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Acheter des matériaux de construction usagés

Par Mathieu Ste-Marie
Acheter des matériaux de construction usagés Beloved photos/Shutterstock.com

L’idée de se tourner vers le marché des matériaux usagés pour rénover sa maison est intéressante. Même si l’offre est mince, nous vous proposons des pistes pour vous procurer des articles de seconde main qui pourraient faire votre bonheur.

Un impact environnemental moindre
Parcourir le Web et les brocantes
Moins cher que du neuf
Des précautions à prendre
Une brochette d’initiatives

L’été dernier, les inondations survenues à Halifax, en Nouvelle-Écosse, ont endommagé plusieurs maisons, dont celle de Julie Choquette-Scott et de son conjoint. Une partie du sous-sol de leur bungalow des années 1970 a dû être démolie.

« Devant chaque maison, il y avait un tas de matériaux. C’était crève-cœur de voir que tout cela était destiné au centre d’enfouissement », explique la Québécoise, qui est enseignante dans sa province d’adoption. C’est à ce moment précis qu’elle a pris conscience de la quantité considérable de matériaux de construction qui finissaient leurs jours de cette façon.

Les statistiques parlent d’elles-mêmes : les résidus provenant du secteur de la construction, de la rénovation et de la démolition envoyés directement à l’élimination ont représenté 118 kg (260 lb) par habitant au Québec en 2021, soit 16 % du total des déchets par habitant, qui se chiffrait à 716 kg (1579 lb), selon un bilan de RECYC-QUÉBEC paru en 2023

 « Dans le domaine de la démolition, c’est très difficile de récupérer. Les entrepreneurs peuvent déconstruire plutôt que de démolir, mais c’est très coûteux », fait remarquer Mohika Tremblay, administratrice au Regroupement des récupérateurs et des recycleurs de matériaux de construction et de démolition du Québec.

Julie Choquette-Scott a eu l’idée d’utiliser des matériaux de seconde main pour rénover son sous-sol et construire, sous l’escalier, une chambre secrète, semblable à celle de Harry Potter, que ses filles adorent. « La décoration, les moulures, le heurtoir, les poignées de porte et le luminaire sont tous usagés, précise-t-elle. Par contre, pour l’isolation, nous avons pris des planches de 2 x 4 neuves. »

Un impact environnemental moindre

Tout comme Julie Choquette-Scott, plusieurs personnes utilisent des matériaux de seconde main en raison de leurs qualités écologiques, comme le constate Emmanuel Cosgrove, directeur général d’Écohabitation. « L’achat de matériel usagé aura toujours un impact environnemental moindre que celui de matériel neuf », souligne-t-il.

D’autres consommateurs préfèrent utiliser des matériaux usagés pour leur durabilité, leur esthétisme ou leur prix, ou encore par intérêt pour la préservation du patrimoine. 

Peu importe les raisons qui vous motivent à acheter de tels produits d’occasion, il vous faudra peut-être parcourir plusieurs kilomètres pour vous les procurer. Après l’inondation de sa maison, Julie Choquette-Scott en a cherché près de chez elle, en vain. Finalement, elle les a dénichés à plus de 1 240 km de sa résidence, du côté de RÉCO, une entreprise d’économie circulaire spécialisée dans la récupération de matériaux de construction qui est installée à Montréal.

« Les gens se déplacent de très loin pour venir ici. Certains font jusqu’à trois heures de route », remarque Florent Goldblum, directeur des communications et du marketing d’Architecture sans frontières Québec, l’organisme de bienfaisance qui chapeaute RÉCO. 

Une tendance qui s’affirme

Encore peu de commerces au Québec offrent des matériaux de seconde main. « C’est une tendance qui débute à peine. Ce sera de plus en plus facile d’en trouver dans les prochaines années », prédit Florent Goldblum. Déjà, des initiatives ont vu le jour dans les grandes villes, mais aussi dans quelques régions de la province (voyez « Une brochette d’initiatives »). 

