Guide d’achat : choisir un bon sac de couchage

Par Maxime Bilodeau

13 août 2020

Dormir sur vos deux oreilles n’a pas de prix, surtout en camping. Suivez ces conseils de pros pour trouver le sac de couchage idéal.

Cotes de température : comment vous y retrouver
Momie, rectangulaire ou baril : trouvez le bon format
Isolant en duvet ou synthétique?
La doublure d’appoint, un à-côté utile
Les astuces pour bien entretenir votre sac de couchage

Le sac de couchage figure sur la liste du matériel essentiel en camping, au même titre que la tente. Il permet de vous protéger des éléments – par exemple de la pluie et du vent –, qui sévissent parfois jusqu’à l’intérieur de votre tente, et de leurs effets (comme l’humidité et le froid).

Vous devriez dormir dans un sac de couchage plutôt que sous de simples couvertures, puisque celles-ci absorbent l’humidité et sèchent difficilement. Cela peut avoir une différence appréciable sur la qualité de votre sommeil.

Les sacs de couchage ont bien évolué depuis les 50 dernières années. De tels produits se détaillent de quelques dizaines à plusieurs centaines de dollars et sont parfois dotés d’une même cote de température ; par exemple 0 °C et plus, idéale pour du camping estival. Or, tous les sacs de couchage offrent-ils vraiment un niveau de confort comparable ?

Afin de le déterminer, nous nous sommes adressés à des spécialistes, en plus d’écumer les sites web de détaillants spécialisés et de magasins à grande surface. Nous y avons trouvé des produits destinés à une période d’utilisation couvrant de juin à septembre, au Québec.

Notre constat ? Une famille qui pratique le camping traditionnel, sur site aménagé, à raison de quelques jours par été n’a pas à débourser une forte somme pour demeurer au chaud.

En revanche, il en va tout autrement pour un couple qui souhaite s’initier au camping sauvage, voire installer la tente en mai comme en octobre. Le cas échéant, il vous faudra investir dans de meilleurs produits pour ne pas risquer l’hypothermie.

Cotes de température : comment vous y retrouver

La majorité des fabricants de sacs de couchage en font homologuer les cotes de température. Leurs produits obtiennent ainsi une certification ISO 23537, fort semblable à l’ancienne norme EN 13537, que vous trouverez encore parfois sur certains produits.

Deux rendements thermiques devraient normalement être indiqués sur les sacs de couchage : la température de confort et la température limite.

La première (de confort) correspond à la température faisant en sorte que vous n’avez ni chaud ni froid dans votre sac de couchage. Au-delà de cette température, vous devrez ouvrir la fermeture éclair pour ne pas souffrir de la chaleur ; en deçà, vous aurez à vous recroqueviller pour préserver votre confort.

La seconde (limite) équivaut quant à elle à la température à partir de laquelle l’équilibre thermique est brisé : le sac de couchage n’arrive plus à conserver la chaleur produite par votre corps. Vous devez ajouter des épaisseurs – par exemple en enfilant des vêtements – pour combattre l'inconfort.

Recherchez des produits dont les températures de confort et limite couvrent la fourchette de températures extérieures sous lesquelles vous êtes susceptible de dormir. Un exemple ici : vous pourriez opter pour un modèle comme l’Arpenaz 20° de Quechua (photo), dont la température de confort est de 20 °C, tandis que celle limite est de 10 °C.

Bien sûr, tout cela n’est pas une science exacte. « De nombreux facteurs influent sur le confort pendant le sommeil, comme le fait de dormir habillé ou non. La tolérance individuelle au froid est aussi importante : les femmes et les enfants, réputés plus frileux, gagnent à opter pour un sac plus chaud », explique Marc Gely, guide de montagne et ancien acheteur pour un détaillant québécois de plein air.

N’empêche, les températures avancées par les fabricants sont utiles pour comparer les produits entre eux , affirme Olivier Fortier, superviseur des achats à Momo Sports.

Attention, cependant : certains produits ne sont pas certifiés ou n’indiquent qu’une seule température, sans possibilité de savoir si elle correspond à celle pour le confort ou à la température limite ; c’est le cas de l’Horizon 0 °C de Sail (photo). Dans tous les cas, il vaut mieux prendre ces allégations avec un grain de sel et ne pas perdre de vue l'importance du matelas de sol – une couche isolante essentielle entre votre corps et le sol – dans l'équation.

Momie, rectangulaire ou baril : trouvez le bon format

Vous verrez en magasin trois grands types de formats de sacs de couchage. Chacun présente des forces et des faiblesses.

Il y a tout d’abord les sacs de couchage de forme rectangulaire. Spacieux, ils gardent moins bien le corps au chaud lors des nuits fraîches que les autres modèles, car le volume d’air à réchauffer à l’intérieur y est plus grand. En outre, ils sont assez volumineux, ce qui ne s’avère pas pratique pour du camping sauvage.

