Depuis plusieurs mois, chaque passage à la caisse de l’épicerie fait mal. Avec une inflation alimentaire d’environ 9 %, comme tant d’autres Québécois, je cours les « spéciaux » et je cherche des trucs pour économiser. La hausse des taux d’intérêt sur mon prêt hypothécaire et ma marge de crédit, ainsi que toutes les augmentations de tarifs — assurances, transport, électricité, etc. — grugent aussi lentement, mais sûrement mes revenus.
Mais que se passe-t-il avec notre pouvoir d’achat ? Et surtout, certains d’entre nous sont-ils épargnés ? Pour le savoir, j’ai posé la question à Pascal Bédard, maître d’enseignement au Département d’économie appliquée de HEC Montréal.
À chacun son taux d’inflation
Pour résumer grossièrement, le pouvoir d’achat, c’est combien de biens et de services on peut se procurer avec nos revenus. Pascal Bédard souligne que, même si les salaires grimpent, lorsque cette hausse est inférieure à celle de l’inflation, le pouvoir d’achat recule nécessairement. D’ailleurs, même si certains secteurs d’activité ont connu des augmentations plus généreuses, la progression moyenne des salaires a été de 3 % comparativement à 8 % d’inflation au cours des deux dernières années.
Mais ce n’est pas tout, car l’inflation ne nous affecte pas tous de la même façon. Pourquoi ? Notamment parce qu’en établissant l’Indice des prix à la consommation (IPC), la mesure officielle de l’inflation, Statistique Canada s’appuie sur le ménage canadien moyen et sur une consommation standardisée. Or, on peut dépenser davantage que la moyenne dans certaines catégories, comme la nourriture ou le transport. Résultat : si l’alimentation ou l’essence affichent une croissance des prix marquée, certains consommateurs s’en trouveront plus appauvris que d’autres.
Pour avoir l’heure juste sur votre situation personnelle, vous pouvez utiliser le Calculateur de taux d’inflation personnel de Statistique Canada. Vous obtiendrez un IPC qui vous est propre, en fonction de vos habitudes de dépenses.
Autre paramètre à considérer : la montée vertigineuse des prix de l’immobilier conjuguée à l’augmentation rapide des taux d’intérêt. Cette situation vient réduire la capacité de la population d’accéder à la propriété, donc, d’une certaine façon, son pouvoir d’achat. Si les personnes qui veulent acheter s’en trouvent défavorisées, en revanche, les propriétaires tirent leur épingle du jeu, puisque leur bien immobilier a pris beaucoup de valeur. Mais bien sûr, encore faut-il qu’ils soient en mesure de faire face à la hausse du remboursement de leur prêt hypothécaire !
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Un enrichissement collectif
Heureusement, tout n’est pas sombre pour autant. Certes, cette perception n’est pas trompeuse : notre pouvoir d’achat recule bel et bien sur une courte période.
Mais, « dans les faits et si on regarde à long terme dans le temps, il a en fait progressé presque chaque année », fait valoir Pascal Bédard. Aujourd’hui, le salaire reçu pour une heure travaillée permet en effet d’acheter davantage de biens et de services qu’il y a vingt ans.
Plusieurs prix ont également beaucoup diminué : par exemple, et pour ne mentionner qu’eux, les voyages en avion et la correction de la vue au laser se sont largement démocratisés. Autant de facteurs dont il faut tenir compte pour avoir un portrait plus global.
Il est donc faux de dire que notre pouvoir d’achat s’est dégradé ces dernières décennies : collectivement, nous n’avons pas reculé, bien au contraire, et notre niveau de vie s’est constamment amélioré.
Voilà qui contribue à mettre les choses en perspective et m’aidera à avaler la pilule lors de ma prochaine visite à l’épicerie…
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