Peut-être existe-t-il un commerce qui vend des matériaux usagés près de chez vous? Effectuez quelques recherches. Moins vous ferez de kilomètres avec votre voiture à essence, plus votre achat sera rentable, pour vous comme pour l’environnement. 

Sur son site internet, Écohabitation dresse une liste d’une vingtaine d’entreprises qui sont spécialisées dans les matériaux récupérés. Certaines d’entre elles vendent de la peinture; d’autres, du bois de grange, des planchers ou des produits de pavage. La plupart de ces commerces sont situés dans les grands centres comme Montréal et Québec.

Parcourir le Web et les brocantes

Vous pouvez par ailleurs dénicher des matériaux de seconde main en ligne, sur Marketplace, sur Kijiji et sur différentes pages Facebook, telles que Matériaux de construction usagés à Montréal ou Matériaux de construction et outils neufs ou usagés au Québec.

Une autre idée consiste à récupérer des matériaux à même votre chantier de rénovation. Vous pouvez par exemple réutiliser des plinthes, des moulures ou même des lattes de plancher.

Et pourquoi ne pas vous rendre dans des cours à bois, des écocentres ou des entreprises de démolition pour faire des trouvailles? Si vous visitez des magasins d’antiquités, des brocantes ou des marchés aux puces, il vous sera sans doute possible d’y trouver des luminaires, des portes, des poignées, du bois de grange ou des éléments architecturaux en plâtre ou en bois.

Pour sa part, RECYC-QUÉBEC a élaboré une liste des récupérateurs, recycleurs et valorisateurs. De leur côté, Brique Recyc et Architecture sans frontières Québec ont lancé, en 2023, la plateforme Web-Recyc, qui permet la récupération et le réemploi de la brique dans les chantiers de rénovation résidentielle et industrielle de Montréal.

En règle générale, gardez cependant en tête que vous ne trouverez peut-être pas ce que vous voulez et que même si vous obtenez le produit voulu, il pourrait ne pas y être en quantité suffisante pour votre projet. « Le jour où vous viendrez à RÉCO, il ne restera peut-être pas les matériaux que vous cherchez, illustre Florent Goldblum. Ceux-ci ne restent pas longtemps en magasin. Contrairement à une quincaillerie, qui peut avoir 200 exemplaires d’une même chose, nous n’offrons que des produits uniques. »

De plus, la plupart des commerces ne font pas mention de leurs stocks en ligne, ce qui complique les recherches. Vous devez donc appeler ou vous rendre sur place.

Moins cher que du neuf

En achetant usagé, vous pourriez payer de 20 à 50 % moins cher par rapport à des produits neufs, selon les estimations de Florent Goldblum. Toutefois, les comparaisons restent difficiles à faire : « Chaque produit est unique, qu’il s’agisse d’une poignée ou d’une porte. Et il y a peu d’exemplaires d’un même produit. Chez nous, 200 articles font l’objet de 200 évaluations différentes. »

Même si les matériaux usagés sont moins chers que leurs équivalents neufs et qu’ils ne sont pas taxables, certains acheteurs hésitent à en faire l’achat. « Ils pensent que ces objets devraient être gratuits, et oublient que notre entreprise doit notamment payer des salaires et un loyer. Les comptes doivent être dans le vert, sinon on cesse d’exister », poursuit le directeur des communications et du marketing d’Architecture sans frontières Québec. 

Néanmoins, vos économies s’annuleront peut-être rapidement si vous retenez les services d’un professionnel pour procéder à l’installation. Par exemple, la pose d’une porte usagée pourrait prendre plus de temps que celle d’une porte neuve; il faudra peut-être la décaper, la réparer et construire un nouveau cadre pour l’accueillir.

« Je ne veux pas décourager les gens à réemployer les matériaux, mais si vous n’êtes pas bricoleur et que vous dépendez d’un entrepreneur ou d’un menuisier pour réaliser vos projets avec des matériaux usagés, vous devez avoir les poches profondes », prévient Emmanuel Cosgrove, qui a été menuisier et entrepreneur en construction avant d’être à la tête d’Écohabitation.

