C’est principalement le cas des personnes en situation de pauvreté, d’itinérance et de handicap ainsi que les mineurs et les personnes âgées qui préfèrent souvent ce mode de paiement.

« Il y a des gens qui ne se sentent pas en confiance avec le mode virtuel. Ils veulent quelque chose de tangible, de concret, comme de l’argent comptant », ajoute la directrice générale.

Notons qu’environ 3 % des adultes canadiens n’ont pas de compte de dépôt dans une institution financière.

L’argent comptant avait aussi ses avantages 

Pour Laurence Marget, l’utilisation de l’argent comptant permet notamment de mieux contrôler son budget en voyant l’argent dépensé.

« Plusieurs organismes d’éducation financière vont proposer un système d’enveloppes pour mieux gérer son budget, explique-t-elle. Par exemple, ils vont conseiller de déposer les montants fixes dans des enveloppes pour chaque catégorie de dépenses. »

Dans une étude parue en 2019, Option consommateurs a énuméré les avantages à utiliser de l’argent comptant. Ce mode de paiement permet notamment au consommateur d’éviter la fraude par carte bancaire, de diminuer ses frais bancaires, d’empêcher de retracer une transaction et de toujours avoir accès à son argent en cas de panne informatique. 

L’argent « cash » en forte baisse depuis la pandémie 

Malgré ses avantages, l’utilisation de l’argent comptant est en fort déclin depuis cinq ans.

Selon le Rapport canadien sur les modes et les tendances des paiements 2022, publié par Paiements Canada, l’argent comptant représente 11 % du volume de paiements en 2023, loin derrière les cartes de crédit (33 %) et les cartes de débit (30 %).

Le volume des transactions en espèces a toutefois augmenté de 15 %, tandis que la valeur des transactions est en hausse de 4 %, par rapport à 2022.

Il n’en reste pas moins que la crise sanitaire a fait chuter l’utilisation de l’argent liquide. En effet, de 2019 à 2023, les transactions ont diminué de 20 % en volume et de 4 % en valeur.

« Durant la pandémie, les entreprises ont refusé l’argent comptant par mesure de prévention sanitaire. Or, même après la pandémie, plusieurs d’entre elles ont continué d’appliquer cette règle », constate Laurence Marget.

Absence de traçabilité de l’argent comptant et diminution des vols

Mis à part les difficultés liées à la salubrité de l’argent comptant, il existe d’autres raisons pour lesquelles les commerçants ont décidé d’abandonner cette méthode de paiement.

L’une d’entre elles est l’absence de traçabilité de l’argent, indique l’étude d’Option consommateurs dans laquelle sept commerçants ont été interviewés.

Selon l’organisme de défense des consommateurs, « certains ont évoqué que la disparition de l’argent comptant permettrait une meilleure surveillance des transactions ».

Un commerçant a affirmé que l’abandon de l’argent liquide faciliterait la prévention du vol par des employés. Un autre a souligné que l’utilisation uniquement de la carte peut être pratique lorsqu’on cherche à retrouver une facture, par exemple à la demande d’un client.

Par ailleurs, l’argent comptant peut être volé ou contrefait, ce qui présente des risques pour les commerçants. 

Faudrait-il interdire de refuser l’argent comptant ?

Ces dernières années aux États-Unis, l’État du New Jersey et la Ville de Philadelphie ont adopté un règlement qui interdit aux commerces de détail sur leurs territoires de refuser l’argent comptant.

De son côté, le Massachusetts a adopté une loi en 1978 statuant qu’aucun commerce ne peut discriminer un acheteur qui utilise l’argent comptant, en l’obligeant à recourir au crédit.

Le Québec devrait-il emboîter le pas à ces États américains ?

À suivre !

À lire aussi : Carte de débit ou de crédit : laquelle sortir au resto ?

 

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  • Par Guillaume P
    21 décembre 2024

    Je crois qu'il faudrait en arriver un jour à éliminer l'argent comptant, pour compliquer la vie des gens qui font des activités illégales ou qui travaillent au noir. Les transferts bancaires laissent des traces, pas l'argent comptant. Je me souviens d'un entrepreneur qui faisait beaucoup de travail au noir et qui payait l'épicerie en sortant sa liasse de billets de $100.