Les «prix de gros» de Direct Buy: payer 5500 $ pour économiser...

L’histoire a pris naissance en mars dernier au Salon de l’habitation de Montréal, au kiosque de l’entreprise Direct Buy. Méconnue au Québec, la compagnie compte pourtant 22 commerces dans le reste du pays et environ 140 aux États-Unis.

Son but: offrir à ses membres le prix de gros, soit un rabais d’environ 40 % sur le prix de détail, d’à peu près tout ce qui entre dans une maison, des armoires de cuisine à la télé, en passant par le plancher de bois franc, les fenêtres, les bijoux, le lave-vaisselle, le climatiseur et les sofas.

Comment ça fonctionne? Combien ça coûte? Pour le savoir, il faut être invité à une présentation au bureau le plus près, situé en Ontario. Pourquoi Direct Buy n’est-il pas installé au Québec? «À cause de la loi 101, nous répond-on. Ça coûterait 1,5 million de dollars pour traduire la paperasse.» Ça commence bien...

Après s’être obstiné pendant une quinzaine de minutes au téléphone avec un employé de Direct Buy, l’auteur de ces lignes réussit à obtenir la permission d’assister à la présentation sans sa femme. En effet,  ceux qui assistent à une présentation doivent être accompagnés de leur conjoint.  «C’est la règle», dit-on.

À l’entrée de l’établissement, on constate d’abord la petitesse de l’endroit, qui n’a rien à voir avec les magasins de type Rona L’entrepôt. En effet, il n’y a presque aucun produit en démonstration. «Tout est dans les catalogues. Ce que vous choisissez sera ensuite envoyé dans un entrepôt de Montréal», explique Suzanne, la responsable du marketing qui nous fait visiter les lieux.

«Et si je veux voir le tandem laveuse-sécheuse avant de l’acheter, dois-je me rendre chez un commerçant qui vend ce modèle?» Elle hoche la tête: «Ici, on ne choisit pas les modèles; on les offre tous.» À cet égard, Direct Buy affirme avoir des ententes avec plus de 500 fabricants au Canada.

Vente sous pression, vous dites?

Son profit, Direct Buy le fait grâce aux frais d’adhésion, qui s’élèvent à 5500 $ pour trois ans. Technique de marketing oblige, on ne mentionne cette information qu’à la fin de la visite, après avoir appâté les futurs membres avec des exemples de rabais.

Or, même avec une économie moyenne de 40 %, il vous faudrait acheter pour 13 750 $ de biens juste pour rentrer dans vos frais. Notez que l’économie proposée par Direct Buy est calculée sur le prix de vente «courant» des produits. Elle ne tient pas compte des promotions des détaillants dont vous pourriez profiter dans la vraie vie. Ainsi, le coût d’entrée de Direct Buy pourrait être plus long à rentabiliser. À moins que vous soyez l’heureux propriétaire d’une nouvelle maison ou sur le point d’effectuer d’importantes rénovations, la rentabilité de la carte de membre est donc loin d’être assurée. 

Du côté du service, les membres de Direct Buy doivent parfois s’organiser eux-mêmes. Un exemple parmi d’autres: l’entreprise ne fait pas l’installation des thermopompes qu’elle vend. Il faut aussi payer les frais de livraison souvent inclus lorsqu’on achète dans un commerce de détail. Il faut donc tout calculer. Par exemple, les services d’une designer coûteront un supplément de 1000 $ si on achète des armoires de cuisine.

Comparer? Euh...

Vous aurez par ailleurs beaucoup de difficulté à comparer les coûts, car les catalogues ne mentionnent pas les prix au pied linéaire. Ils montrent plutôt des cuisines types qui ne conviennent pas nécessairement à la vôtre. Et il faut se décider vite, car on doit s’engager avant la fin de la visite de présentation! Sinon, vous devrez patienter sept ans avant d’être à nouveau admissible, nous assure-t-on.

Si vous réussissez en une heure à bien comparer les prix de Direct Buy avec ceux des détaillants pour savoir si vous en sortirez vraiment gagnant, tant mieux. Protégez-Vous n’y est pas parvenu. Et nous avons, comme plusieurs Québécois, parcouru des centaines de kilomètres inutilement.