À l’opposé, vous trouverez les sacs de couchage de type momie, dont la forme ajustée garantit une conservation optimale de la chaleur. Qui plus est, ils sont légers, compacts et souvent conçus pour une utilisation trois saisons. Par contre, comme ces sacs sont étroits et souvent dotés d'un capuchon, ils ne conviennent pas nécessairement à votre position habituelle pour dormir.

Les sacs de couchage en forme de baril constituent un entre-deux : ils sont semi-ajustés et relativement peu volumineux. Considérez-les pour une pratique de camping traditionnel ou, à la rigueur, lors de courtes escapades en nature, tout en gardant en tête qu’ils sont relativement volumineux et encombrants.

Certains sacs de couchage sont offerts en une seule taille, tandis que d’autres se déclinent en formats court, régulier et long. « Les tailles régulières conviennent assez bien aux personnes de moins de 6 pieds [1,83 mètre] », souligne Olivier Fortier. Aussi, gardez en tête qu’il vaut mieux combler de l’espace intérieur – avec des vêtements, par exemple – que de dormir trop à l’étroit.

Isolant en duvet ou synthétique?

Un sac de couchage doublé en duvet est composé majoritairement (à plus de 90 %) de plumes courtes, molles et frisées qui poussent en premier sur le corps de l’oie ou du canard. Cela le rend à la fois léger, compressible et performant par temps frais, telle une doudoune. Vous pouvez apprécier la densité de l’isolation grâce à un indice de remplissage qui commence autour de 500. Un indice de 800, comme sur le modèle Talon Light +5 C de MEC (photo), par exemple, est signe d’une bonne isolation.

Le sac de couchage en duvet tend néanmoins à moins bien garder la chaleur lorsqu’il est mouillé. « Le traitement déperlant appliqué par les fabricants prévient en partie ce phénomène. Cela étant dit, il faut s’assurer de bien l’entretenir afin de conserver ses caractéristiques hydrophobes », précise Marc Gely. Surtout, ce type de sac de couchage se vend plus cher que son vis-à-vis fait de matières synthétiques ; attendez-vous à payer au moins 100 $ pour en acquérir un.

Un sac de couchage qui contient un isolant synthétique, comme le polyester ou le nylon, est plus abordable ; vous en trouverez à moins de 50 $. Même s’il prend l’eau, vous y demeurez au chaud. Ombres notables au tableau, toutefois : il est lourd et volumineux, et il conserve moins bien la chaleur face aux assauts du froid. « Ce type de sac de couchage correspond à 90 % de nos ventes », indique Olivier Fortier, de Momo Sports.

La doublure d’appoint, un à-côté utile

Bourrelet coupe-froid, sangles à matelas de sol et/ou taie d’oreiller intégrée sont autant de caractéristiques qu’un sac de couchage peut posséder. Bien que leur présence se traduise par un confort plus notable, elles ne sont pas indispensables pour autant, selon l’usage que vous en ferez. En camping d’été, vous pouvez par exemple remplacer le capuchon du sac par une simple tuque lors des nuits plus fraîches.

Seule exception : la doublure d’appoint, que vous pouvez vous procurer séparément pour quelques dizaines de dollars. Contrairement à la croyance populaire, ce drap en soie, en coton ou en fibres synthétiques sert moins à générer de la chaleur qu’à garder l’intérieur du sac de couchage propre. « Vous laverez ainsi moins souvent le sac de couchage, ce qui prolonge sa durée de vie », fait remarquer le guide de montagne Marc Gely. De plus, il vous sera possible de l’utiliser seul en temps de canicule.

Les astuces pour bien entretenir votre sac de couchage

À titre de copropriétaire des Ateliers Forest, à Québec, Jean-Nicolas Boulet en connaît tout un rayon sur les causes fréquentes de bris de sacs de couchage. « Les erreurs les plus courantes sont d’origine humaine, par exemple si vous approchez le sac trop près d’une source de chaleur et, surtout, si vous négligez son entretien », énumère-t-il.

Jean-Nicolas Boulet recommande de nettoyer le sac de couchage dans une machine à laver avec un détergent à lessive doux, et ce, conformément aux indications de l’étiquette d’entretien. Puis passez-le à la sécheuse à basse température en y ajoutant des balles de séchage (ou de tennis) afin que l’isolant ne se compacte pas. « C’est surtout important avec des sacs de couchage en duvet, que vous devriez par ailleurs laver le moins souvent possible », ajoute l’expert.

Finissez de sécher votre sac en le suspendant à l’envers sur un cintre, doublure face à l'extérieur, dans un endroit sec et aéré, quitte à recourir à un ventilateur.

Entre vos escapades, ou au moment de la saison froide, entreposez le sac de couchage dans un grand sac qui respire (et non dans son sac de transport), où il sera aussi moins compacté ; encore une fois dans un endroit sec. « Vous voulez éviter à tout prix que l’isolant perde de son volume et que de la moisissure se forme », conclut Jean-Nicolas Boulet.