À l’inverse, si vous faites tout vous-même, votre projet vous coûtera moins cher, mais il vous prendra assurément plus de temps. Par exemple, vous aurez peut-être à sabler, à huiler, à vernir, à décaper, à peinturer, à enlever des clous… Pour sa part, dès qu’elle a reçu son luminaire, Julie Choquette-Scott a dû procéder à un important travail de nettoyage : « Nous l’avons passé sous l’eau et brossé, et il est redevenu de couleur or, alors qu’il était brun lorsque je l’ai acheté. »

Des précautions à prendre 

Aux yeux de Florent Goldblum, il y a peu de dangers à utiliser des matériaux qui ont déjà servi. « C’est comme si vous vous demandiez s’il est plus dangereux d’acheter une auto usagée qu’une voiture neuve; dans les deux cas, le véhicule peut vous réserver des surprises et ne vous met pas à l’abri des accidents. »

Emmanuel Cosgrove abonde dans le même sens. Un seul bémol de son côté : il recommande d’éviter l’utilisation du bois traité à la créosote, une substance toxique qui peut causer le cancer. Par exemple, le bois des chemins de fer a probablement été traité à la créosote afin de le protéger de la détérioration. Vous pouvez reconnaître cette substance à son odeur de goudron. 

De plus, faites attention si vous décidez d’enlever de la peinture au plomb sur le produit acheté, car vous risquez de vous empoisonner, le plomb étant une substance neurotoxique reconnue. 

Comment savoir qu’une peinture en contient? « Si le produit a été peinturé il y a plus de 60 ans, c’est presque toujours de la peinture à base de plomb », résume Emmanuel Cosgrove. Néanmoins, il peut être difficile, bien entendu, de savoir à quelle époque le produit a été peint. En cas de doute, portez un masque, réalisez vos travaux à l’extérieur et apportez vos résidus de sablage à l’écocentre.

Une brochette d’initiatives

Des magasins voués au réemploi poussent un peu partout dans la province. En voici quelques exemples. 

À Montréal, RÉCO met de l’avant des matériaux de construction usagés. Cet entrepôt de 10 000 pieds carrés (929 mètres carrés) offre des portes, des fenêtres, de la quincaillerie, du bois d’œuvre, des luminaires, des moulures, du plâtre, des poutres et des lavabos, entre autres choses.

Dans l’arrondissement de Montréal-Nord et le quartier de Saint-Henri, les Magasins Habitat pour l’humanité proposent une foule de matériaux de construction et de rénovation, comme des lavabos, des armoires de cuisine, des outils, des articles de plomberie et de quincaillerie, de la céramique ainsi que de la peinture.

L'entrepôt de Lachine et le magasin du Plateau-Mont-Royal d'ÉcoDépôt Montréal proposent surtout des meubles et des accessoires d'éclairage et de décoration, mais il est possible d'y dénicher des outils et certains articles de quincaillerie.

Du côté de Griffintown, le magasin-entrepôt ARTÉ regorge d’objets usagés (lampes, meubles, tables, etc.) de même que de matériaux de construction qui proviennent de sept écocentres situés dans la métropole. 

Mine urbaine, nouvellement ouverte à Laval, propose une matériauthèque aux bricoleurs. 

La recyclerie des matériaux, à Sainte-Agathe-des-Monts, dans les Laurentides, vend des matériaux de construction, de la quincaillerie, des outils et de la plomberie de seconde main.

À Saint-Denis-de-Brompton, en Estrie, le commerce Matériaux usagés de l’Estrie récupère et revalorise les matériaux de construction, alors que dans le Bas-Saint-Laurent, Écochantier vend des matériaux patrimoniaux et usagés ainsi que des meubles et accessoires rétro. 

Pour sa part, le Saguenay−Lac-Saint-Jean compte trois Quincailleries R+, qui rendent accessibles plusieurs matériaux usagés aux bricoleurs avisés ou aux citoyens soucieux de l’environnement. 

À lire aussi : Marché de seconde main: les meilleurs magasins et sites web et Comment magasiner un véhicule électrique d’occasion

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