En consultant un groupe Facebook pour parents dont je suis membre, le commentaire d’une mère a piqué ma curiosité : « Le siège d’auto que j’ai acheté était entreposé depuis deux ans dans le magasin, donc en raison de la date d’expiration, je pourrai l’utiliser deux ans de moins que si je l’avais acheté ailleurs ! »
Vraiment ? Curieuse, j’ai décidé de me pencher sur le sujet. D’abord, plusieurs raisons sont évoquées par les fabricants pour justifier la présence d’une date d’expiration. Les voici.
• Plus le siège est vieux, plus il est susceptible d’avoir appartenu à plusieurs personnes. Le risque qu’il ait été accidenté sans que le nouveau propriétaire le sache est donc plus élevé, tout comme la possibilité qu’il ait été visé par un rappel sans que ce dernier en soit informé.
• À long terme, les températures extrêmes endommagent le plastique. L’hiver, par exemple, la température de l’habitacle peut atteindre - 30 °C. Lors des canicules d’été à 35 °C, la température intérieure peut facilement atteindre plus de 60 °C.
• Avec le temps, l’exposition aux rayons ultraviolets du soleil endommage le plastique.
• Les nettoyants utilisés et les jus renversés sur les sangles, les attaches et les dispositifs de réglage peuvent empêcher leur bon fonctionnement.
• Plus le temps passe, plus il est difficile de savoir si le siège a été mal entreposé, par exemple dans un garage dont la température varie d’un extrême à l’autre.
• Les étiquettes de sécurité peuvent se décolorer et les instructions peuvent avoir été égarées.
• Les normes peuvent avoir changé, et des sièges plus sécuritaires sont possiblement offerts sur le marché.
L’avis d’un expert
Certaines raisons évoquées ont attiré mon attention. J’ai demandé à Julien Dufort, ingénieur spécialiste des dispositifs de retenue pour enfants de l’Équipe de sécurité routière de Polytechnique Montréal, ce qu’il en pense.
« En ce qui concerne les températures extrêmes, aucun manuel d’instructions ne spécifie une température d’utilisation, explique-t-il. On peut donc conclure que la conception des sièges tient compte des variations de température typiques au climat canadien. » L’expert précise par ailleurs que les écarts de température sont moins néfastes que l’exposition à long terme aux rayons ultraviolets qui pourrait fragiliser le plastique.
Maintenant, en quoi un simple jus renversé par un enfant peut-il dégrader un siège d’auto ? « Du jus de fruits ou un élément collant pourrait rendre la sangle moins glissante ou faire en sorte qu’elle se replie sur elle-même et devienne plus rigide. Sans s’en rendre compte, le parent pourrait alors ne pas ajuster le dispositif correctement », précise Julien Dufort.
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Date d’expiration des sièges d’auto : ce que dit la loi
Transports Canada encadre la fabrication des sièges — qui doivent respecter des normes de sécurité —, mais l’organisme ne réglemente pas leur utilisation. De ce fait, « il n’existe pas d’exigences réglementaires fédérales s’appliquant aux dates d’expiration », affirme Sau Sau Liu, porte-parole auprès de l’organisme fédéral.
En ce qui concerne l’utilisation des sièges, c’est la loi provinciale qui prime. « Les provinces et les territoires exigent que les tout-petits soient attachés dans un siège d’auto approprié, mais rien dans la loi provinciale ne stipule un nombre d’années pour leur utilisation », dit Geneviève Côté, porte-parole de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).
Autrement dit, le parent est obligé d’attacher son enfant de manière adéquate dans un siège adapté à son poids et à sa taille conformément aux instructions du fabricant. Si, par exemple, l’étiquette du siège indique qu’il est conçu pour les enfants de 30 à 45 kg qui mesurent entre 137 et 145 cm, le parent est obligé de respecter ces balises (amende de 80 à 100 $ en cas d’infraction). Cela dit, le simple fait qu’un siège d’auto ait atteint la date d’expiration n’entraîne pas une amende, d’après la SAAQ.
Élément important : bien qu’ils ne soient pas obligés de le faire, tous les fabricants apposent une date d’expiration (souvent de 6 à 12 ans après leur fabrication) sur leurs sièges, selon leur propre évaluation des risques. Transports Canada et la SAAQ suggèrent fortement de la respecter, soulignant que la possible détérioration des matériaux au fil du temps diminue le niveau de protection de l’enfant.
Au moment de payer, vérifiez la date d’expiration du siège
• Vous achetez un siège neuf, mais en ouvrant la boîte, vous constatez qu’il a été fabriqué il y a plus d’un an ? « Exigez qu’on vous l’échange pour un siège plus récent ! », suggère Julien Dufort. Certes, un siège entreposé dans des conditions adéquates ne verrait pas sa durée de vie écourtée, mais l’acheteur n’a aucune façon de le vérifier.
• Si la date n’est pas sur le siège, consultez le manuel d’utilisation ou contactez le fabricant.
• Pour vérifier si un siège a été visé par un rappel, consultez la Banque de données des rappels de sécurité automobile de Transports Canada.
• Si vous n’êtes pas certain d’avoir installé le siège de manière sécuritaire, faites appel à un technicien certifié (je l’ai fait et j’en suis très satisfaite) qui vous aidera à le vérifier. Je vous suggère aussi de devenir membre du groupe Facebook Little Cupcakes In Car Seats afin d’obtenir divers conseils sur la sécurité des sièges d’auto.
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